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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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de
douleur.
    — Vous avez donc été frappé à plusieurs reprises. Je n’avais
vu qu’un coup léger sur le front. Peut-être avez-vous heurté quelque chose en
tombant. Et maintenant, messire…
    L’homme tendit la main jusqu’à la lanterne et, orientant sa
lumière vers Leandro, examina son visage en le tenant par le menton comme on le
fait avec un animal.
    — … vous étiez sur le point de m’expliquer pourquoi
vous vous trouviez dans le palais alors que l’entrée vous en était interdite.
    Il s’agissait de toute évidence de l’enquête préliminaire. L’interrogatoire
viendrait plus tard. Il faudrait alors qu’il répète, sous la torture, ce qu’il
allait dire à présent ; ou dire ce qu’on l’obligerait à dire tandis qu’on
lui briserait les membres l’un après l’autre pour qu’il confirme chaque
douloureux mensonge. La voix grave et patiente qui lui parlait à l’oreille
réitéra sa question : pourquoi se trouvait-il au palais ?
    Il commença, lentement, à expliquer. Il se doutait bien que
ça n’était pas ce que l’on désirait entendre, mais il se lança, sans que
cessent ces vagues de nausée qui lui retournaient l’estomac presque au même
rythme que les élancements de son crâne. Obnubilé par la perspective d’être mis
à la question, il éprouva une immense sympathie pour son corps, et de la pitié
à le voir ainsi traité.
    L’homme s’était rapproché, si près que Leandro craignit qu’il
ne sentît sa mauvaise haleine. Ce fut sans doute le cas, car l’homme, après un
reniflement qui lui confirma sa première impression, recula un peu et s’accroupit
sur un talon, attendant la suite de ses explications. L’intensité de son écoute
était telle que Leandro se sentit obligé d’être exact et de le convaincre que telle
était la vérité, quoi qu’il arrive ensuite.
    — Je n’aurais pas envisagé une seconde de désobéir au
duc  – puissé-je ne l’avoir pas fait ! – s’il n’y avait pas eu le
message.
    — Le message ?
    Leandro se remémora l’homme qui le lui avait transmis, la
façon dont il avait insisté sur l’absolue discrétion requise, le capuchon de
moine baissé sur un visage qu’il avait à peine entrevu. Une fois qu’il eut
appris l’identité de l’expéditeur, Leandro avait évidemment compris pourquoi le
secret était indispensable.
    — De dame Violante. Elle m’envoyait dire qu’elle désirait
me voir pendant le banquet. Je devais me présenter à la porte de la cathédrale
à… je vais me souvenir de l’heure…
    — Peu importe l’heure, messire. Continuez.
    Leandro soutint son front d’une main.
    — Je ne m’en souviens pas. En tout cas, on m’a remis un
déguisement. Celui-ci. Il ne me plaisait guère, mais voyez-vous, la dame…
    Un fredonnement sourd lui apprit que l’on comprenait la
délicatesse de la situation, que l’on en prenait la mesure. Il était presque
aussi dangereux de recueillir des confidences sur la jeune veuve Violante, fille
du duc et prunelle de ses yeux irascibles, que d’en faire à son sujet.
    — Vous attendiez-vous à un tel message ?
    La question cherchait en réalité à savoir en quels termes se
trouvaient Leandro et ladite dame. Une question que Leandro s’imaginait lui
être posée dans une ambiance de tenailles chauffées au rouge, et non avec cette
inclinaison de tête interrogative.
    — La dame ne m’avait pour ainsi dire jamais parlé. Je n’aurais
jamais imaginé qu’elle se préoccupât de moi. Évidemment, je lui avais rendu
hommage. Comme beaucoup d’autres. Je lui écrivais des poèmes — une chose
parfaitement convenable. Cela ne signifie rien. Je n’ai jamais été au-delà
 – je n’attendais rien. Mais quand le message est arrivé, j’ai été
stupéfié. Je me suis senti… je ne sais pas. Je n’avais jamais songé qu’elle puisse
me prendre au sérieux. Mais comme je lui avais fait la cour, même si ça n’était
qu’un caprice de sa part, la galanterie m’obligeait à obéir ; et j’espérais
qu’elle avait vraiment l’intention de…
    L’estomac de Leandro se retourna. Il se demanda s’il n’allait
pas rendre à nouveau. L’effort de la réflexion lui était trop pénible.
    — Étant de haute noblesse, c’est à elle de choisir. Moi,
je ne suis qu’un fils de riche banquier.
    Le fils du riche banquier, affublé de son costume en toile
et filasse maculé de vomi, frissonna dans la paille crasseuse en

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