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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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deux. Et
alors ? Il nous rendait de grands services. Celles qui ne prennent pas de
précautions se font parfois engrosser. Il s’occupait de tout et se faisait
payer en nature. J’aurais donc été le dernier à vouloir me débarrasser de lui, n’est-ce
pas ?
    — Pas s’il vous faisait chanter…
    La voix de Mercutt se fit suraiguë.
    — Chanter ? Quelle idée ! Pour quelle raison ?
Ce que je fais n’est un mystère pour personne. Je ne prétends pas être ce que
je ne suis pas. C’est moi qui aurais pu le faire chanter ! Si j’avais
voulu, j’aurais pu ruiner la réputation de son cabinet, dans les beaux
quartiers. Mais notre arrangement me convenait. Quand il est mort, j’ai dû lui
chercher un remplaçant.
    Pitt eut beau le presser de questions, il s’en tint là et
refusa d’en dire plus. Les policiers sortirent de chez lui et allèrent frapper
à la porte de l’établissement voisin, puis du suivant et ainsi de suite, jusqu’à
cinq heures du soir, heure à laquelle ils pénétrèrent dans la maison tenue par
les sœurs Dalton. Si Pitt avait choisi de s’y rendre en dernier lieu, c’est qu’il
comptait y trouver un peu de chaleur et espérait se voir offrir une tasse de thé.
    Cette fois, les deux sœurs étaient présentes ; elles l’invitèrent
à passer au salon. Il y régnait une atmosphère paisible, presque familiale. Elles
lui proposèrent une boisson chaude, qu’il accepta avec un empressement non
dissimulé.
    Mary le dévisagea d’un air soupçonneux, mais Victoria se
montra toujours aussi aimable.
    — Ernest Pomeroy ne faisait pas partie de notre
clientèle, dit-elle d’un ton sincère en lui servant une tasse de thé.
    Pendant ce temps, les deux policiers attendaient dans le
salon de réception, un peu embarrassés, mais ravis d’être en bonne compagnie.
    — Lui, je sais où il se rendait, reprit Pitt après l’avoir
remerciée. Non, je pensais au Dr Pinchin.
    Elle leva les sourcils et le dévisagea de ses yeux gris, couleur
de la mer en hiver.
    — Je ne vois pas passer tous les clients, mais celui-ci,
je ne m’en souviens pas. Il n’a pas été assassiné dans une rue proche d’ici.
    — Le connaissiez-vous, d’un point de vue professionnel ?
    L’ombre d’un sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme.
    — Sa profession ou la mienne, Mr. Pitt ?
    Il lui rendit son sourire.
    — La sienne, Miss Dalton.
    — Je suis en bonne santé et si par hasard je tombe
malade, je sais comment me soigner.
    — Et vos pensionnaires ?
    — Nous nous en occupons nous-mêmes, intervint aussitôt
Mary.
    Pitt se tourna pour la regarder. Elle était plus jeune que
sa sœur, son visage avait des traits plus mous, un regard moins direct, mais la
même douceur des filles de la campagne, un petit nez et des taches de rousseur.
Elle ouvrit la bouche comme pour parler, puis se ravisa. Pitt comprit qu’elle n’avouerait
jamais avoir pratiqué des avortements.
    Victoria prit le relais.
    — Bien sûr, nous faisons parfois appel à un médecin. Mais
jamais à Pinchin. Il n’a rien à voir avec notre établissement.
    Pitt la crut. Il ne lui restait plus qu’à prendre congé. Pourtant,
il avait envie de rester encore un peu au chaud pour finir sa tasse de thé.
    — Pourriez-vous le prouver ? Cet homme a été
assassiné. Vous avez peut-être peur d’avouer l’avoir connu…
    Victoria lança un coup d’œil en direction de sa sœur, puis
de la tasse de Pitt. Elle prit la théière et la lui remplit sans lui demander
son avis.
    — Je ne pourrais rien prouver, en effet, dit-elle avec
une expression impénétrable. Mais je peux vous dire que ce monsieur était un
vrai boucher. Je ne veux pas que mes filles se fassent charcuter et qu’elles
meurent ensuite d’hémorragie. Ou qu’elles se retrouvent hors d’état de
travailler. Ah ça non !
    Pitt se surprit à lui présenter des excuses. Pourtant le
ridicule de la situation ne lui échappait pas. Il était là à prendre le thé
avec une tenancière de maison close et il s’excusait auprès d’elle, parce qu’un
médecin pratiquait des avortements sur des prostituées qui ne s’en remettraient
jamais ; et il ne s’agissait même pas de ses propres pensionnaires !
À moins qu’elle ne lui ait menti ?
    Il termina sa tasse de thé et se leva.
    — Je vais interroger vos pensionnaires, en particulier
les dernières arrivées.
    Mary se leva, les mains crispées sur les plis de ses jupes.
    — C’est hors

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