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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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retenue…
    Pour toute réponse, Galet le Chauve cracha sur la paille.
    — Eh bien quoi ? Ai-je dit quoi que ce soit de si incroyable ? ajoutai-je. Dieu ne décide-t-il pas de tout ? Du moment de notre naissance comme de celui de notre mort ? Si Morgennes est encore en vie, c’est tout simplement parce que Dieu en a décidé ainsi. Cessez de voir des miracles là où il n’y en a pas…
    M’approchant de Morgennes, je poursuivis ma plaidoirie :
    — Vous ne voulez pas de cet homme chez vous, dis-je aux Templiers. Eh bien, nul ne vous oblige à l’y accepter. Et vous, dis-je ensuite aux Hospitaliers, vous hésitez à l’accepter parmi les vôtres ?
    — C’est que, il n’est pas noble, précisa l’un des Hospitaliers… Peut-être que parmi les corps francs, nos turcopoles…
    — Mais alors, s’il faut se battre pour de l’argent, autant choisir celui qui paie le mieux, précisai-je.
    — Et dans ce cas, c’est moi ! fit Coloman. Allons, ajouta-t-il à l’intention de Keu de Chènevière et de Galet le Chauve, laissez-moi vous dédommager par un don à vos ordres, et qu’on n’en parle plus. J’emmènerai Morgennes dans mon académie, pour lui enseigner le métier des armes au pays du premier de tous les chevaliers : Alexandre le Grand. Et je ferai de l’homme qui a mis en déroute à lui tout seul l’armée de Nur al-Din le plus grand de tous les chevaliers !
    — Ce n’est pas lui qui a mis Nur al-Din en fuite, meugla Galet le Chauve. Si le sultan a fui, c’était parce que nous arrivions, pas parce qu’il avait en face de lui un malheureux à la tunique ensanglantée… Du reste, c’est à moi que l’on doit cet exploit, pas à cet individu !
    — Prouvez-le, lança Raymond de Tripoli.
    Alors Galet montra à l’assemblée la fameuse pantoufle de Nur al-Din – que Dodin le Sauvage lui avait remise, peu auparavant. Tous la regardèrent avec stupéfaction. Morgennes, quant à lui, avait envie d’exploser – et de révéler au grand jour l’ignominie de ces crapules qui avaient osé le traiter d’usurpateur. Mais il n’avait aucun moyen de prouver ce qu’il avancerait, et ses seuls témoins étaient tous des Templiers. D’ailleurs, il savait qu’agir de la sorte n’arrangerait en rien sa situation. Au contraire. Les Templiers avaient besoin des Hospitaliers, et inversement. Et encore plus ici, dans cette région éloignée du centre du royaume, et à quelques jours seulement de Damas – la capitale de la Syrie, où siégeait Nur al-Din. De toute façon, qui le croirait ? Sa parole ne valait rien. Il n’était qu’un trouvère. Un moinillon… Face à ces deux Templiers et à tous ces Hospitaliers, la sagesse commandait de garder le silence et d’attendre son heure. Alors, Morgennes s’abstint de tout commentaire. Il ravala sa colère, et se remémora les paroles du sage Guillaume : « Faites-vous oublier. Allez vous faire un nom à l’étranger.
    Il était temps pour le Chevalier à la Poule de changer de poulailler. Celui de Constantinople paraissait intéressant. Il passa en revue ses dernières années. Son enfance, ses années d’études à l’abbaye Saint-Pierre de Beauvais, ses voyages à travers l’Europe, avec Chrétien de Troyes, le concours du Puy d’Arras et la rencontre avec la Compagnie du Dragon blanc, puis les mois passés à Jérusalem, à la commanderie des Hospitaliers… Tout cela était désormais terminé, fini. Il lui fallait devenir un autre homme. Un homme pareil au Krak des Chevaliers. Une forteresse de la Foi, une sentinelle.
    Ensuite, il reviendrait.
    Quand il eut compris cela, et comme si Dieu l’avait approuvé, Morgennes vit Coloman ôter sa main de celle de Dodin le Sauvage, et aperçut enfin la dague avec laquelle ce maudit Templier avait voulu le frapper.
    C’était la miséricorde de son père.

III

MERCENAIRE !

20.
    « Nos livres nous ont appris qu’en Grèce régna d’abord le prestige de la chevalerie et de la culture. »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Cligès. )
    —  Et maintenant ? demanda le général mégaduc Coloman (l’un des plus puissants personnages de l’Empire) à Morgennes. Comment vous sentez-vous ?
    — J’ai grand-faim, répondit Morgennes, auquel on n’avait donné qu’un insipide brouet au Krak des Chevaliers.
    Alors, riant comme seuls rient les ogres, d’un rire formidable et tonitruant, Coloman déclara :
    — Je te promets de te donner à manger jusqu’à te faire oublier le sens du

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