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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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le salut du nain était profond. Si profond qu’il s’agenouilla puis s’allongea de tout son long sur le sol. Je continuai de le saluer, posai les mains à terre, touchai du crâne les dalles du corridor, pendant qu’à mes côtés Morgennes m’imitait.
    Et c’est alors que le miracle se produisit.
    Le nain salua si bas, si profondément, qu’il s’enfonça dans le sol, où il disparut. Bientôt, il ne resta plus, à l’endroit où il se tenait, qu’une sorte de marche – un palier, que j’invitai Morgennes à franchir avec un sourire rayonnant.
    — La politesse n’est-elle pas le meilleur des sésames ? lui dis-je, fier comme un paon.
    — Un « parfait sésame », me corrigea Morgennes en répétant les termes exacts employés par le nain.
    — Mauvais joueur ! ajoutai-je en riant.
    Nous entrâmes alors dans une petite salle circulaire, à moitié plongée dans l’obscurité.
    Au centre de la pièce, assis sur un trône encadré par deux chandeliers à sept branches, un homme était plongé dans la lecture d’un livre. Notre arrivée ne le troubla nullement, et il continua tranquillement de lire. Son trône était de bois sculpté, orné de gravures représentant des dragons. Les candélabres diffusaient juste ce qu’il fallait de lumière pour lui permettre de lire, et quand il tournait les pages, il affichait un sourire satisfait. Ni grand ni petit, ni gras ni maigre, sa tête blonde était ornée d’une tonsure pareille à celle d’un moine. Plus étrange, dans son dos se dressait un vaste pan de mur glabre où rien n’était inscrit – mais où une tête d’homme était enchâssée, tel un vivant joyau. Elle nous dévisageait d’un air serein, faisant avec les lèvres des mouvements comme pour parler et clignant parfois des yeux – qu’elle avait fort bleus. Son nez trahissait un profil grec. D’ailleurs, ses cheveux courts et bouclés avaient cette teinte cuivrée des habitants de la Grèce – et notamment de la Macédoine.
    L’homme assis sur le trône tourna une page, et tomba sur une feuille entièrement blanche. Alors il referma son livre et parut s’apercevoir de notre présence.
    — Ah, enfin, vous voici, nous dit-il.
    — À qui avons-nous l’honneur ? demanda Morgennes.
    — Je suis l’Ultime épreuve.
    — Le gardien de l’Ultime épreuve ?
    — Non. L’Ultime épreuve elle-même.
    — En quoi consistez-vous ? demandai-je.
    — Vous arrivez à un tournant de votre vie, nous dit-il avec un étrange sourire. Il vous faut choisir, maintenant…
    — Choisir ?
    — Choisir ce que vous voulez être !
    — Justement, fit Morgennes, j’étais venu ici dans l’espoir de trouver l’objet de ma quête.
    L’homme leva sa main libre, comme pour l’inviter à se taire. Ce que fit Morgennes.
    — Pas si vite, mon ami… Prenez le temps de réfléchir. Et dites-moi : Que désirez-vous le plus au monde ?
    Morgennes et moi échangeâmes un regard. Que désirions-nous le plus au monde ? Ce n’était certes pas tuer le prêtre Jean, contre lequel nous n’avions aucun grief en particulier. Ce n’était pas non plus rencontrer un dragon – en tout cas en ce qui me concernait. Mais j’avoue qu’il m’était assez difficile de réfléchir, car la tête coupée ne cessait de nous observer – ce qui me perturbait.
    Finalement, ce fut Morgennes qui rompit le silence en premier :
    — Retrouver ma famille.
    Un frisson me parcourut l’échine. Pourquoi cette réponse ? C’était impossible ! Morgennes ne rêvait-il plus d’être fait chevalier ? De venger les siens ? Comme pour me rassurer, il m’adressa un sourire. Il avait l’air serein des gens qui savent ce qu’ils font.
    — Et vous, me demanda l’homme au livre. Avez-vous choisi ?
    — Ce n’est pas une question facile… Je crois que…
    Plusieurs réponses me tournaient dans la tête. Comme Morgennes, j’aurais aimé retrouver mes parents. Mais si, contrairement à lui, il m’arrivait d’oublier leur visage ou leur voix, je savais que Dieu m’avait donné le pouvoir de les ramener à la vie – grâce à l’écriture.
    — Vaincre la mort, dis-je.
    — Cot ! Cot ! Cot ! gloussa Galline.
    — Très bien, fit l’homme. Je vous ai entendus. Et toi aussi, ajouta-t-il à l’intention de Galline.
    Puis il nous dit, en guise d’au revoir :
    — Il ne vous reste plus qu’à réussir, et à revenir me voir. Mais, surtout, n’oubliez pas : lorsque les dieux veulent nous

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