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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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projet de requête : Napoléon demandait l’annulation d’une bénédiction nuptiale célébrée en l’absence d’un prêtre – le curé de la paroisse – et de témoins.
    — Mais, observe l’un des abbés, tout Paris ne sait-il pas que le mariage religieux a été célébré dans les formes ?
    Cambacérès explique alors « que le samedi premier décembre 1804, veille du Sacre, Sa Majesté, prévoyant ce qui arrivait aujourd’hui, n’avait jamais voulu consentir que son mariage fût béni », mais que, « fatigué des instances de l’Impératrice, il avait dit au cardinal Fesch de leur donner la bénédiction nuptiale, et que le cardinal la leur avait donnée dans la chambre même de l’Impératrice, sans témoins et sans curé ».
    On devine la stupéfaction des quatre ecclésiastiques. Ainsi, le maître de l’Europe voulait faire croire qu’il avait été contraint et forcé d’épouser Joséphine ! Napoléon « violenté » ! C’étaient là habituellement les raisons invoquées auprès de l’Officialité par de timides jeunes filles... Pour rendre leur arrêt, les abbés firent comparaître les témoins. On entendit d’abord le cardinal Fesch qui raconta comment il avait béni clandestinement Joséphine et Napoléon après avoir demandé au Pape de lui permettre « de se servir des dispenses ». Il révéla, non sans embarras, que Joséphine, le 4 décembre – deux jours après cette cérémonie clandestine – lui avait demandé « un certificat de l’administration de cette bénédiction nuptiale » ; il avait fini, après vingt-deux jours de tergiversations, par consentir à cette demande et avait remis une pièce à l’Impératrice certifiant « à tous ceux qu’il appartiendra, que le Saint Sacrement de Mariage fut administré par nous à Leurs Majestés Napoléon Premier, et Marie-Joséphine-Rose Tascher Son épouse ».
    — Mais, ajouta prudemment Fesch aux enquêteurs de l’Officialité, quelle ne fut pas ma surprise, lorsque ayant dit ce que j’avais fait à l’Empereur, j’en reçus de très sévères reproches et qu’il me dévoila que tout ce qu’il avait fait n’avait d’autre but que de tranquilliser l’Impératrice et de céder aux circonstances ! Il me déclara qu’au moment où il fondait un empire, il ne pouvait pas renoncer à une descendance en ligne directe.
    Les enquêteurs se rendirent ensuite près de Berthier qui, en bon courtisan, afin de plaire à son maître, accusa en quelque sorte l’Empereur d’avoir sciemment trompé Joséphine, et d’avoir également berné l’Église en ayant rendu volontairement nulle la bénédiction de l’oncle Fesch. Duroc ne pouvait refuser à son cher empereur de faire une déclaration du même genre. Ancien prélat, Talleyrand – quatrième et dernier témoin – savait mieux que Berthier et Duroc la valeur d’une déclaration en cette matière. Il n’hésita cependant pas à soutenir la thèse de Cambacérès.
    L’Officialité de Paris n’avait plus qu’à se résigner et à déclarer que « le mariage entre Leurs Majestés devait être regardé comme nul et non valablement contracté et nul quoad foedus, faute de la présence du propre prêtre et de celle des témoins voulus par le concile de Trente et les ordonnances... »
    Pour expliquer cette opinion, le promoteur diocésain – l’abbé Rudemare – se lança dans un pénible distinguo : Selon lui, le cardinal Fesch « n’ayant demandé que les dispenses qui lui devenaient quelquefois indispensables pour remplir ses devoirs de grand aumônier, et n’ayant point particularisé et nominativement spécialisé les fonctions extraordinaires et curiales qu’il allait exercer auprès de Sa Majesté, n’a pu recevoir et n’a reçu ni la dispense des témoins ni les pouvoirs de se substituer au curé »...
    Ainsi, d’après le pauvre abbé, Pie VII avait ignoré de quelle dispense venait lui parler le cardinal, alors qu’il venait de recevoir l’aveu de Joséphine ! C’était prendre Sa Sainteté pour un imbécile... Bien plus, s’il fallait en croire Rudemare, empêtré dans cettemauvaise cause, le Pape avait été trompé – et trompé sciemment – par le cardinal Fesch !
    Quant à Napoléon, il avait induit tout le monde en erreur, y compris Joséphine – y compris aussi, aujourd’hui, l’empereur François d’Autriche, son « bon frère et beau-père »...

 
    XIII
 
JUPITER
    C’est un ventre que j’épouse !
    N

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