Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
faisant tournoyer au-dessus de sa tête la veste qu’il venait d’ôter. Par Notre-Dame et par saint Georges ! Sus à l’ennemi !
    Les Sarrasins.
    Morgennes n’en avait jamais vu, et pourtant, tel un goupil flairant sa proie, il les avait devinés. Ils étaient là-bas, nichés dans les creux et les failles du Djebel al-Teladj, pareils à des fourmis parties à l’assaut d’un amas de gravier. Le sommet de la montagne, pointant à travers une grappe de nuages, grandissait dans le lointain, tandis que ses voisines – grandes montagnes aux flancs escarpés, également enneigées – diminuaient au fur et à mesure qu’il avançait.
    Puis le soleil s’échappa de l’orage qui avait menacé d’éclater, et se mit à briller juste au-dessus de Morgennes, qui ne cessait de répéter :
    —  Impetum inimicorum ne timueritis.
    Cette phrase, une réponse de bréviaire, combien de fois Morgennes avait-il entendu le père Poucet l’ânonner ? Des centaines ! Des milliers ! À vrai dire, il aurait pu en indiquer le chiffre exact (mille cent quatre-vingt-quatre) tant sa mémoire était extraordinaire.
    — « Ne crains point l’attaque de l’ennemi ! »
    Et c’est plein de confiance en son père, en Dieu et en Poucet, que Morgennes fit irruption dans le campement des Sarrasins. C’était l’heure de sixte, soit celle de la prière d’ed dhor pour les Sarrasins. Morgennes se dit que c’était une bonne heure pour saint Georges, dont la victoire contre le dragon noir avait eu lieu à l’heure du déjeuner. « S’ils ne me prennent pas pour un fou, ce que je suis peut-être, ils seront forcés de croire à un miracle. »
    — Même si ce n’est pas le cas…
    Les troupes sarrasines campaient dans la plaine de la Bocquée, au sud-est du Krak.
    La forteresse, entre les mains des Hospitaliers depuis 1142, se dressait sur un éperon rocheux qui dominait la trouée d’Homs, seul accès de Damas à la mer. Ce n’était donc pas un hasard si c’était là que Nur al-Din avait décidé de porter son attaque après qu’Amaury eut, en envahissant l’Égypte, rompu la trêve qu’il lui avait offerte. Le sultan de Damas avait pris la tête de ses armées pour frapper à la gorge le plus faible des États croisés : au Krak des Chevaliers. Après quoi, il se porterait vers Tripoli, et c’en serait fini de ce petit comté et de son comte, Raymond de Tripoli…
    Morgennes distingua une multitude de chameaux, certains couchés, débarrassés de leurs bagages, d’autres debout, chargés d’armes et de vivres. Des esclaves circulaient parmi eux ou s’en allaient porter des seaux d’orge aux chevaux, ou de la paille aux mulets. Des femmes voilées déambulaient par petits groupes, passant d’une tente à une autre, un chaudron à la main. Il faisait si chaud qu’on ne voyait nulle part de soldats, et une délicieuse odeur de soupe flottait dans l’air.
    — Ne crains point l’attaque de l’ennemi, se répéta Morgennes.
    Dieu était avec lui.
    « Comme autrefois avec les cavaliers ? »
    Pour chasser cette pensée, il talonna Iblis de plus belle et le camp se dressa subitement devant lui, à quelques battements de cœur.
    L’orage, qui avait forci toute la matinée et s’était lentement avancé du Djebel al-Teladj jusque sur la Bocquée, avait fini par s’évaporer sans pluie, éclair ni tonnerre. Le ciel, d’un bleu infini, était redevenu celui des jours ordinaires – celui des jours cuisants. Mais la foudre en tombant n’aurait pas causé plus de surprise que Morgennes lorsqu’il s’abattit sur les premières tentes du campement. Poussant sa monture jusqu’à ses dernières limites, il s’en fit une arme dont il frappait ses adversaires – pour l’instant quelques malheureux et malheureuses qui avaient eu l’infortune de se trouver sur son passage. Saisissant dans un râtelier d’armes une longue épée courbe, il trancha autant de cordes que possible, afin d’emprisonner les musulmans sous la toile de leurs tentes. Celles-ci s’agitaient alors comme un ventre de femme sur le point d’accoucher, à l’intérieur duquel les Sarrasins se démenaient en quête d’une issue – quitte à lui crever la panse.
    L’alerte n’avait toujours pas été donnée, pourtant Morgennes avait eu le temps d’occire plusieurs Mahométans. Puis on frappa sur un gong. Des coups de cymbales, des sonneries de trompette retentirent. Des cris furent poussés.
    — Par saint

Weitere Kostenlose Bücher