Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
Dresde. Mais, au dernier moment, il renoncera à cette force qui va terriblement lui manquer lors de la bataille des Nations. Il se privera aussi de l’aide des vingt-cinq mille soldats de Davout demeurés à Hambourg, des quinze mille combattants de Gérard immobilisés à Magdebourg et des dix mille Français disséminés dans d’autres places allemandes.
    Finalement, l’Empereur – en choisissant le chiffre le plus optimiste – n’aura que cent quatre-vingt-cinq mille Français et alliés à opposer aux trois cent soixante mille coalisés. Il n’en considère pas moins cette situation désespérée avec sang-froid... Mais les maréchaux et les généraux entrent presque en rébellion lorsque Napoléon leur annonce son intention de passer à l’attaque et de remonter vers Berlin.
    — Mon vieil Augereau, constate Napoléon en s’adressant au duc de Castiglione, vous n’êtes plus l’Augereau de Castiglione.
    Presque brutalement, celui-ci réplique :
    — Sire, je serai l’Augereau de Castiglione quand vous me rendrez les soldats d’Italie !
    Le mardi 12 octobre, une toute dernière et terrible information arrive au quartier général de Düben – une demeure mélancolique entourée de plans d’eaux : la Bavière abandonne la Confédération du Rhin et se joint à l’ennemi. Napoléon, assis mélancoliquement sur un sopha, paraît soudainement amorphe. Quand il va prendre place à table, Fain, stupéfait, le voit couvrir machinalement de grosses lettres une feuille de papier blanc. Il doit cependant sortir de cette torpeur pour affronter les maréchaux qui profitent de la volte-face bavaroise pour le persuader de modifier son plan. Ce n’est point sur Berlin qu’il faut se diriger, mais forcer la barrière de l’Elbe qui permettra à l’armée de rejoindre le Rhin – et la France.
    Macdonald lui déclare même sans ménagement :
    — Sire, vous n’avez plus d’armée, il n’y a plus que des malheureux mourant de faim... Vous avez tout perdu, vous n’avez plus qu’à songer à la paix.
    Murat, qui a déjà signé en secret avec les Alliés l’abandon de la cause de son beau-frère, ne veut se battre, lui aussi, que dans la direction de Mayence. Le jeudi 14 octobre, Napoléon s’incline :
    — Ils l’ont voulu ! soupire-t-il.
    Et il donne l’ordre à l’armée de marcher sur Leipzig, cette armée avec laquelle il espère encore vaincre les forces alliées qui, après la défection de la Bavière, se montent à plus du double des siennes.
    Le capitaine de Gauville le vit ce jour-là devant Leipzig, vers cinq heures du soir : « Il ne voulut point entrer dans la ville. Mais auprès d’une des portes, dans un champ, il se fit apporter un fauteuil et une table sur laquelle il étendit ses cartes. Il donnait ses ordres à un grand nombre d’officiers d’état-major et de généraux qui venaient les recevoir les uns après les autres... Une douzaine de factionnaires formaient le cercle à cent pas de lui ; il avait son chapeau sur la tête et, souvent, par des mouvements d’impatience marquée, il donnait des coups de pied aux tisons d’un petit feu, qu’on avait fait auprès de lui. Chacun entrait dans le cercle chapeau bas et s’en retournait avec ses instructions... ».
    Le lendemain, il passe la journée à parcourir en reconnaissance le prochain champ de bataille de Leipzig. Aux jeunes soldats d’Augereau, il demande :
    — Jurez de mourir plutôt que de souffrir que la France subisse un affront.
    — Nous le jurons ! Nous le jurons ! crient les conscrits de 1813... Vive l’Empereur !
    Le 16 octobre se déroule, à Wachau, la première et terrible journée de la bataille de Leipzig – ou des Nations. Non loin du bourg, Napoléon dirige le combat, du haut du monticule du Galgenberg, où un monument sera élevé quarante-cinq ans plus tard. Les positions sont prises et reprises. La terre ne cesse de trembler. On se bat avec un acharnement encore jamais atteint. Napoléon jette toute sa cavalerie dans l’action, mais les cosaques et les hussards du tsar réussissent à repousser Murat, qui se bat cependant comme un lion.
    — Vraiment, murmure le tsar, notre nouvel allié cache trop bien son jeu !
    Sans doute s’est-on partout maintenu, mais ce premier jour, Napoléon a perdu vingt-six mille hommes... Tout l’état-major, réuni dans la bergerie de Meisdorf, ne pense qu’à l’inévitable retraite, mais personne ne se hasarde à prononcer le mot fatidique

Weitere Kostenlose Bücher