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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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pas. Mais on l’a
aussi frappé, plus fort, derrière la tête.
    Il indiqua l’endroit sur son crâne entièrement lisse.
    Le duc porta une main à son front et massa de ses longs
doigts les rides creusées entre ses sourcils belliqueux. Comme désespéré, il
revint à la pensée qui ne le laissait pas en paix.
    — Elle a couché avec lui de son plein gré.
    — Avec lui, ou avec un autre, ajouta avec fermeté la
voix grave.
    D’un geste brusque, le duc fit claquer un poing sur sa paume.
    — Trouvez-le ! Je ne recouvrerai la paix qu’avec
sa mort.
    Sur quoi il se retourna vers la place, comme s’il voyait
déjà s’y élever l’échafaud qui le libérerait.
    — Votre Seigneurie a-t-elle retiré une bague au doigt
de madame la duchesse hier soir ?
    Sigismondo, une large main posée en éventail sur le rideau
de brocart dont il repoussa les plis, baissa la tête vers la place comme si sa
question n’importait guère.
    Le duc, lui, en saisit aussitôt toute l’importance.
    — Quelle bague ? Je ne l’ai même pas touchée !
    Sa véhémence semblait vouloir répondre à tous les bruits
accusateurs qui couraient à son égard dans la ville.
    — La bague que madame la duchesse ne quittait jamais.
    — L’émeraude que lui avait donnée son frère ? Elle
a disparu ?
    — Votre Seigneurie est-elle demeurée auprès de la duchesse
jusqu’à l’arrivée de dame Cecilia ? Vous ne l’avez pas quittée jusque-là ?
    Le duc secoua la tête.
    — Alors nous en concluons que la bague a été subtilisée
avant que vous ne découvriez le crime.
    — L’assassin ? N’a-t-on pas trouvé de bague sur Leandro
Bandini ?
    Ce fut au tour de Sigismondo de secouer la tête. Le duc
serra les mains et, joignant ses index en pointe, en tapota ses lèvres. Il
fronçait toujours les sourcils.
    — Nous aurions donc affaire à un voleur  ? Rien
d’autre n’a été emporté ?
    — Dame Cecilia n’a parlé que de la bague.
    L’honneur de la duchesse, qui était aussi celui du duc, avait
été perdu à ce moment-là, juste avant sa mort.
    — Il vous faudra interroger plus à fond dame Cecilia, la
dame d’atour, dit-il.
    Il se tut quelques instants avant de reprendre :
    — Une semaine. Je ne peux pas vous accorder plus d’une
semaine. Je ne peux retarder l’envoi du message à Ippolyto ; il accourra
aussitôt ici, et nous devrons lui fournir des explications.
    Ils baissèrent les yeux vers le messager du duc, en vert et
blanc sur un costume tout noir, qui promenait un grand cheval noir dans la cour
intérieure, tout comme le duc allait et venait dans son cabinet. Les haleines
mêlées de l’homme et de la bête formaient un nuage de vapeur dans l’air glacial.
    — Dans une semaine, tout le monde devra voir que ma
justice est rendue.
    Si Sigismondo ne trouvait pas un meilleur candidat pour l’échafaud,
il ne restait plus guère de temps à Leandro Bandini pour regretter d’avoir
accepté son rendez-vous galant de la veille au soir.
     
    — Sa croix aussi a disparu.
    Dame Cecilia leva des yeux consternés vers Sigismondo. Elle
avait emprisonné ses cheveux dorés dans un filet de soie noire, et sa robe de
velours noir, tout comme le lambris de bois sombre devant lequel elle se tenait,
soulignait la pâleur spectrale de sa peau.
    — À  quoi ressemblait-elle ?
    — Elle était de diamants et de perles. Elle avait appartenu
à la première épouse du duc, la duchesse Maria. Madame la portait rarement car
elle disait qu’elle ne lui allait pas. Pourtant, tout lui seyait.
    Sigismondo médita devant la cassette à bijoux en marqueterie.
Son velours cramoisi faisait un nid douillet où reposaient les sardoines et les
cristaux taillés ; les broches de rubis balais ; les diamants en
table ; les perles aux formes étranges représentant des néréides ou des
licornes ; une grappe de raisins d’améthyste avec des feuilles dorées ;
des fermoirs de jade ; une série de boutons en diamants ; des bagues
de toutes sortes, dont l’une avait pour monture une paire de mains présentant
avec délicatesse un gros saphir ; une rose en rubis ; des boucles d’oreilles
en filigrane ; des chaînes d’or et d’émail ; de lourds colliers aux
anneaux d’or torsadé ; des rangs de perles, de couleur tendre ou d’un
blanc éclatant ; un petit lion rampant, en or, qu’un collier doré retenait
à une chaîne, avec des yeux de rubis et dans la bouche une perle en forme de
cœur. La cassette

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