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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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aux yeux de l’opinion en tyran jaloux.
    Napoléon doit méditer, peser chaque argument.
    Il faut prendre Pichegru, puisqu’il est à Paris, dit-il. Puis il murmure :
    — Ah ! Réal, je comprends maintenant les choses ! Je vous ai déjà dit que vous ne teniez pas le quart de cette affaire-là.
    Il s’approche de Réal.
    Faut-il expliquer à Réal, s’il ne l’a pas compris par lui-même, que cette conspiration, en ce mois de février 1804, est le moment le plus grave peut-être depuis le 18 Brumaire, l’instant où la plus grande puissance commerciale du monde, l’Angleterre, répand son or sur la France pour que tous ceux qui me sont hostiles, m’attaquent, me tuent  ?
    — Eh bien, Réal, dit Napoléon. À présent même, vous n’en savez pas tout, mais vous n’en saurez pas davantage !
    Il doit rester seul.
     
    C’est une guerre. Il faut exploiter les fautes de l’adversaire. Moreau, cette fois-ci, s’est découvert. Il n’est plus seulement le général jaloux, le frondeur ironique, le mari solidaire d’une épouse envieuse, mais un conspirateur qui a pris langue avec l’assassin Cadoudal, agent des Princes, organisateur du complot de la machine infernale, et, avec le proscrit Pichegru, stipendié de Londres.
    Avec cela, Moreau est condamné.
    Si je le veux, je peux le briser. Il est dans mon poing. Ou il s’agenouille, ou il tombe .
     
    Il les a convoqués, ce 14 février 1804, au milieu de la nuit, pour un Conseil secret.
    Il attend qu’ils soient assis en arc de cercle dans la salle du Conseil, aux Tuileries.
    Cambacérès et Lebrun, les deux Consuls, se sont placés côte à côte. Régnier, le Grand Juge, est un peu à l’écart, et Fouché s’est installé à l’extrémité, loin de tous. Il sourit.
    Il sait déjà, sûrement, par Réal. Et peut-être savait-il même avant moi .
    Il faut être bref. Napoléon parle sur un ton saccadé. La conspiration est évidente. On recherche Pichegru et Cadoudal. On les prendra, morts ou vifs. Il reste la bande des exécuteurs, ceux qui veulent m’enlever, me tuer. Et il y a Moreau.
    Il se tait. Il attend. Il connaît la prudence de ces hommes. La lâcheté de certains d’entre eux.
    — Si on n’arrête pas Moreau…, commence-t-il d’une voix calme.
    Il se lève.
    — On dira, s’écrie-t-il, que j’ai peur de Moreau ! Il n’en sera point ainsi. J’ai été le plus clément des hommes, mais je serai le plus terrible quand il faudra l’être ; et je frapperai Moreau comme un autre, puisqu’il entre dans des complots, odieux par leur but, honteux par les rapprochements qu’ils supposent.
    Ils approuvent. Il fera donc arrêter Moreau.
    Il retient Régnier. On fera juger Moreau par le tribunal criminel de la Seine, et non par un Conseil de guerre.
    — On dirait que j’ai voulu me débarrasser de Moreau et de le faire assassiner juridiquement par mes propres créatures.
    Un pli amer cerne sa bouche. On l’accusera de toute façon de craindre en Moreau un rival.
     
    Il dort peu. Le matin du 15 février, il se rend dans la chambre de Joséphine. Il commence à jouer avec Napoléon-Charles, le fils de Louis et d’Hortense. Il caresse l’enfant. Il a cette lucidité un peu lasse qui succède aux nuits sans sommeil.
    — Sais-tu ce que je viens de faire ? dit-il. Je viens de donner l’ordre d’arrêter Moreau ; cela va faire un beau bruit, n’est-ce pas ? On ne manquera pas de dire que je suis jaloux de Moreau, que c’est une vengeance, et mille pauvretés de ce genre ! Moi, jaloux de Moreau !
    » Il me doit la plus grande partie de sa gloire… Je l’ai empêché vingt fois de se compromettre, je l’ai averti qu’on nous brouillerait, il le sentait comme moi, mais il est faible et orgueilleux, les femmes le dirigent.
    Napoléon a une moue de mépris.
    Les partis l’ont pressé.
    L’aide de camp apporte une dépêche. On a arrêté Moreau sur la route, non loin de sa propriété de Grosbois. On l’a conduit au Temple. Le général est resté calme.
    Napoléon froisse la dépêche.
    Moreau n’imagine pas les charges qui pèsent contre lui, les témoignages dont je dispose .
    Il faut avertir l’armée, prévenir la calomnie .
    Il dicte.
    « Au général Soult :
    « Moreau a été arrêté ; quinze ou seize brigands ont été également arrêtés. Les autres sont en fuite. On a saisi une quinzaine de chevaux et des uniformes dont on devait se servir pour m’attaquer sur la route de Paris à la

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