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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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même nuit, l’Empereur envoie l’ordre de regagner la France aux garnisons demeurées dans les villes allemandes.
    Mais ces cent mille hommes pourront-ils se replier ?
    Napoléon ne veut pas quitter Leipzig sans avoir fait ses adieux au roi de Saxe, atterré par la défection de son armée. Il est neuf heures du matin. Devant le palais, la garde royale saxonne présente les armes de mauvaise grâce. Elle aussi attend le départ des Français pour passer à l’ennemi. Napoléon fait semblant de ne s’apercevoir de rien et pénètre dans l’appartement du roi. « Il y resta environ vingt minutes qui parurent bien longues à tout son état-major, racontera Planat de La Faye ; à chaque instant des officiers arrivaient du pont de Lindenau, s’écriant que si l’Empereur tardait encore d’un quart d’heure il ne pourrait plus passer, tant étaient grands l’encombrement et la confusion qui régnaient sur ce pont. Enfin il arriva, monta à cheval et nous partîmes pour passer les ponts de Lindenau ».
    Pour les atteindre il lui faudra faire un long détour. Impossible de franchir la porte de Ranstadt encombrée au-delà du possible : Napoléon devra emprunter la porte Saint-Pierre, de l’autre côté de la ville. Il est tellement las que, monté au premier étage du moulin où se trouve l’état-major, il s’endort...
    Tandis que tonnent quinze cents canons, la retraite se poursuit par l’unique pont enjambant l’Elster. On se bat avec acharnement dans les faubourgs. On lutte presque poitrine contre poitrine, quatre cent cinquante mille hommes s’affrontent dans un espace de sept ou huit kilomètres de largeur.
    Une nouvelle catastrophe s’abat sur l’armée impériale. Les Hessois, alliés de Napoléon, abandonnent la grande rue aboutissant au premier pont, montent sur les remparts et commencent à faire feu sur les Français. « Cette nouvelle trahison acheva de décourager nos troupes, dira Macdonald, elles se replièrent en confusion et, malgré mes efforts pour rétablir l’ordre, elles m’entraînèrent avec elles. » C’est la panique. Un vrai sauve-qui-peut ! Dans un incroyable désordre l’armée impériale s’engage vers le pont de l’Elster. Les vaincus vont connaître maintenant l’ultime désastre : affolés en voyant les troupes ennemies apparaître au loin dans la grande rue, les sapeurs du génie font sauter l’ouvrage. Une immense clameur de désespoir couvre le bruit de la bataille : douze ou quinze mille hommes de l’arrière-garde se trouvent encore dans la ville. Certains essayent de traverser la rivière en se jetant à l’eau, mais la plupart se noient sous les yeux de leurs camarades...
    Ainsi – par cette nouvelle perte – s’achève la bataille des Nations où dix peuples rassemblés se sont battus sous le commandement de trois empereurs et d’un roi – sans parier du prince royal Bernadotte qui fait son entrée dans Leipzig sur « son cheval drapé de velours violet et chamarré d’or, empanaché aux couleurs suédoises, un sceptre de parade à la main », en s’attribuant la victoire. La sainte cause a triomphé, ainsi que l’annonce Metternich, ivre de joie.
    L’explosion n’a pas tiré l’Empereur de son sommeil. Murat et Augereau viennent le réveiller pour lui annoncer la terrible nouvelle.
    « Il ne restait donc qu’à combattre, dira-t-il plus tard, et chaque jour, par une fatalité ou une autre, nos chances diminuaient ! »
    Napoléon prend la route d’Erfurt. Derrière lui, les maréchaux accablés marchent en grondant :
    — Est-ce que le bougre sait ce qu’il fait ? lance Augereau à Macdonald. Ne vous êtes-vous pas aperçu déjà, n’avez-vous pas remarqué, dans ces derniers événements et dans la catastrophe qui les a suivis, qu’il a perdu la tête ? Le lâche, il nous abandonne, nous sacrifiant tous...
    Avec cent dix mille hommes sortis de l’enfer de Leipzig, – dont un tiers suit à la débandade — Napoléon se dirige vers le Rhin, talonné par l’ennemi qui n’ose cependant attaquer les vaincus. Tous, sauf la Garde, marchent en désordre et des images de l’année précédente – moins le froid et la glace – se présentent de nouveau aux regards de l’Empereur. On continue à abandonner les bagages. « On voyait, raconte notre Garde d’honneur sarrois, brûler les voitures magnifiques des maréchaux d’Empire, et même quelques-unes de celles de la Couronne, à côté des charrettes de toute

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