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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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bousculant ses tentes, saccageant ses vivres, tuant ou blessant ses soldats, ses sujets, ruinant ses ambitions.
    Nur al-Din sortit précipitamment de sa tente pour prendre la tête des opérations. Il s’apprêtait à enfourcher son propre destrier lorsque – tel un éclair de lumière blanche – le mystérieux cavalier surgit dans son dos, sabre au poing.
    — Par saint Jean le Baptiste ! hurla Morgennes.
    — Par la barbe du Prophète ! cracha Nur al-Din.
    Avisant l’un de ses gardes du corps, il lui cria :
    — Toi, protège-moi !
    Puis, à tel autre qui courait lui porter secours, la main sur la poignée de son épée :
    — Et toi, va chercher des renforts ! Où sont mes officiers ?
    Ils avaient bien essayé d’arrêter Morgennes, mais avaient été pris de terreur en le voyant survivre à un coup d’épée dans le ventre. N’en croyant pas leurs yeux, ils avaient redoublé d’efforts, l’un d’eux parvenant même à le frapper au bras avec sa lance – sans stopper pour autant son élan. Alors, ébranlés par cet effrayant prodige, et comme ils tombaient sous ses coups sans pouvoir lui nuire, la plupart avaient fui – ou s’étaient portés au nord-ouest du camp, là où la charge des croisés avait creusé les rangs des Sarrasins.
    Il n’y avait donc en face de Morgennes que deux personnes : le sultan et son garde du corps – auquel Nur al-Din cria tout à coup :
    — Libère ma monture !
    Le garde du corps aurait peut-être eu le temps de frapper Morgennes ou de s’enfuir, mais il se sacrifia et abattit son sabre sur les liens qui maintenaient entravée la monture de son chef.
    Aussitôt après, Morgennes lui coupa la tête, qui s’en alla rouler sous le galop de Nur al-Din. Celui-ci, le visage en sueur, un froid dans tout le corps, s’élançait vers Damas en abandonnant derrière lui une babouche – que Morgennes ramassa après être descendu de cheval. La portant à ses yeux pour en contempler les ornements, il la glissa sur sa poitrine, juste à côté de sa croix.
    Des images lui passaient par la tête – celles des cavaliers qui les avaient attaqués, ses parents et lui.
    Était-il comme eux ?
    Non. Car s’il avait lui aussi attaqué par surprise, son adversaire avait été une armée, pas deux enfants et leurs parents.
    Des gens couraient dans tous les sens, hommes, femmes et adolescents, venus au combat comme à une fête – sûrs de l’emporter sans avoir à en payer le prix. Des bêtes passaient, emmenant sur leur dos des réfugiés pressés de quitter ce naufrage ; et l’on ne savait qui de Morgennes, de la charge des Templiers ou du vent de panique qui s’était emparé des musulmans faisait le plus de ravages.
    « Alors, je ne suis pas un écuyer ? Je n’ai pas eu d’éducation militaire ? Je ne sais pas me servir d’une lance ? Mais qu’ai-je fait, là, sinon mettre l’ennemi en déroute ? »
    Des tentes s’effondraient, s’embrasaient au contact de braseros mis à brûler sous elles. Brames, hurlements indistincts de terreur, vociférations, cris, pleurs… Il y avait un je-ne-sais-quoi dans cette musique que Morgennes trouvait d’autant plus odieux qu’il l’avait lui-même composée, à force de ruades, de galops et de grands coups d’épée.
    Laissant Iblis derrière lui, il se planta tel un rocher au beau milieu de la débandade, et se mit à sabrer les fuyards, en frappant au hasard. Trop pressés de sauver leur vie pour s’apercevoir qu’ils étaient attaqués, les fugitifs ne se souciaient même pas de répliquer ; et Morgennes put ainsi cueillir trois ou quatre vies, victimes faciles, et qui lui donnèrent envie de vomir. « Ce n’est pas moi, se dit-il. Je ne suis pas comme ça. Allons, cessons… »
    C’est alors que la charge des Templiers, ayant chassé devant elle les derniers Mahométans, parvint à sa hauteur.
    — Holà ! fit l’un des moines soldats en s’arrêtant devant Morgennes. À qui avons-nous l’honneur ?
    — Je m’appelle Morgennes.
    — Êtes-vous chevalier ?
    — Non, fit Morgennes.
    — Vous en avez cependant la tenue.
    — C’est un costume de scène, fit Morgennes. Je l’ai revêtu pour impressionner l’adversaire, ce qui a réussi…
    Le Templier, un officier aux tempes grisonnantes et au regard cruel, eut un sourire sceptique.
    — Vous blasphémez, malheureux. Ou vous déraisonnez. C’est nous, et nous seulement, qui avons fait fuir Nur al-Din… Vous n’êtes pour rien dans

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