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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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Morgennes.
    — Est-ce que je sais, moi ? fit l’autre en haussant les épaules.
    — La peste soit de ces épreuves ! éclata Morgennes. On ne peut pas les réussir ! Il n’y a même pas de règle !
    Il se sentait dans la peau d’un minable serviteur dont on se gausse à souhait et qu’on tourmente à loisir. Morgennes comprenait mieux, maintenant, ce que ressentaient les mouches auxquelles les enfants s’amusaient à arracher les ailes, lentement…
    Une question, soudain, lui traversa l’esprit. Ce thé, quel goût avait-il ?
    Portant la tasse à sa bouche, il prit une gorgée, une autre, puis avala tout le liquide. Une douce chaleur lui emplit l’estomac. Chaleur qui augmenta brutalement, et devint rapidement intolérable. Saisi de douleurs, Morgennes s’effondra sur le sol, où la fièvre le saisit et le plongea dans un profond coma.

22.
    « La mort n’est pas si près de moi que tu le penses. »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Perceval ou le Conte du Graal .)
    « Je rêve. Il fait doux, il fait chaud. Je suis bien. Je baigne dans une eau pourpre où je respire sans mal. Mais quelqu’un vient vers moi. Je n’ai pas peur car c’est moi. Je m’approche de moi et me caresse la joue. Que c’est bon !
    Mais, que se passe-t-il ?
    Non, pas déjà !
    Non, pas sortir !
    Pas tout seul !
    Pas sans elle ! »
    Morgennes cracha un peu d’eau et ouvrit les yeux.
    — Où suis-je ? demanda-t-il.
    — Tout va bien, dis-je. Tu es avec moi.
    — Et elle ?
    — Qui ça, « elle » ?
    — « Elle » ? J’ai dit ça ?
    — Oui.
    — Je ne sais plus.
    Il referma les yeux, plongeant de nouveau dans une sorte de coma – qui cette fois tenait plus du sommeil que de la léthargie. Combien de temps dormit-il ainsi ? Je ne saurais le dire. Un mois ? Six mois ? Un an ?
    C’est moi qui fus chargé de m’occuper de lui.
    On me l’avait amené, couché sur une civière, et Coloman m’avait déclaré :
    — Il a touché à l’intouchable, et violé ma propriété. Il est doué, c’est certain. Mais il y a quelque chose de féminin en lui. On dirait qu’il a du mal à obéir aux ordres… Un bon soldat doit apprendre à connaître les limites, et à ne pas les dépasser.
    — Il est si curieux…
    — Oui, une bien belle qualité. Mais il faut qu’il se discipline…
    Depuis cet instant, donc, j’avais veillé sur Morgennes comme on veille sur un frère, ou plutôt, oui, il me faut vous l’avouer, un enfant. Je lui passais une éponge d’eau froide sur le front, pour le rafraîchir, et lui donnais à boire un peu de soupe – quand il lui arrivait de sortir de sa gangue léthargique. Il n’avait avalé qu’un tout petit peu de thé, pourtant ses poumons avaient rendu autant d’eau que s’il s’était noyé. Le mal dont il se trouvait atteint était-il de nature magique ?
    Coloman m’avait dit :
    — Le remède que tu cherches est dans ces livres. Trouve-le. Autrement, il mourra.
    Les livres en question étaient ceux écrits en chinois – j’avais appris depuis que c’était du chinois. Mais je n’y entendais rien, et il n’y avait évidemment pas de Chinois dans les cuisines. Alors, je pris mon mal en patience, et attendis, priant pour que Morgennes ne meure pas. Qu’avait-il absorbé ? Quelle était cette substance ? Je devais apprendre par la suite qu’il s’agissait d’une boisson appelée « thé des dragons », concoctée à partir de champignons des marais. Morgennes aurait dû mourir, car ceux qui en boivent, ne fût-ce qu’une gorgée, sans y avoir été longuement préparés par l’ingestion de contrepoisons, décèdent dans l’heure qui suit en souffrant atrocement. Mais il ne mourut pas.
    Quand Morgennes s’éveilla, je le trouvai changé. Un je-ne-sais-quoi dans son regard paraissait différent. Une lueur était passée. La première chose qu’il me dit, à son réveil, fut :
    — Partons d’ici, j’en ai assez.
    — Mais tu lui dois ta vie entière.
    — Partons !
    — Non. Je refuse. C’est trop dangereux. Il faut d’abord que tu termines ton entraînement.
    Morgennes s’enferma dans le silence, où je le laissai en paix. Plusieurs journées s’écoulèrent ainsi, sans qu’il ouvrît la bouche autrement que pour avaler de quoi reprendre des forces. Son premier sourire fut pour Galline – qui avait retrouvé son plumage, rouge et or.
    — A-t-elle pondu ? me demanda Morgennes.
    — Non, toujours pas…
    — Et toi, comment te

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