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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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âme si forte et si faible ! Combien de fois ne doit-il pas penser à un certain 25 juin où dans un entretien de neuf heures je lui ai prédit cette chute terrible jusque dans les moindres détails : la défection de ses alliés, la perte de son armée, la destruction de l’édifice monstrueux que j’ai toujours vu bâtir sur du sable mouvant... Il est certainement en proie à un sentiment vil et bas ; c’est le criminel qui en montant sur l’échafaud regrette de ne pas avoir volé plus. »
    Dans une autre lettre découverte, elle aussi, ces derniers temps et écrite le 2 novembre, il traitera l’Empereur d ’Avanturier – faute d’orthographe comprise ! M. de Metternich avait bien oublié ces jours-là qu’il avait levé son verre, le soir du mariage de Marie-Louise, « à la santé du roi de Rome ! » Après tant de bassesse, les injures dont il couvre un ennemi malheureux sont abjectes.
    Napoléon est parvenu à grouper autour de lui soixante mille hommes. Soixante mille hommes qu’il va placer en « rideau » le long du Rhin et dont un tiers sera mis hors de combat par le typhus. Avec angoisse, il fait ses comptes. Sur les quatre cent mille soldats qu’il possédait au début de la campagne, il ne subsiste plus que quarante mille hommes. Le reste de l’armée impériale est mort, blessé, prisonnier, assiégé ou erre à la dérive. Napoléon a eu trop confiance en son étoile. Trop tard, il a donné l’ordre aux cent mille hommes enfermés dans les places allemandes, de quitter leurs garnisons et de venir le rejoindre. Ils demeureront encerclés et résisteront héroïquement jusqu’à la fin de l’Empire. Cent mille hommes qui vont tant lui manquer pendant la campagne de France !
    Pourquoi les Alliés ne se précipitent-ils pas sur les talons de l’Empereur ? Sans doute ont-ils peur de la résistance des provinces françaises ? Sans doute croient-ils encore Napoléon plus fort qu’il ne l’est réellement ? Peut-être, avec sagesse, estiment-ils préférable de regrouper leurs forces, de reformer leurs troupes, afin de passer à l’offensive ?
    Blücher, bien à contrecoeur, a été obligé d’arrêter sa marche et, dans une violente diatribe, s’en prend à Metternich :
    — Le Metternich ! Le million de chiens, le gueux ! qui mériterait d’être pendu ! Il nous tient tous à la corde et en laisse. Ah ! malheur ! Il voudrait sauver le Bonaparte naturellement ! N’est-il pas pour ainsi dire le beau-frère de ce coquin de Corse !
    Pendant ce temps, à Francfort, les Alliés vont palabrer et mettre au point leurs conditions. Faudrait-il laisser à la France la frontière du Rhin ou seulement ses anciennes limites de 1792 ? Bernadotte a, quant à lui, un point de vue précis et personnel, à la fois sur le problème et sur l’ancien fiancé de sa femme :
    — Bonaparte est un coquin, vocifère-t-il, il faut le tuer, tant qu’il vivra il sera le fléau du monde. Il ne faut plus d’empereur, ce titre n’est pas français ; il faut à la France un roi, mais un roi soldat. La race des Bourbons est une race usée qui ne remontera jamais sur l’eau. Quel est l’homme qui convient mieux que moi à la France ?
    Bernadotte a choisi un chemin – ce n’est pas celui de l’honneur – sur lequel Murat est de plus en plus tenté de s’engager. La non-belligérance ne suffit plus au beau-frère de l’Empereur... Il sollicite de Napoléon la permission de regagner son royaume pour réorganiser son armée et, précise-t-il, afin de pouvoir mieux ainsi aider l’Empereur. Napoléon n’est point dupe. Il n’ignore pas que Murat a confié à Ney que si son impérial beau-frère « ne faisait point la paix, il s’allierait avec ses ennemis ».
    — Vous qui avez été son ministre, demande-t-il à un familier du roi de Naples, vous qui l’avez approché longtemps, le croyez-vous capable d’une telle conduite ?
    — Je pense, Sire, que le roi fera tout au monde pour conserver son royaume.
    — Mais enfin, s’exclame Napoléon, c’est moi qui l’ai fait roi de Naples, c’est à sa femme qu’il doit son royaume. S’il n’avait pas été mon beau-frère, je n’aurais jamais pensé à lui, tous les autres maréchaux avaient autant de droits que lui, je ne puis croire à tant d’ingratitude de sa part.
    Une vague de trahison submerge l’Empereur... Ney lui-même, au paroxysme de la lassitude, ose élever la voix :
    — Il est temps d’en finir, il est

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