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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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Ernest Pomeroy. On l’a découvert sur les marches d’un
couvent. Les sœurs de la Charité, je crois – pas des papistes en tout cas, s’empressa-t-il
d’ajouter. La religieuse qui a aperçu le corps la première ne sera plus jamais
la même. Pauvre femme, ses nerfs ont lâché ; elle était blanche comme un
linge et hurlait comme une possédée, conclut-il en secouant la tête, encore
sous le choc.
    Il prit la grande tasse de porcelaine que lui tendait Pitt
et la garda bien serrée entre ses mains, pour réchauffer ses doigts gourds.
    Pitt coupa des tranches de pain, les mit à griller sur le
dessus de la cuisinière puis alla chercher deux assiettes, du beurre et de la
confiture d’oranges. Il pensa à cette religieuse qui avait consacré sa vie à
aider son prochain, offrant refuge aux sans-logis et réconfortant les êtres
tombés dans la déchéance. Elle devait être habituée à la mort violente, chose
courante, hélas, dans ce quartier mal famé, mais elle n’avait sans doute jamais
vu ou même imaginé un homme nu.
    — Mutilé, lui aussi ? s’enquit-il, bien
inutilement.
    L’agent blêmit.
    — Une vraie bouillie. Comme s’il avait été lacéré par
un animal griffu…
    Il prit une profonde inspiration, puis poursuivit, la gorge
serrée :
    — … comme si quelqu’un avait cherché à lui arracher les
parties avec les mains…
    Il avait raison, c’était pire. Les blessures infligées à
Bertie Astley étaient légères, presque symboliques. Une possibilité déjà
envisagée revint à l’esprit de Pitt, à savoir que Bertie n’avait pas été
victime du même tueur, mais que Beau Astley avait vu là l’occasion de se
débarrasser de son frère pour hériter de sa fortune et faire endosser le crime
à un déséquilibré déjà au ban de la société. Hypothèse qu’il avait rejetée
jusqu’à présent, car il avait eu un contact agréable avec le jeune homme lors
de leur première rencontre, comme on apprécie au premier abord un inconnu que l’on
trouve sympathique.
    Les toasts commençaient à fumer. Il les retourna vivement et
but une gorgée de thé.
    — Poignardé dans le dos, lui aussi ?
    — Oui, monsieur, comme les autres, à gauche de la
colonne vertébrale, au niveau du cœur. Il a dû mourir sur le coup, Dieu merci.
    Il fit la grimace.
    — Quel homme est capable de faire une chose pareille, Mr.
Pitt ? C’est pas humain !
    — Quelqu’un qui estime avoir été déshonoré au-delà du
supportable, répondit Pitt sans réfléchir.
    — C’est bien possible… Attention, votre pain est en
train de brûler.
    Pitt retira les toasts et en tendit un au brigadier. Celui-ci
le prit avec une surprise ravie. Il ne s’attendait pas à cette collation, même
s’il ne s’agissait que d’une tranche de pain à moitié carbonisée, avalée debout.
Mais la confiture d’oranges, douce et amère à la fois, était délicieuse.
    — Peut-être que si on avait tué ma petite fille, je
chercherais à me venger, reprit-il, la bouche pleine. Mais franchement, j’aurais
jamais l’idée de lui – excusez l’expression – arracher les parties comme ça.
    — Tout peut dépendre de la façon dont on a tué votre
enfant, observa Pitt.
    Puis il se renfrogna et posa sa tartine en songeant à l’horreur
de sa remarque. Il pensa à Charlotte et à leur petite Jemima, dormant là-haut, dans
leurs chambres.
    Le brigadier le dévisagea avec des yeux ronds.
    — Vous avez peut-être raison, monsieur, murmura-t-il.
    À l’étage, tout était silencieux. Charlotte n’avait pas
bougé et seule la veilleuse de la nursery était allumée.
    — Vous devriez manger, monsieur, lui suggéra l’agent, pragmatique.
    Ce n’était pas le moment de sortir l’estomac vide, en effet.
    — Et pensez à vous habiller chaudement, si je peux me
permettre un conseil.
    — Vous avez raison, fit Pitt d’un ton absent.
    Il termina sa tartine et but son thé. Il n’avait pas le
temps de se raser, mais il suivrait les recommandations du brigadier.
     
    Le corps était en effet dans un état épouvantable. Quelle
rage avait donc pu pousser un être humain à agir avec une telle bestialité ?
    — Voilà, soupira Pitt en se relevant.
    L’homme avait été châtré, comme les précédentes victimes, mais
avec plus de sauvagerie encore. Il n’y avait rien d’autre à voir. Ernest
Pomeroy présentait un aspect ordinaire : il était un peu plus petit que la
moyenne, portait des vêtements sobres,

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