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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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faille. Apparemment, il n’y en avait aucune, sinon à la tête – qu’il avait dénudée. Aussi attendit-il que le Chevalier Vermeil ait relevé sa lourde épée au-dessus de lui pour le charger. Là, collé à son ennemi, il serait à l’abri de ses coups – qui avaient besoin, pour être portés, de beaucoup plus d’espace qu’il ne lui en laissait. Mais Sagremor n’avait pas été surnommé « l’insoumis » pour rien, et quand Morgennes fut sous lui, plutôt que de le frapper avec la lame de son épée, il lui abattit son pommeau sur le crâne. Morgennes recula, sonné, se tenant la tête à deux mains en poussant force gémissements. Il lui fallait réagir rapidement, car l’épée de Sagremor repartait vers le ciel, et cette fois son tranchant ne le raterait pas. Comptant sur le fait que son ennemi ne s’attendrait pas à le voir recommencer la même manœuvre, Morgennes se jeta de nouveau sur le chevalier, le prit à bras-le-corps et le souleva de terre pour le faire basculer en arrière. Sagremor fut contraint de lâcher son arme, qui s’écrasa sur le sol avec un grand bruit.
    — Traître ! Lâche ! hurla Sagremor l’insoumis, outré par la façon dont Morgennes combattait.
    Alors, Morgennes le propulsa loin dans la foule – qui s’écarta devant cet insolite projectile. Sagremor roula tel un tonneau de fer sur une distance de quelques pieds, puis s’arrêta dans un tintamarre métallique. Morgennes s’approcha, le laissa se relever, et le roua de plus de coups qu’un forgeron n’en donne à la lame qu’il forge.
    — Ton armure ! Ton épée ! dit Morgennes.
    — Elles sont à moi ! cria Sagremor, tout contusionné.
    Morgennes empoigna la tête du chevalier, et l’approcha de son visage :
    — Ton roi me les a données, dit-il. Je ne veux pas te tuer, mais s’il faut t’assommer pour t’ôter ta carapace, je le ferai !
    De temps à autre, il lui lâchait un coup de poing sur le menton, cherchant à faire s’entrechoquer ses deux rangées de dents.
    — Pitié, épargne-moi ! supplia Sagremor, à genoux.
    Morgennes cessa de le frapper et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Sagremor, la bouche ensanglantée, cracha quelques chicots au loin, se massa le menton et implora Morgennes :
    — Dis-moi cheulement chi mon cheval est encore en vie !
    Ne pensant pas un seul instant que Sagremor l’attaquerait en traître, Morgennes lui tourna le dos et chercha du regard son cheval. L’ayant trouvé, apparemment remis puisque sur ses quatre fers, il s’en revenait vers Sagremor pour lui faire part de cette heureuse nouvelle quand il le vit perdre la tête – littéralement. Elle roula de ses épaules, et s’écrasa dans la poussière.
    Que s’était-il passé ?
    — Il allait vous frapper dans le dos, dit à Morgennes l’individu qui au début du combat avait sauvé la vie du garçon sur qui Sagremor avait poussé sa monture.
    — Merci, dit Morgennes. Je vous dois la vie…
    L’autre essuya tranquillement son épée, luisante d’un rouge vermeil, sur la cape du défunt, et la remit au fourreau.
    — Bah, ce n’est rien… Entre apprentis chevaliers, on se doit bien ça, non ?
    Puis, désignant l’armure de Sagremor, il ajouta :
    — Évidemment, elle est un peu cabossée. Mais un bon forgeron vous la réparera sans problème.
    — À qui ai-je l’honneur ? demanda Morgennes.
    — Alexis de Beaujeu, pour vous servir, dit le jeune homme en s’inclinant.
    — Alors vous aussi, vous voulez être chevalier ?
    — J’étais son écuyer, fit-il en désignant le mort. Et j’ai bien peur qu’il ne me faille patienter longtemps avant qu’un autre chevalier n’accepte de me prendre à son service…
    Les deux hommes échangèrent un regard, Morgennes mesurant l’ampleur de la dette qu’il venait de contracter auprès d’Alexis. Puis, alors qu’il s’emparait de l’armure et de l’épée de sa victime, une voix clama dans la cour.
    — Un drame est arrivé !

16.
    « Si les chemins de l’aventure te conduisent là-bas, reste dans l’anonymat tant que tu ne te seras pas mesuré avec l’élite des chevaliers de la cour. »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Cligès. )
    On porta un corps inanimé dans la cour de la citadelle. C’était celui du comte de Flandre.
    — Il tenait un parchemin, serré dans sa main, dis-je à Morgennes.
    — Que disait-il ?
    — Je l’ai oubliée.
    — Comment ? Déjà ? Mais n’as-tu pas ce parchemin sur

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