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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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transperça leur chef de sa lame et
gagna l’extrémité de la pièce, poursuivi par une meute confuse. Sans s’arrêter,
il trancha la corde retenant le rideau de la porte, qui s’abattit sur l’homme
qui le talonnait. Les autres se bousculèrent pour se frayer un passage, jusqu’au
moment où l’homme empêtré dans le rideau l’arracha tout à fait. Paolo et deux
de ses gardes étaient passés ; deux hommes vêtus de noir franchirent
lestement cette seconde mêlée et gagnèrent du terrain.
    Un vertigineux escalier de marbre rose descendait sur la
droite. Un des hommes de Paolo perdit pied, rattrapa et dépassa le duc de
manière remarquable, mais dans une position totalement inadéquate pour l’arrêter.
    Le duc se débarrassa de son manteau dans l’escalier, long
obstacle de fourrure et de pourpre qui glissa à sa suite. Sigismondo l’enjamba
d’un bond et écrasa de sa botte le corps mou de l’homme de Paolo étendu en croix
au pied de l’escalier, et qui reprenait tout juste ses esprits. Angelo le
suivit. Derrière eux, l’escalier déversait un flot de courtisans, une mêlée de
gardes aux livrées colorées leur indiquant, au moins, qui combattre. Arrivés en
bas, tous ceux-ci furent rejoints par une horde de nains qui firent tomber une
douzaine de poursuivants avant que quiconque ait le temps de réaliser ce qui se
passait. Le reste culbuta sur les premiers tombés.
    Le duc était entré dans la cathédrale.
    Le bruit précipité de ses pas ébahit les prêtres assemblés
autour de la bière de la duchesse, mais la vision de son épée dégainée les
surprit encore plus.
    Tebaldo, agenouillé sur un prie-Dieu dans une chapelle latérale,
se leva précipitamment. Les prêtres s’égayèrent en criant au sacrilège. Le duc
s’arrêta près du catafalque et abaissa sa lame, comme certain que personne ici
n’allait l’attaquer. Il était tout essoufflé. Il n’était toujours pas revenu de
sa stupéfaction et, voyant approcher Paolo, il l’interpella.
    — Pourquoi as-tu dit cela ? Frère…
    Pour toute réponse, Paolo se jeta sur lui.
    Ayant prononcé les paroles fatales, il n’avait d’autre choix
que d’agir ainsi. Il percevait les cris de la foule sur la place. Ces cris étaient
favorables au duc, non à lui. Il les avait entendus tout à l’heure sur l’échafaud,
alors que l’épée d’Ippolyto venait d’être détournée de sa cible. Les
mercenaires qui accouraient des ruelles donnant sur la place ne criaient pas le
nom de Paolo comme on les avait payés pour le faire. Leurs cris parvenaient à
présent à ses oreilles : «  Duca, Du-ca ! Ludo-vi-co ! »
    Les deux hommes s’affrontèrent. Tandis qu’ils se provoquaient,
brandissant leur épée et parant les coups, les prêtres, dont l’un tenait une
croix de procession, tournaient autour d’eux, se déplaçaient avec eux, tentaient
de rassembler assez de courage pour s’interposer et les séparer. Deux
silhouettes sombres observaient la scène à l’écart. La duchesse, pâle et
indifférente, gisait dans son velours noir. Heurté par un coude en action, un
haut chandelier doré vacilla et tomba en se fracassant. Angelo, le poignard à
la main, se tenait prêt, changeant de position selon l’évolution du combat, se
déplaçant avec les deux adversaires. De la cire se répandit au sol, se figeant
aussitôt. La botte du duc s’abattit, dérapa, il fut à terre, son épée glissant
loin de lui sur le marbre. Un prêtre voulut s’interposer, mais Paolo se dressa
au-dessus de son frère, l’épée levée.
    — Père !
    Tebaldo, incrédule, accourut en boitillant. Paolo parut
sauter en l’air. Au même instant, sa main qui brandissait l’épée se trouva
clouée au cercueil de la duchesse par un couteau lancé avec force.
    Le duc Ludovico s’écarta d’une roulade. Paolo arracha le
couteau et, la main dégoulinante de sang, se précipita sur son frère qui, ramassant
l’épée de Paolo tombée à terre, lui transperça la gorge tandis que la hache de
Sigismondo lui fendait le dos.
    Paolo chancela au-dessus du cercueil, tenta d’une main de s’y
rattraper, puis s’écroula en travers. Son sang macula la robe brodée de perles,
le drap de velours. Tandis qu’un prêtre s’efforçait de retenir le cercueil qui
basculait, le cadavre se dressa. Paolo et la duchesse morte tombèrent à terre. Des
perles roulèrent parmi les pieds des présents, certaines comme des larmes, d’autres
laissant derrière elles

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