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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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broderie.
    — Moi, je n’y vais plus, dit-elle. Quand on en a vu une,
on les a toutes vues.
    Sur quoi elle leur proposa du massepain.
    D’autres membres de la cour apparurent. Dame Violante, somptueusement
drapée de velours noir frangé d’or, bavardait debout avec ses voisins. Soudain
des huées s’élevèrent de la foule, dame Violante se retourna et se mit à crier
à son tour : en bas venaient d’apparaître le bourreau, de forte carrure et
masqué, et son aide, un individu mince avec sur la nuque des cheveux blonds
dépassant de son bonnet de cuir.
    L’homme déroula un ballot brun et disposa un assortiment d’instruments.
    — Je suis heureuse que Hubert soit parvenu à un arrangement
avec le bourreau du duc, remarqua dame Donati.
    — C’est donc Sigismondo ? s’exclama Cosima, stupéfaite,
avec un petit cri.
    Le duc Ludovico et son beau-frère le duc Ippolyto apparurent
aux longues fenêtres. Les fanions vert et blanc claquèrent sous les trompettes
levées et une fanfare retentit. Des cris et des applaudissements sporadiques se
firent entendre parmi la foule, mais aussi un frémissement, une onde
souterraine de mécontentement. Le seigneur Paolo rejoignit les deux hommes, et
cette fois éclatèrent vivats et cris d’enthousiasme. La suite ducale prit place,
le duc leva la main et l’assistant du bourreau partit chercher le condamné. Chacun
se dévissait la tête pour être le premier à l’apercevoir, de sorte que la foule
entière parut se pencher en avant.
    Un homme vêtu de la livrée ducale se présenta au bas du
balcon, mit genou à terre et parla au duc qui se pencha pour l’entendre. Une
rumeur de curiosité parcourut la foule.
    — Un peu tard, observa Benno. Ils viennent juste de
constater votre disparition, dirait-on.
    — C’est donc qu’ils ont trouvé Piero, dit Cosima. Ils
doivent en suffoquer d’indignation.
    Sigismondo, bras croisés, le visage grave, attendait.
    Il ne faisait pas le moindre mouvement. Angelo se tenait lui
aussi immobile, accroupi près des instruments, la brise agitant les mèches
blondes sur sa nuque.
    Le seigneur Paolo glissa quelques mots à son frère, puis s’avança
au bord du balcon. Il leva les bras et le brouhaha de la foule mourut peu à peu.
Paolo jeta un regard circulaire à la vaste piazza, aux fenêtres encombrées de
spectateurs, aux ruelles bondées où des hommes en armes fendaient la foule
comme les noirs affluents d’un lac. Enfin sa voix s’éleva.
    — Citoyens de Rocca ! Le jeune infortuné accusé de
ce terrible meurtre n’est pas ici…
    Une rumeur indignée parcourut la foule, mais le silence
retomba quand Paolo leva de nouveau les bras.
    — Mais je peux vous dire que le vrai meurtrier, lui, est bien là, parmi nous. Son vil forfait nous a privés d’une femme
généreuse et bien-aimée. Je ne peux vous dire quelle répugnance cela m’inspire,
ni à quel point cela me chagrine, mais je l’ai vue mourir et ne puis plus
longtemps tenir ma langue.
    Il tendit un doigt accusateur.
    — Le voici ! Le voici, son assassin  – son
mari !

 
CHAPITRE XXI
« Mon fils, qu’avez-vous fait ? »
    Un grondement, un rugissement animal s’éleva de la foule. Debout
d’un bond, Ludovico s’était avancé. Le duc Ippolyto, l’épée dégainée, se
précipita, le rattrapa et, son bras armé ramené en arrière, s’apprêta à frapper.
Un tourbillon de velours noir l’avait suivi et les mains de dame Violante se
refermèrent sur le bras tenant l’arme. Ippolyto fit volte-face, perdit l’équilibre
et s’effondra avec lourdeur sur les planches tandis que Violante se jetait sur
lui en hurlant et en le bourrant de coups de pied alors qu’il essayait de se
relever. Le duc Ludovico avait tourné le dos à la foule et était rentré dans le
palais, Paolo sur les talons. Sigismondo et Angelo bondirent par-dessus la
royale mêlée qui avait retardé Paolo et se lancèrent à la suite des deux frères,
la tenue de Sigismondo lui ouvrant comme par enchantement le passage sans qu’il
ait besoin de brandir la hache qui était apparue entre ses mains et qu’il
tenait par le haut du manche.
    Entrant dans la galerie ménagée derrière le balcon, le duc, au
lieu d’y trouver le blanc et vert d’eau de sa garde, se trouva encerclé comme
un criminel par les hommes en livrée ocre et bleu ardoise de son frère.
    Mais il était armé, et pas seulement de son épée : un garde
recula sous son regard impérieux. Le duc

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