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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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devant l’Empereur qui, sous sa tente, à deux pas de la bergerie, lit les rapports et se rend compte qu’il n’a, ce soir, sous la main, que cent cinquante mille hommes à opposer aux deux cent dix mille combattants – les armées du Nord et de la Bohême ayant opéré leur jonction... Retraverser Leipzig, s’engager sur le pont et gagner le Rhin serait peut-être la seule solution pour éviter l’encerclement, mais Napoléon décide de maintenir ses positions.
    Le lendemain, c’est un dimanche, tout se borne à une intense canonnade, les heures s’écoulent étrangement calmes.
    « La journée s’est passée en repos, annonce Metternich à sa maîtresse, par la plus inconcevable faute de Napoléon ; il nous a permis d’attendre le prince royal (Bernadotte), Bennigsen et Colloredo. » Napoléon trouvera, en effet, le lendemain, cent dix mille hommes de plus en face de lui. L’adversaire comptera donc trois cent vingt mille combattants et les Français seront à un contre trois.
    Un général autrichien Merveldt – celui-là même qui était venu à Leoben demander l’armistice – a été fait prisonnier. Il dîne à la table des aides de camp de Napoléon et leur déclare :
    — Je vous plains, messieurs les Français, vous êtes enfermés dans une souricière.
    L’Empereur le fait venir et le charge de transmettre aux Alliés sa résolution d’accepter que la frontière de France soit portée sur le Rhin.
    Il est bien temps !
    Le 18 octobre, il fait encore nuit lorsque l’Empereur vient s’installer, près de Probstheyda, sur une butte, le Thonberg – à l’endroit où a été élevé aujourd’hui le Napoleonstein, une grande et lourde stèle surmontée du chapeau légendaire. L’état-major se tient dans le moulin à tabac, voisin de la butte. Le début de la matinée est aussi calme que la veille. L’ennemi a-t-il accepté les propositions rapportées par Merveldt ? Napoléon le croit... mais, bientôt, le feu des quinze cents canons alliés se déchaîne et le détrompe. Les armées ennemies enveloppent par trois côtés les forces impériales. Pour la première fois, Bernadotte, ex-maréchal de France, beau-frère du roi Joseph, combat l’Empereur. L’attaque est encore plus violente que l’avant-veille ! « Quoique les marches et les privations eussent affamé et accablé de fatigue les Français, rapportera le baron d’Odeleben, quoiqu’ils eussent leurs habits déchirés, ils combattirent néanmoins avec persévérance. »
    Cependant, les munitions commencent à manquer – on a tiré deux cent mille coups de canon – et il fallait s’y attendre, les Saxons passent à l’ennemi ! « Étonnée, surprise, la seconde ligne lâche pied, racontera Macdonald, et est poursuivie immédiatement par cette même première ligne qui, un instant avant, était sous nos drapeaux. » La Vieille Garde se porte sur la brèche, tandis que l’Empereur, « froid, réfléchi, concentré », mais « des symptômes de découragement sur son visage », se met lui-même à la tête de cinq mille cavaliers et fonce vers les Suédois et les Saxons qui reculent, épouvantés. Puis, à leur tour les Wurtembergeois se précipitent dans les bras de l’ennemi et retournent leurs armes contre les Français !
    Au soir, le bilan est terrible. Pour cette seule journée, Napoléon a perdu vingt mille hommes – morts, blessés ou prisonniers. Tandis qu’il va chercher le sommeil à Leipzig, à l ’Auberge des Armes de Prusse, l’armée ne quitte pas le champ de bataille. « Nous nous couchâmes tristement dans la boue, rapportera le Garde d’honneur Lambry dans son récit inédit, n’ayant pas seulement de paille pour nous coucher, puisque nous n’en avions pas même pour nos chevaux qui restèrent sellés et chargés : nous nouâmes leur longe à notre bras, et il fallut toute la fatigue dont nous étions accablés, pour nous endormir dans une si cruelle position. »
    Napoléon se décide à abandonner Leipzig et à ordonner la retraite. Une retraite qui s’effectue sous les boulets ennemis, d’abord par le seul pont enjambant l’Elster situé à gauche de l’église Saint-Paul, qui existe toujours, et ensuite par celui franchissant la Pratsch – deux ouvrages auxquels Lindenau, faubourg occidental de Leipzig, a donné son nom {26} . Le mouvement commence dans la nuit, au son des caissons de poudre que l’on ne peut emmener, faute de chevaux, et que l’on fait sauter. Cette

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