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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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espèce qui avaient servi jusque-là à transporter les effets et les blessés... »
    Le 23 octobre, Napoléon arrive à Erfurt où il demeure jusqu’au surlendemain afin de mettre de l’ordre dans son armée et d’organiser la retraite vers le Rhin. Il n’ignore pas que les Bavarois – ses alliés de la veille – vont tenter de lui barrer la route, tandis que les vainqueurs de Leipzig se précipitent déjà vers les garnirons françaises de Dresde, de Hambourg, de Dantzig et de Cassel. Quant à Blücher, il essaye de gagner de vitesse Napoléon afin de l’attaquer au défilé d’Eisenach.
    Et l’on repart. Il faut marcher plus vite que Blücher ! « Ce fut pendant cette marche, écrit le Garde d’honneur Lambry, que j’eus le douloureux spectacle de la déroute plutôt que de la retraite de cette armée française, naguère si belle et si puissante. Parvenu au sommet d’une haute montagne, dont le revers se prolongeait à perte de vue, par une pente presque insensible, et formait une plaine immense, je vis toute l’armée dispersée, les uns marchant d’un côté, les autres d’un autre, sans que l’on pût distinguer une seule Compagnie réunie... Plus nous avancions, écrit-il encore deux jours plus tard, et plus la route se couvrait de cadavres d’hommes et de chevaux. Des malheureux, mourant de faim, sans souliers, les habits en lambeaux, se traînaient péniblement sur des bâtons. Leur figure blême, décharnée, et jaunie par la fumée du bivouac, leur donnait plutôt l’air de spectres que de soldats. »
    « Napoléon est en pleine retraite, annonce Metternich à la duchesse de Sagan, et une bien difficile retraite. Il est pris de toute part. Moi je commence à croire que je serais meilleur général que lui. »
    Napoléon semble vouloir lui donner un démenti et, avec son armée devenue une horde, il décide de livrer bataille. Cinquante-deux mille Autrichiens et Bavarois veulent l’empêcher de gagner le Rhin.
    Il faut passer coûte que coûte !
    Cependant, en arrivant devant Hanau, Napoléon n’a plus avec lui que quinze mille hommes. Le reste, parmi lequel il n’y a guère que trente mille combattants, a du mal à suivre. Mais la Garde est là, près de son chef. De la boue jusqu’aux genoux, elle court au combat. Les hommes, en passant devant l’Empereur, l’acclament, tandis que lui, impassible, leur lance :
    — Courage, mes enfants ! Courage !
    Certains témoins prétendent que ce jour-là, le 30 octobre, Napoléon avait l’air brisé, apathique et égaré.
    Les boulets tombent dru autour de lui. « Il y en eut même un, raconte un officier de l’état-major, qui éclata derrière son cheval, auquel il fit faire un saut en avant. Napoléon ne se dérangea pas, donna une saccade à son cheval et dit :
    — Eh, eh ! celle-là était près !
    « Puis il continua à fredonner je ne sais plus quelle petite chanson dont nous entendions par-ci par-là quelques paroles... ».
    Il appelle Cambronne :
    — Combien avez-vous de chasseurs à pied de la Vieille Garde ?
    — Sire, dix-huit cents.
    — Vous allez vous mettre à leur tête et forcer la ferme où les Bavarois sont au nombre de dix mille hommes, je vous donne deux heures pour cette opération.
    En moins d’une heure, Cambronne déloge les Bavarois de leur position. Les ruches à miel – nom que l’ennemi donne aux bonnets d’ourson des grenadiers et chasseurs de la Vieille Garde – s’avancent. Us ne tirent même pas un coup de fusil et abordent l’ennemi à la baïonnette.
    Bientôt, les aides de camp galopent, tout joyeux, vers l’Empereur.
    — Sire, lui annoncent-ils, la victoire est complète.
    Comme le dit le cher Coignet : « Sa Majesté eut encore une journée de bonheur. » Hanau est enlevé. La trouée est faite. Le soir, l’Empereur loge à Francfort. Le lendemain – premier novembre –, il est à Mayence. Il y demeurera jusqu’au 7.
    Pour les Alliés, en dépit du dernier succès impérial, l’heure de la curée est venue et l’hallali va sonner. Trois jours avant la bataille de Hanau, Metternich écrivait à Wilhelmine de Sagan : « L’ennemi est dans une déconfiture complète. Dans quel état doit être cet homme qui naguère au faîte de la grandeur, voit se briser sous ses mains les ressorts d’une aussi immense création ! S’il a le souvenir du passé, le sentiment du présent et s’il est capable de la crainte de l’avenir, dans quel état doit être cette

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