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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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de famille, espèce de sale voyeur…
    Sa voix était pleine de mépris. Ross sentit son sang
bouillir. Ce gros poussah s’imaginait qu’il était venu là assouvir d’immondes
appétits !
    Il se redressa, muscles bandés, menton relevé, prêt à se
battre. Mais il se souvint des hommes qui l’attendaient peut-être encore dehors
et baissa la tête. Il ne pouvait se permettre de se montrer trop fier et
surtout trop curieux.
    — Avez-vous des chambres, oui ou non ? demanda-t-il
calmement.
    — Vous avez de l’argent ? demanda l’homme en
frottant un index sale contre son pouce.
    — Bien sûr ! Combien voulez-vous ?
    — Combien de temps vous allez rester ?
    — Toute la nuit ! Croyez-vous que je tienne à
passer la nuit à entrer et à sortir de la chambre, avec quelqu’un sur les
talons qui regarde sa montre ?
    L’homme haussa les sourcils.
    — Si vous comptez rester tout seul, pourquoi vous
rentrez pas chez vous vous enfermer à double tour dans votre chambre pour faire
ce que vous avez envie ?
    Ross l’aurait volontiers frappé. Il résista un instant à la
tentation, puis ce fut plus fort que lui : la colère, la peur, la douleur
cuisante infligée par la trahison de Christina explosèrent soudain. De son
poing fermé, il frappa l’homme au visage, l’envoyant valser en arrière ; sa
tête heurta le mur avec un bruit sec ; il s’affala lentement le long du
mur et s’écroula sur le sol, inanimé.
    Ross fit volte-face, ouvrit la porte à la volée et s’élança
dans la ruelle. Désormais, quel que soit le nombre de ses adversaires, il
devrait leur faire face. Il ne pouvait pas rester ici. Cette fois, il n’hésita
pas une seconde. Son cœur battait à tout rompre. Il gardait les poings serrés, prêt
à frapper quiconque oserait s’attaquer à lui. Il marchait si vite qu’il buta
sur un mendiant au coin de la rue et le fit tomber. L’homme se mit à jurer, mais
Ross passa son chemin. Il connaissait la direction de Westminster et se dirigea
vers des rues mieux éclairées et plus sûres, du moins l’espérait-il.
    Il entendit l’écho de bruits de pas. Il ne lui restait plus
que quelques centaines de mètres à parcourir. Il accéléra l’allure, passant
devant des grappes d’hommes et de femmes blottis sous des porches. Quelqu’un
pouffa dans l’obscurité, puis il y eut un bruit de gifle sonore. Une pile d’ordures
s’écroula et une bande de rats en sortit en piaillant.
    Il se mit à courir.
     
    Deux jours plus tard, en fin d’après-midi, la bonne vint
dans son bureau lui annoncer qu’un certain Mr. Pitt demandait à lui parler.
    — Pitt ? Le nom ne me dit rien. Êtes-vous sûre d’avoir
bien compris ?
    — Oh, oui, monsieur ! Un monsieur assez bizarre. Je
vous demande pardon, mais il insiste pour vous voir. Il n’a pas voulu me dire
pourquoi, mais il prétend que vous le connaissez.
    — Il doit se tromper.
    — Il refuse de s’en aller, monsieur. Dois-je demander à
Donald de le mettre dehors ? Je n’ose pas le lui dire moi-même. Il est
plutôt mal habillé, enfin, tout débraillé ; on dirait que ses vêtements ne
sont pas les siens, si vous voyez ce que je veux dire. Mais il parle très bien,
comme un vrai gentleman.
    Ross se frappa le front.
    — Pitt ! Mais oui, suis-je bête ! Je le
connais. Faites-le entrer, s’il vous plaît.
    — Bien, monsieur.
    Soulagée, la soubrette partit en courant, oubliant de faire
sa révérence.
    Quelques instants plus tard, Pitt entra dans le bureau, le
sourire aux lèvres, comme s’il avait été invité.
    — Bonjour, Mr. Ross. Sale temps, hein ?
    — Épouvantable, en effet. Que puis-je pour vous, Mr. Pitt ?
    Le policier prit une chaise, bien que son hôte ne l’ait pas
convié à s’asseoir, et la rapprocha de la cheminée. Il devait avoir donné son
manteau à la bonne, car il n’avait sur lui qu’un pantalon sombre, une chemise
de drap épais et une veste boutonnée de travers dont les poches volumineuses
semblaient gonflées d’objets hétéroclites.
    Il se frotta les mains et les tendit vers les flammes.
    — Merci. Le travail d’un policier est parfois très
fastidieux, vous savez.
    — Je n’en doute pas, fit Ross, poli, mais parfaitement
indifférent à son sort.
    — Nous nous perdons en interrogatoires interminables de
gens qui ne sont pas toujours très sympathiques, poursuivit Pitt. Heureusement,
certaines personnes nous préviennent quand survient un incident sortant de

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