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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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est-ce ?
    Un éclair d’irritation passa dans les yeux de Pitt. Était-ce
à cause de ses questions ou des circonstances du meurtre ? Charlotte n’aurait
su le dire. Il attendit plusieurs secondes avant de reprendre la parole. Quand
il le fit, ce fut d’un ton résigné.
    — En fait… Il s’agit de quelqu’un que vous avez
rencontré, par le passé.
    Elle sentit un frisson de peur et d’étonnement la parcourir,
mêlé d’une sensation d’excitation, dont elle eut aussitôt honte.
    — Que j’ai déjà rencontré ? répéta-t-elle, incrédule.
    — Vous souvenez-vous du général Balantyne, de Callander
Square ?
    Son excitation se mua en une horreur si intense qu’elle en
eut la nausée. La pièce se mit à tourner autour d’elle et elle crut s’évanouir.
Elle revit en pensée la fière physionomie du général, un homme solitaire au
tempérament orgueilleux et rigide, qui plaçait son devoir au-dessus de tout. Se
pouvait-il qu’il ait trouvé la mort de si horrible manière dans ce quartier
sordide, lui qui aurait dû tomber au service de sa patrie ?
    — Charlotte !
    Il devait bien exister un moyen de ne pas ébruiter l’affaire.
Un homme tel que lui ne méritait pas pareil destin !
    — Charlotte !
    La voix de Pitt la ramena à la réalité. Elle releva la tête.
    — Il ne s’agit pas du général Balantyne, mais de son
ancien valet, Max. Vous souvenez-vous de lui ?
    Comment avait-elle pu se laisser aller à cette panique
ridicule ? Elle prit une profonde inspiration.
    — Max ? Oui, bien sûr, je m’en souviens… Un être
odieux. Chaque fois qu’il me regardait, j’avais l’impression d’être déshabillée
du regard…
    Un instant la mine de Pitt s’allongea, puis une expression
amusée se peignit sur son visage.
    — Éloquente description ! Je ne vous savais pas si
clairvoyante.
    Charlotte se sentit rougir. Elle n’avait pas voulu lui
laisser entendre qu’elle comprenait fort bien ce genre de regard, surtout
venant d’un valet.
    — Eh bien… commença-t-elle, avant de renoncer à aller
plus loin.
    Pitt attendit, mais elle refusa de s’empêtrer dans d’inutiles
explications.
    — Que faisait Max à Devil’s Acre ? Les habitants
de ce quartier n’emploient pas de valets, que je sache.
    — En effet. Il tenait une maison de passe – et même
plusieurs, d’après ce que l’on dit.
    Charlotte ne perdit pas son sang-froid. Au fil des ans, elle
avait beaucoup appris, d’une façon ou d’une autre, sur la misère et la
prostitution non seulement des adultes, mais aussi des enfants.
    — Je vois…
    Elle se souvenait du visage ténébreux de Max, de ses yeux
enfoncés dans leurs orbites, de ses lèvres lourdes et sensuelles. Il lui avait
toujours donné une conscience aiguë de ce que peut être le pouvoir physique d’un
homme à la fois maître et esclave de ses désirs.
    — Au fond, ce métier lui allait comme un gant…
    Pitt la dévisagea, surpris.
    Elle commença à bredouiller une explication, puis changea d’avis.
À quoi bon se justifier ? Elle était peut-être moins au fait que lui des
vicissitudes de l’existence, mais pas au point d’être une oie blanche !
    — Dans ce cas, il devait avoir nombre d’ennemis, poursuivit-elle.
S’il possédait plusieurs maisons closes, il gagnait beaucoup d’argent… J’imagine
que les proxénètes n’hésitent pas à éliminer la concurrence, sans le moindre
scrupule.
    — En effet, acquiesça Pitt, dont la physionomie
montrait un tel mélange de sentiments qu’il était impossible de deviner le fond
de sa pensée.
    — Le Dr Pinchin possédait peut-être un hôtel de passe, qui
sait ? suggéra-t-elle. Les propriétaires des murs de ce genre d’établissement
sont parfois des gens très respectables, vous savez.
    — Je suis au courant, remarqua-t-il d’un ton sec.
    Elle surprit son regard et se sentit obligée de s’excuser.
    — Bien sûr, Thomas. Excusez-moi.
    — Encore une fois, je vous conseille de ne pas
intervenir dans cette affaire. Il ne s’agit pas de votre monde.
    Ne trouvant pas d’argument à lui opposer, Charlotte jugea
inutile de poursuivre la conversation.
    — Vous avez raison, Thomas, fit-elle en épouse
obéissante. Je ne connais pas Devil’s Acre.
     
    Néanmoins, le lendemain matin, dès le départ de Pitt, elle
prit ses dispositions afin de s’absenter une bonne partie de la journée. Gracie,
qui préférait de beaucoup s’occuper des enfants plutôt que

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