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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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toi ? Montre-le-moi !
    — Tu m’as mal compris… C’est ce qui était écrit dessus : « Je l’ai oubliée. »
    — Mais de quoi parle-t-il ?
    — De quoi ? De « qui », veux-tu dire…
    Je tendis à Morgennes le parchemin que j’avais pris sur le corps du comte.
    — « Je l’ai oubliée. » Qu’est-ce que cela signifie ? s’interrogea Morgennes, pour qui la notion d’oubli était aussi incompréhensible que celle de lumière pour un aveugle.
    Qu’avait pu oublier le comte de si important pour décider d’attenter à ses jours ?
    — Il a ri, dis-je à Morgennes. C’est à cause de nous. De moi. Il a oublié Sibylle. Cela n’a duré qu’un tout petit instant, à la fin de la représentation. Mais pour lui c’était trop…
    — Tu es sûr qu’il est mort ? demanda Morgennes, désolé par cette nouvelle.
    — Il s’est poignardé le cœur.
    — N’y a-t-il aucun moyen de le sauver ?
    Je hochai la tête, indiquant que non – malheureusement.
    Alexis de Beaujeu, qui se trouvait toujours auprès de nous, signala :
    — Pourquoi ne le conduisez-vous pas à la domus infirmorum des Hospitaliers ? Leurs practici ont excellente réputation. Beaucoup sont originaires du pays, vous savez ?
    — Comme celui qui a soigné Baudouin III ? demandai-je.
    — Ici nous n’avons pas vraiment le choix, si l’on veut avoir une chance de survivre. D’ailleurs, le médecin du roi est musulman…
    — Et je m’en p-p-porte fort bien ! hurla Amaury en faisant irruption parmi nous.
    Il avait entendu la fin de notre conversation, et tenait à nous dire :
    — Je suis d-d-d’ailleurs en si excellente santé que je m’en vais faire un peu d’exercice. Du côté de l’Égypte !
    Puis son regard s’abaissa en direction de Thierry d’Alsace, que Chrétien portait à bout de bras.
    — J’aimais ce comte, oui, poursuivit Amaury. C’était un excellent ami. Je sais aussi combien mon frère le t-t-tenait en affection. Nous le ferons enterrer à nos frais… Et p-p-pour compenser cet assèchement de nos finances, je m’en vais de ce pas réclamer aux Égyptiens les sommes qu’ils nous d-d-doivent.
    Chaque année, conformément à un accord signé en 1160 entre le sultan al-Adid et le roi de Jérusalem, le sultanat égyptien aurait dû remettre cent soixante mille dinars aux Francs. Mais ces dinars n’étaient jamais arrivés, et Baudouin avait rendu l’âme peu après avoir averti le vizir chargé de les lui remettre – un certain Chawar – que s’il ne les lui faisait pas parvenir, il viendrait les lui sortir en personne de la poche.
    Baudouin mort, probablement empoisonné – on ne saurait jamais la vérité, son médecin ayant été trop vite écartelé –, c’était à Amaury qu’il revenait de rappeler leurs devoirs aux Égyptiens. Chez les chrétiens, cela faisait quelque temps déjà que penseurs et philosophes s’étaient penchés sur la question, et pour eux la cause était entendue. Dieu avait adjuré le Nouvel Israël (autrement dit, la chrétienté) de reprendre aux Égyptiens ce qui lui revenait de droit, c’est-à-dire ses trésors. Ainsi que l’avait écrit Daniel de Morley : « Avec l’assistance du Seigneur et sur Son ordre, nous devons dépouiller les philosophes païens de leur sagesse et de leur éloquence, pour enrichir de leurs dépouilles la Vraie Foi. »
    Par « sagesse » et « éloquence » il fallait bien sûr comprendre « territoires » et « richesses ».
    En outre, le rattachement de l’Égypte à la chrétienté présentait le double avantage de renforcer Jérusalem et d’affaiblir Damas – qui ne pourrait plus compter sur cet allié potentiel (puisque musulman lui aussi, même si d’une obédience différente).
    De toute façon, Amaury était enchanté de partir en guerre. Le spectacle auquel il venait d’assister avait aiguisé son appétit, qu’il avait déjà grand.
    Morgennes, dont la voie semblait toute tracée en Palestine et qui s’imaginait qu’en devenant chevalier il accomplissait le vœu de son père, demanda au roi :
    — Majesté, maintenant que j’ai une armure et une épée, puis-je me joindre à votre expédition ?
    — Je reconnais que tu es étonnant, répondit Amaury, puisque tu as réussi à nous d-d-débarrasser de cette fripouille de Sagremor. Ma réponse est oui, mais tu ne voyageras qu’avec la p-p-piétaille. Pas avec les chevaliers… Car ce que tu viens d’accomplir t’a gagné

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