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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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immobile, afin de garder le
souvenir de sa présence, de rester dans ce cocon doré, avant que sa chaleur ne
s’estompe et qu’il ne se retrouve de nouveau seul.
     
    Cette nuit-là, il dormit très mal.
    Après le départ de Charlotte, il quitta la maison, préférant
de pas être là au retour d’Augusta. Le souper était déjà servi lorsqu’il rentra
de promenade.
    — Je ne comprends pas que vous puissiez avoir envie de
sortir à cette heure tardive, remarqua-t-elle avec un hochement de tête
désapprobateur. Il gèle et il fait nuit noire !
    — Le ciel est pur, répondit-il. Bientôt, la lune va se
lever.
    Il se rendit compte que sa remarque manquait d’à-propos. Il
était parti se promener pour retarder le moment de se retrouver en tête à tête
avec son épouse, moment où il allait devoir abandonner son rêve éveillé pour
revenir à la triste réalité de son existence. Essayer de le lui expliquer
serait cruel ; elle ne le comprendrait pas. Pour donner le change, il
préféra aborder un sujet déplaisant.
    — Je pense que vous devriez aller parler à Christina, la
conseiller.
    Augusta, qui s’apprêtait à porter sa cuillère à sa bouche, leva
un sourcil étonné.
    — Tiens donc ? Et à quel sujet ?
    — Son comportement vis-à-vis d’Alan.
    — A-t-elle failli à son devoir d’épouse ?
    Il secoua la tête.
    — Ce n’est pas si simple. Le devoir n’engendre pas
nécessairement l’amour. Christina a un caractère contrariant et tient souvent
des propos blessants. Il n’y a en elle aucune douceur. C’est tout le contraire
de Jemima.
    Augusta se remit à manger délicatement.
    — Question d’éducation, mon cher. On s’attend à ce qu’une
gouvernante fasse preuve d’obéissance et de reconnaissance. Christina, elle, est
une vraie lady.
    Elle ne lui rappela pas que son propre père était comte, alors
que le sien ne possédait que des titres militaires.
    — Je pensais seulement à son bonheur, affirma-t-il. On peut
être princesse sans pour autant inspirer de l’amour. Christina gagnerait
beaucoup à ne pas négliger son mari. Elle devrait chercher à lui plaire
davantage. Alan n’est pas homme à se laisser éblouir par les apparences et à
lui montrer plus d’affection parce qu’il sait que d’autres la trouvent agréable.
    Augusta pâlit. Sa main se pétrifia sur le manche de sa
cuillère.
    — Ma chère, êtes-vous malade ? s’inquiéta-t-il.
    Elle cligna des yeux.
    — Non, non, tout va très bien. J’ai seulement avalé de
travers. Que vouliez-vous dire à propos de Christina ? Elle a toujours
aimé séduire. C’est normal, pour une jolie femme. Alan peut difficilement en
prendre ombrage.
    — Tonnerre ! Cessez de me parler de mondanités !
    Pourquoi paraissait-elle incapable de comprendre ?
    — Je parlais d’amour, de tendresse partagée !
    Augusta écarquilla les yeux. Il vit passer dans son regard
une ombre sardonique qui le mit mal à l’aise.
    — Comment, Brandon, vous, romantique ? Je ne m’attendais
pas à cela ! Quelle puérilité !
    — Vous voulez dire : quelle naïveté ? Au
contraire, ma chère, c’est vous et Christina qui êtes naïves de croire qu’une
union peut survivre sans tendresse véritable et sans quelques sacrifices. En
affaires, on peut convaincre les gens à force d’arguments, mais pas en amour.
    Augusta demeura longtemps silencieuse, réfléchissant à ces
paroles et cherchant la réponse appropriée.
    — Ce serait nous mêler de ce qui ne nous regarde plus, dit-elle
enfin. Christina est mariée. Désormais, c’est son mari qui est responsable d’elle.
En voulant lui prodiguer des conseils, vous empiéteriez sur les droits de son
époux. Surtout sur un sujet aussi délicat.
    Balantyne fut surpris. Il ne s’attendait pas à cette réponse
de sa part.
    — Voulez-vous dire que vous seriez prête à assister à
la destruction de son mariage sans lever le petit doigt, sous prétexte que les
affaires des autres ne nous regardent pas ? Christina ne cesse pas d’être
notre fille parce qu’elle a épousé Alan ! Nous continuons de l’aimer même
si elle est mariée !
    — Bien entendu, fit-elle, agacée. Mais au regard de la
loi, ainsi que dans la vie de tous les jours, son mari est responsable d’elle. Pour
une femme, se marier est un plus grand changement de statut que vous ne semblez
le croire, mon ami. Ce qui se passe à l’intérieur d’un couple relève de son
intimité, et vous auriez

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