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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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Bandini car Piero et ses
clés demeuraient introuvables, et ce dernier était le seul à savoir où étaient
rangés les doubles. Pendant que le prêtre tentait de réveiller le dormeur en l’appelant
à travers le judas de sa cellule, des messagers étaient dépêchés à la recherche
du sénéchal, de l’intendant ducal, du secrétaire du duc et de toute autre
personne susceptible de savoir où se trouvaient les clés.
    — Le vieux Piero a dû faire une sacrée noce, remarqua
le second geôlier.
    Leandro, qui se remettait peu à peu de l’hystérie causée par
les vigoureuses incantations latines qu’avait proférées Sigismondo en allant et
venant dans la pièce, était assis au coin de la cheminée, près du brasero regarni,
et, après que la porte eut été fermée, verrouillée et généreusement aspergée d’eau,
écouta les dernières phases de l’exorcisme en avalant le potage que Sigismondo
lui avait apporté ; tout en mangeant les légumes et le pain qui épaississaient
le bouillon, il réalisa que la matinée était déjà bien entamée. Du coup, il cessa
de manger. Sigismondo était certes entré avec un sourire bienveillant, le doigt
sur ses lèvres bien dessinées, mais sa tête n’en continuait pas moins à ressembler
de manière inquiétante à celle d’un bourreau.
    L’idée coupa de nouveau l’appétit à Leandro, d’autant que
midi approchait. Il contempla son bol et, constatant qu’il avait presque fini
le potage, se demanda comment il pouvait manquer à ce point de sensibilité.
    De joyeux bruits de ménage lui parvenaient de l’étage inférieur,
et, de la rue, des cris, des piétinements précipités, le son mat des jets de
pierres, de temps à autre un hurlement, des cris encore, une cavalcade, des
ordres aboyés ; et derrière tout cela, le murmure assourdi de la foule.
    Une heure plus tard environ, alors que la rue était devenue
moins bruyante mais que le brouhaha de la foule s’était amplifié, la serrure
cliqueta et Sigismondo réapparut. Il avait revêtu, en sus des bottes, des chausses
et du pourpoint noirs dans lesquels Leandro l’avait vu pour la première fois, un
ample manteau noir, et il en portait un second sur le bras-Il n’avait pas de
chemise, ce qui soulignait sa musculature, mais lui conférait une allure de
spadassin.
    — Si vous passez ce vêtement et en rabattez le capuchon,
vous pourrez assister à la suite des événements depuis la loggia du toit, dit-il
en lui tendant le manteau. Il ne reste aucun serviteur dans la maison ; ils
sont tous partis vous voir mourir.
    Leandro alla par la demeure, gravit un escalier de marbre
brun grossier, s’orientant au jugé. Il entendit en bas une porte se refermer. Enfin
il déboucha sur une galerie ouverte, juste sous le toit de tuiles, où il découvrit
Cosima, assise à côté d’une belle femme qui l’accueillit avec chaleur comme son
hôte. Derrière elles, occupé à manger dans une écuelle en terre, il vit un
petit homme dont l’allure négligée semblait indiquer qu’il avait plus l’habitude
de s’occuper de chevaux que de dames. Un chien malpropre, qui avait le poil
frisé et une seule oreille, vint le renifler d’un air affairé.
    — Asseyez-vous là, dit Cosima Di Torre. On a une vue
parfaite de l’échafaud.
    Ils voyaient la partie supérieure de la place, la façade du
nouveau palais, la cathédrale et le flanc du vieux château. Les constructions
baroques qui leur faisaient face comportaient chacune un balcon à hauteur du piano nobile. Sur celui du palais, où avaient été installés des bancs et
des chaises recouvertes de velours, se tenaient quelques gardes du duc. La
galerie de la cathédrale s’emplissait d’ecclésiastiques. Des courtisans de rang
inférieur étaient sortis de l’appartement donnant sur le balcon du palais pour
prendre le soleil, comme des invités arrivés en avance à une fête. Deux d’entre
eux passèrent sur l’avant-scène que constituait l’échafaud et examinèrent l’instrument
de garrottage avec des gestes d’horreur affectée. Leandro resserra autour de
lui son manteau et regretta d’avoir autant d’imagination, car il était harcelé
par les images de son supplice aux différents stades du lent étranglement.
    — Je n’ai jamais vu d’exécution, déclara Cosima, et voilà
que je n’assisterai pas à celle-ci.
    Leandro se dit qu’elle aurait pu mettre moins de regret dans
son intonation.
    Dame Donati était absorbée par sa

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