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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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bon
nombre concernaient Cosima, mais celle qui lui brûlait le plus les lèvres était :
    — Et mon père, qu’est-il censé faire demain ?
    — Demain ? C’est aujourd’hui, rétorqua Sigismondo
en tirant le rideau de lit. Lui aussi devra agir selon les ordres du duc
Francisco.
    — Vous voulez que mon père commette une trahison !
    Sigismondo sourit. L’esprit épuisé de Leandro cherchait à
comprendre de quel côté était vraiment Sigismondo, mais il s’endormit.

 
CHAPITRE XX
« Le voici, son assassin ! »
    Avec cette faculté de récupération propre à la jeunesse, Leandro
s’éveilla en entendant des cris dans la rue, alors que la matinée était à peine
entamée. Il resta un instant désorienté par la grandeur de la pièce, le plafond
peint, le baldaquin, et par son propre sentiment de bien-être. Tandis que
dehors les vociférations se terminaient dans un cliquetis métallique, il s’enroula
dans la couverture ouatée, sauta du lit et gagna la fenêtre pour jeter un coup
d’œil à travers les volets. Il fut déçu de n’apercevoir que des gens qui
fuyaient en courant, mais il se souvint des paroles de Sigismondo : des
émeutes devaient être organisées.
    Deux détails lui rappelèrent toutefois la prison : le froid
et la faim. Il se hâta de s’habiller, constata que le brasero était éteint, mais
qu’on avait laissé près du lit un plat couvert contenant le pain et le poulet
qu’il avait été incapable de manger la veille.
    Et puis il y avait une troisième chose. Il était toujours
prisonnier. Mais de qui ?
    Il cessa de manger. Confortablement installé dans son nid de
coussins et d’édredons, il se mit à réfléchir à la journée qui s’annonçait. Son
père et Di Torre devaient accomplir les tâches que leur avait confiées le duc
Francisco. Mais bon sang, pour qui travaillait donc Sigismondo ?
    Était-il donc si inconcevable que lui-même fût voué à subir
ce qu’on lui avait réservé ? Que son évasion ne fût qu’une farce cruelle
destinée à s’assurer l’obéissance de son père ? Et cette incroyable jeune
fille, était-il possible qu’elle fût Cosima Di Torre ? Le vieux coquin n’avait
guère montré d’affection à son endroit.
    Jouait-il un rôle ?
    Leandro perdit à nouveau l’appétit. Resserrant la couverture
autour de lui, il s’abîma dans ses réflexions.
    Jacopo Di Torre non plus ne put avaler son pain trempé dans
du vin. Il resta au lit. Cela rappela à la maisonnée le jour où, de la villa
campagnarde du maître, était parvenue la nouvelle que deux des fermiers avaient
été retrouvés, la gorge tranchée, dans la charrette de purin partie de la
maison de Rocca le matin où dame Cosima avait été enlevée. L’annonce n’avait
toutefois pas eu l’air de beaucoup surprendre le maître, qui, on le comprend, avait
accueilli cette nouvelle avec moins d’émotion qu’il n’en montra lorsqu’il reçut
les cheveux de dame Cosima. Ce jour-là, il était resté assis à bramer devant
les tresses enrubannées avec leurs petites barrettes dorées  – tout le
monde avait reconnu ces barrettes  –, à maudire les Bandini et à arracher
ses propres cheveux. À présent l’intendant rapportait que son maître était dans
son lit, l’air accablé, et qu’il faisait tourner les mêmes tresses entre ses doigts.
Il n’avait cependant pas négligé toutes ses affaires : il avait rédigé
quelques lettres de sa propre main, leur avait apposé son sceau de conseiller
et les avait fait partir.
    Ugo Bandini avait déjà quitté la ville. Il y avait été autorisé
par le duc, dont l’implacable fureur à son encontre avait été apaisée par les
plaidoiries de son frère. Paolo avait fini par convaincre le duc qu’Ugo n’était
en rien impliqué dans le forfait de son fils, et qu’il était inutile de l’obliger
à demeurer en ville pendant l’exécution de celui-ci. Ugo avait l’intention de séjourner
dans la villa d’un ami, et son laissez-passer l’autorisait à sortir de la ville
avant l’aube, accompagné d’un cheval de bât et d’un garde du corps géant.
    L’anxieux intendant, sa femme et sa nièce s’occupèrent de
dame Donati sitôt qu’elle en eut terminé avec ses dévotions matinales. Les
femmes étaient aussi blanches que leur bonnet. Elles se confondirent en excuses.
La nièce pleura. Elles ne pouvaient… il leur était impossible de rester. C’était
à cause de la chambre de feu leur ancien

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