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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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s’éteindre les geysers de feu, plongeant Morgennes et le public dans l’obscurité.
    C’est le moment que choisit la bête immonde pour cracher.
    Une flamme sortit de sa gueule, traversa le décor, et vint frapper Morgennes – qui eut à peine le temps de s’abriter derrière son écu. Autour de lui, la terre rougeoyait. Des pierres éclataient, d’autres s’enflammaient. Seul Morgennes tenait bon.
    Par quel miracle ?
    — Dieu ! Dieu le protège ! cria une voix dans le public.
    — Alléluia ! hurla une autre.
    De la vapeur s’échappa en chuintant de la terre, et fit à Morgennes une armure de brume. Un autre que lui en serait mort ébouillanté. Mais Morgennes résista. Déjà, la gueule du dragon s’approchait pour le coup de grâce. Au lieu de reculer, Morgennes se jeta en avant, lui flanqua un coup d’épée sous la lèvre inférieure, puis d’une roulade échappa de peu à un croc. Morgennes se redressa. Nouveau coup d’épée, qui rebondit sur l’ivoire d’une griffe.
    « Est-ce vrai ? Est-ce faux ? » Dans le public on s’interrogeait. « À quoi assiste-t-on ? Dites-nous : y a-t-il ou non danger ? »
    Un autre coup d’épée parvint à s’infiltrer sous une écaille. Trois gouttes de sang frais s’échappèrent de la plaie, touchèrent Morgennes à l’épaule, dégouttèrent sur sa tunique, y tracèrent une croix vermillon qui vint s’ajouter à celle tramée d’or qui illuminait sa poitrine.
    Et le dragon recula. Fuyait-il ?
    — Par Notre-Dame ! s’écria Morgennes.
    Un tumulte d’ailes lui apprit que son ennemi s’éloignait. Morgennes en profita pour reprendre son souffle et scruter les lieux, à la recherche de la fille du roi.
    — Princesse ? Où êtes-vous ?
    — Saint Georges, derrière toi ! cria une voix dans le public.
    Sous la voûte pierreuse, un gigantesque cou propulsa à travers la caverne une gueule aussi grosse qu’un chariot. Elle se déplaçait à la vitesse d’un cheval au galop, et Morgennes n’eut d’autre choix, pour éviter d’être écrasé, que de sauter, d’un bond prodigieux, sur la tête du dragon – là où les grandes crêtes d’écailles battaient l’air comme des algues agitées par les flots. « Vite ! Pas de temps à perdre ! » Il bondit vers le mufle du dragon, tandis que celui-ci se retirait de la caverne, qui menaçait de s’effondrer.
    Là ! Sous une paupière de cuir, un œil brillait d’un éclat laiteux. Morgennes se débarrassa de son bouclier, tint son épée à deux mains, et la planta dans la pupille de la bête.
    Un hurlement traversa la caverne.
    Était-ce terminé ?
    — Saint Georges ? Saint Georges ?
    La tête du dragon avait disparu, et saint Georges avec elle. Puis soudain elle surgit du fond de la scène, comme pour frapper latéralement la foule. De justesse, les spectateurs parvinrent à éviter d’être heurtés, parce que au dernier moment le grand dragon avait ralenti l’allure. Quelques prétendus chevaliers avaient malgré tout eu très peur, et s’étaient aplatis de tout leur long sur le sol de la cour.
    Plusieurs centaines de paires d’yeux se dressèrent vers Morgennes, et le virent accroché au cou du grand dragon, son glaive fiché dans l’œil du monstre. Avec quoi se battrait-il, désormais ? Comment pouvait-il vaincre ?
    Tornade balayant la salle, plumes arrachées au cimier des casques, foulards et écharpes, décorations volant dans tous les sens, et donnant à la prestigieuse assemblée l’apparence d’une armée en déroute.
    Il n’y avait plus personne. Ni dragon, ni Morgennes. Le temps pour la caverne de panser ses plaies, pour la poussière de retomber, et on se rendit compte que l’antre de la bête était vide. Le grand dragon avait regagné le ciel en y emmenant Morgennes. Qu’importe s’il lui manquait un œil – il n’en avait pas besoin pour voler. Dans la salle, on s’affligeait. On en vint à douter. « À quoi avons-nous assisté ? »
    — Quel spectacle !
    — En vérité, c’est le plus beau !
    Le patriarche de Jérusalem serrait les poings. Cela n’avait rien à voir avec les arts qu’il aimait – ceux dont il autorisait la représentation à l’intérieur du Saint-Sépulcre, et qui donnaient à voir la Passion ou la naissance du Christ.
    — Gardez-vous !
    Une patte de la taille d’un tronc d’arbre s’abattit au milieu de la caverne, et fit trembler la salle.
    — Regardez ! Là !
    Se laissant couler le long du

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