Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
Vom Netzwerk:
rencontre, lors de la première sortie d’Augusta dans le grand
monde. Même à cette occasion, elle avait fait preuve d’un extraordinaire sang-froid.
Sa sérénité et son sérieux avaient, entre autres, contribué à l’attirer vers
elle. Le souvenir était si lointain… Il tenta de retrouver la vive émotion qu’il
avait ressentie, l’attente fiévreuse qui était la sienne ce jour-là, mais n’y
parvint pas. Confusément, cela lui fit mal. Les qualités qui l’avaient séduit à
l’époque lui paraissaient désormais effrayantes ; il lui semblait se
trouver devant une porte close.
    Blessé, il se sentit obligé de se défendre et de feindre l’arrogance
qu’il affectait si facilement par le passé.
    — Ne dites pas de bêtises, Augusta ! Je connais
Christina aussi bien que vous.
    Mensonge démesuré ; néanmoins, il poursuivit :
    — C’est une jeune femme très volontaire, qui a beaucoup
de caractère. Et même vous, ma chère, êtes capable de commettre une erreur.
    Elle était fatiguée ; ses traits se durcirent, son
visage se ferma. Il ne pouvait plus l’atteindre. Elle se détourna et se remit, très
raide, à monter l’escalier mais il sentit qu’elle gravissait les marches avec
effort.
    — Bien entendu. Et vous aussi, Brandon. Par exemple, j’aimerais
qu’à table vous évitiez d’aborder des sujets aussi désagréables que les taudis
et la misère de leurs habitants – surtout lorsque nous avons des invités. C’est
très mal élevé et ne peut que créer de l’embarras. Je pensais que vous vous en
seriez rendu compte par vous-même ! Avoir conscience des réalités sociales
est une chose, mais il y a des moments et des endroits plus propices pour en
parler. Et s’il vous plaît, évitez de mentionner que ce misérable valet était
autrefois à notre service, sinon les domestiques vont sombrer dans la psychose
et la moitié d’entre eux nous donneront leur congé. Vous n’imaginez pas à quel
point il est difficile de trouver un personnel compétent !
    Arrivée sur le palier, elle se dirigea vers sa chambre à
coucher.
    — Bonne nuit, Brandon.
    Il ne lui restait plus qu’à lui souhaiter également bonne
nuit et à entrer dans sa chambre à coucher. Il referma la porte et demeura
debout, immobile. La pièce lui sembla étrangère, bien que meubles, livres et
souvenirs lui aient toujours appartenu.
     
    Le lendemain matin, il trouva Stride qui l’attendait dans le
hall, très pâle, les mains croisées sur la poitrine, lui d’ordinaire si stylé. Aucune
servante n’était en vue. Un instant, le général songea qu’Augusta avait raison :
avaient-elles toutes rendu leur tablier et décampé pendant la nuit, de crainte
d’être employées sous le même toit qu’une créature comme Max Burton, ou de se
retrouver victimes d’un méchant sortilège qui les condamnerait à finir leur vie
en filles publiques ?
    Stride patientait, la mine lugubre.
    — Que se passe-t-il ?
    — Les journaux, monsieur…
    Ainsi donc, il ne s’agissait que de cela ! Balantyne
était si soulagé qu’il s’entendit répondre d’un ton furibond :
    — Eh bien, quoi, les journaux ? Ils sont en retard,
c’est tout ! S’ils ne sont pas arrivés dans une heure, envoyez quelqu’un
les chercher !
    Il fit volte-face pour se rendre dans la salle à manger et
ce faisant frôla Stride, qui ne bougea pas d’un pouce.
    — Pardonnez-moi, monsieur, je ne me suis pas montré
assez clair. Les journaux sont bien là… Mais ils annoncent qu’il y a encore eu
un meurtre dans Devil’s Acre, monsieur. Un crime encore plus épouvantable que
le précédent.
    Que pouvait-il y avoir de pire que la mutilation subie par
Hubert Pinchin ? songea le général, horrifié, tout en cherchant en vain
une réponse.
    — Il n’a pas été aussi…
    Stride hésita et déglutit.
    — … abominablement mutilé, monsieur.
    — Vous venez de me dire que le crime était plus
épouvantable que le précédent ! s’étonna Balantyne, à la fois perplexe et
soulagé.
    — Il s’agit de Sir Bertram Astley, monsieur, chuchota
Stride. On l’a retrouvé devant un établissement de prostitution… réservé aux hommes.
    — Aux hommes ? Mon Dieu ! Vous voulez dire… un
bordel pour pédérastes ?
    Stride tressaillit. Il n’était pas habitué, dans la bouche
de son maître, à un langage aussi cru.
    — Bertie Astley…
    Balantyne sentit la nausée l’envahir. L’odeur du pilaf de
poisson fumant

Weitere Kostenlose Bücher