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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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emmêlés du jeune homme.
    — Aie confiance, dit-elle dans un souffle avant de se
détacher de lui.
    Angelo l’aida à se relever, devançant le geôlier, et, avec
une rapidité toute professionnelle, remit les voiles en place pour masquer son
visage au regard lubrique de Piero qui levait sa lanterne vers elle.
    — Plus de baisers, petit oisillon, jusqu’à ce que le prêtre
l’autorise. Vous en avez déjà eu plus qu’il n’est convenable, hé ? Vous
avez de la chance d’être tombé sur Piero. Il a le cœur si tendre pour les
oisillons en détresse. Oui, le cœur si tendre…
    Branlant la tête comme pour se féliciter de sa bonne nature,
Piero les poussa dehors, claqua la porte et fit tourner la clé dans la serrure
tandis que Leandro collait son œil au judas jusqu’à ce que le geôlier l’occulte.
    Cosima crut lire un tel espoir sur son visage que son cœur
fondit. Pauvre garçon qui avait eu l’infortune de naître Bandini…

 
CHAPITRE XVIII
« Vous vouliez vous évader, hein ? »
    L’obscurité tombait, le ciel était d’un vert intense au-delà
des collines et le mauve pâle du crépuscule printanier se déployait au-dessus
de Rocca lorsque Cosima, malgré sa fatigue, traversa pour la seconde fois les
rues de la ville en direction des prisons du château. Elle était cette fois
encore accompagnée d’Angelo, enveloppé comme elle d’un manteau pour se prémunir
du petit vent perçant du soir qui sifflait au coin des ruelles. Il y avait
autant de monde dans les rues que la fois précédente, mais Cosima fut frappée par
un sentiment de malaise ; partout des groupes conversaient à voix basse. L’homme
qui ouvrait la marche n’était plus Barley, mais Sigismondo, le capuchon rabattu
sur les yeux, drapé dans sa robe noire.
    Elle remarqua une chose étrange ; bien qu’il fendît la
foule avec une tranquille aisance, son allure se modifia et perdit de son
assurance à mesure qu’ils approchaient du palais ; ses épaules se
voûtèrent, comme s’il se protégeait d’avance contre ce qui allait survenir. Pour
la première fois, Cosima réalisa dans quelle situation périlleuse ils étaient
engagés ; une situation que même Sigismondo, en qui elle avait appris à
avoir aussi grande confiance que Benno, avait de bonnes raisons de redouter.
    À la porte, le garde n’était plus le même. Le cœur de Cosima
défaillit lorsqu’elle découvrit ce visage inconnu, mais il fut vite évident qu’on
les attendait. Le nouveau garde fut tout aussi charmé que le précédent par le
sourire d’Angela, et, après avoir accepté avec le même empressement le
pot-de-vin qu’ils lui remirent, les laissa aussitôt entrer. Son collègue, qu’ils
n’avaient pas vu non plus l’autre fois, voulut se faire payer d’un baiser d’Angela,
ce que cette dernière lui concéda volontiers. D’un claquement de langue le
prêtre les rappela à l’ordre et ils poursuivirent leur chemin, mais Cosima
ressentait une inquiétude croissante devant le pas hésitant de Sigismondo.
    — Attention aux marches, mon père. Elles sont rudes
pour un homme de votre âge.
    Le garde à l’humeur amoureuse paraissait un individu
sympathique mais, lorsqu’il tendit la main pour aider Sigismondo, Cosima récita
une muette prière pour qu’il ne sente pas, sous les plis du vêtement de laine, les
muscles d’acier du vieux prêtre. Elle comprit alors pourquoi la taille de
Sigismondo paraissait diminuée et son pas moins assuré : il devait prendre
l’air pitoyable et se dépouiller de toute allure menaçante.
    Elle se souvint qu’il avait dit avoir déjà rendu visite à Leandro
dans sa prison. Le geôlier était susceptible de le reconnaître. Le garde voulut
pincer les fesses d’Angela, ce qui lui valut en retour un petit coup de poing
maladroit bien féminin sur le bras. Il les laissa en haut de la dernière volée
de marches. Jupes relevées, Cosima descendit à pas prudents les degrés usés, en
essayant de se convaincre que si son cœur battait aussi fort, c’était en raison
des risques qu’ils couraient, et non à l’idée de revoir bientôt Leandro Bandini.
    Les ayant entendus, Piero attendait, lanterne levée à bout
de bras, avec la joyeuse humeur de mise pour un mariage. D’après la nouvelle
odeur qui s’ajouta à toutes celles flottant dans ces souterrains, il avait déjà
bu son pot-de-vin en l’honneur de la cérémonie à venir. Il accueillit
Sigismondo avec un respect qui, de sa part, vous

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