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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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sens-tu ?
    — Fatigué.
    Depuis longtemps déjà j’avais des sortes de nausées. Mais je n’osais lui en parler.
    — Allez, fit-il en se levant d’un bond. Je suis d’accord avec toi. Nous ne partirons d’ici que si je réussis !
    — Non, répondis-je. Nous partirons d’ici quand tu auras réussi !
    Aussitôt dit, aussitôt fait, Morgennes se dirigea vers les cuisines et se fit remettre un plateau et une tasse par une vieille femme, la seule à officier ici. Certainement celle à qui Coloman avait fait allusion, autrefois.
    — Et donnez-moi aussi la théière qui va avec !
    L’intendante ramena ses mains sous son visage, puis baissa la tête en marmonnant quelques mots dans une langue étrangère.
    — Quelle est donc cette langue ? demanda Morgennes.
    — C’est du chinois, répondit-elle. Cela veut dire : « Avec plaisir ! »
    — Alors, vous êtes chinoise ?
    — Non.
    — Mais vous parlez chinois ?
    — Oui.
    — Pourriez-vous enseigner le chinois à mon ami, là-bas ?
    — Oui.
    — Merci !
    La vieille dame refit la même courbette que précédemment, et dit une fois encore, en chinois :
    — Avec plaisir !
    Morgennes lui rendit sa courbette et s’éloigna en direction des escaliers. Avant d’y monter, il s’arrêta auprès du maître coq, et lui demanda :
    — Où faut-il servir le thé ?
    — Dans le jardin d’hiver. Tu le trouveras dehors, en face du Bosphore.
    Morgennes s’éclipsa aussitôt et éclata de rire :
    — Toujours se renseigner sur sa mission ! Partir bien équipé ! Et réactualiser ses ordres !
    Il n’eut aucun mal à trouver le jardin d’hiver, qui donnait effectivement sur les rives du Bosphore. Là, Coloman prenait le frais, sur une chaise longue. Mettant à profit ce qu’il avait appris en matière de silence et de furtivité – un bon serviteur se doit toujours d’être discret –, Morgennes parvint à s’approcher à moins d’un pouce du puissant mégaduc sans se faire remarquer. Il aurait pu, s’il l’avait voulu, lui trancher la jugulaire. Sauf que Coloman lui dit, sans se retourner :
    — Tu as oublié deux points importants…
    — Lesquels ? demanda Morgennes.
    — L’odeur, et la chaleur du thé… J’ai flairé la première voici seize battements de cœur, et senti la seconde peu après. Mais pour le reste, je n’ai qu’une chose à dire : bravo ! C’est du bon travail…
    Morgennes versa le contenu de la théière dans la tasse, et la donna à Coloman, qui y trempa les lèvres :
    — Parfait ! Alors, dis-moi. As-tu beaucoup appris ?
    — Énormément, dit Morgennes. Mais surtout…
    — Oui ?
    — Qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même !
    — Excellent. Je suis content que tu t’en sois sorti. Mais cela ne me surprend pas… Enfin, tu es mûr pour monter en grade. Je te nomme intendant.
    — En quoi cela consiste-t-il ?
    — Dans un premier temps, à ramasser les éventuels plateaux et les tasses de thé qui traînent au rez-de-chaussée, fût-ce entre les mains de leur légitime propriétaire, s’il s’est endormi… Si tu vois ce que je veux dire ?
    — Très bien, dit Morgennes, qui comprit alors que si sa tasse et son plateau avaient disparu au cours de cette fameuse nuit, c’était tout simplement parce qu’un intendant les lui avait pris, sans le réveiller.
    — Le serviteur à qui tu as cassé le nez n’était pour rien dans la disparition de tes affaires, dit Coloman.
    — Il doit certainement m’en vouloir énormément. J’aimerais aller lui présenter mes excuses.
    — Ce sera difficile, car il n’est plus ici. Il a fait beaucoup de chemin depuis ton arrivée. Surtout, depuis ton long sommeil…
    — Où puis-je le trouver ?
    — Je crains que tu ne sois pas, pour le moment, autorisé à l’approcher. Sa Majesté l’empereur Manuel Comnène, basileus des Grecs, l’a pris à son service.
    — Et moi ? Le servirai-je un jour ?
    — Quand tu seras prêt.
    — Une dernière chose, si vous le permettez.
    — Parle.
    — Comment s’appelle ce serviteur ?
    — Kunar Sell.
    Morgennes repartit au petit trot en direction des cuisines, tout en se répétant ce nom : « Kunar Sell ». Encore une fois, il avait le pressentiment que leurs destinées étaient liées. Se trompait-il ? Pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, il lui semblait indispensable d’aller présenter ses excuses à cet homme.
    Mais les semaines passèrent sans qu’il

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