Napoléon
rire – cette note : « S.M. le roi, après être parvenu au plus haut degré de gloire militaire, a conçu le noble et sublime dessein de se mettre à la tête d’une armée puissante pour garantir, dans cette lutte sanglante, la tranquillité de l’Italie méridionale et concourir aux vues des Puissances coalisées, pour une pacification universelle et durable. »
Lorsque Napoléon apprend l’incroyable traîtrise, il se promène « à pas précipités dans son salon »...
— Murat ! mon beau-frère ! s’exclame-t-il. Murat ! En pleine trahison ! Je savais bien que Murat était une mauvaise tête, mais je croyais qu’il m’aimait. C’est sa femme qui est la cause de sa défection – Caroline, ma soeur, me trahir ! Murat fait, tirer des coups de canon sur des Français ! C’est abominable ! C’est odieux ! Le voilà le Bernadotte du Midi !
Mais il lui faut maintenant mettre un point final à l’emprisonnement de Pie VII. La félonie de Murat fournira un prétexte honorable pour ouvrir les portes de Fontainebleau.
— Très Saint-Père, annonce M. de Beaumont au Pape, je me suis rendu auprès de Votre Sainteté pour lui faire connaître que le roi de Naples ayant conclu avec la coalition une alliance dont il paraît qu’un des objets est la réunion de Rome à ses États, Sa Majesté l’Empereur et Roi a jugé conforme à la véritable politique de son empire et aux intérêts du peuple de Rome de remettre les États romains à Votre Sainteté. Elle préfère les voir entre les mains de Votre Sainteté plutôt qu’entre celles de tout autre souverain quel qu’il soit.
En échange, Napoléon espère bien que le Pape reviendra sur la transaction de l’année précédente. Mais c’est faire un peu trop vite abstraction de l’énergie extraordinairement chevillée au corps, du vieillard :
— Dieu sait les larmes que j’ai répandues sur le prétendu concordat que j’ai eu le malheur de signer, répond-il ; j’en porterai la douleur jusqu’au tombeau et c’est un sûr garant que je ne serai pas trompé une autre fois.
Regagner l’Italie est désormais son seul désir :
— Il est possible que mes péchés me rendent indigne de revoir Rome, mais soyez sûr que mes successeurs recouvreront les États qui leur appartiennent.
Les nouvelles venues du Rhin sont mauvaises. Le 1 er décembre un émissaire officieux – M. de Saint-Aignan – est venu apporter des propositions émanant de Francfort : la France devait rentrer dans ses limites naturelles. Caulaincourt a aussitôt répondu à Metternich : « C’est avec une vive satisfaction que je suis chargé et autorisé par l’Empereur mon maître, de déclarer à Votre Excellence que Sa Majesté adhère aux bases que M. de Saint-Aignan a communiquées. Elles entraîneront de gros sacrifices de la part de la France ; Sa Majesté les fera sans regret... »
Cependant, le 4 décembre, les Alliés, par une déclaration antidatée du 1 er décembre, afin de laisser croire qu’ils n’ont pas reçu de réponse aux propositions portées par Saint-Aignan, annoncent la reprise des hostilités. Pour la première fois, l’ennemi fait un distinguo entre l’Empereur et l’Empire : « Les Puissances alliées ne font point la guerre à la France, mais à cette prépondérance que, pour le malheur de l’Europe et de la France, l’empereur Napoléon a trop longtemps exercée hors des limites de son Empire. Les Souverains désirent que la France soit grande, forte et heureuse... Les Puissances confirment à l’Empire français une étendue de territoire qu’il n’a jamais connue sous ses rois. »
Dans quelques jours, il ne sera même plus question d’empire. Seuls les Bourbons, ainsi que le constatera La Besnardière, ministre intérimaire des Affaires étrangères, pouvaient offrir une garantie au retour de la France dans ses anciennes limites. Napoléon le reconnaîtra alors lui-même :
— Croyez-moi, prédit-il, si je viens à être tué, ma succession, à présent, ne sera pas dévolue au roi de Rome. Au point où les choses sont venues, il n’y a qu’un Bourbon qui puisse me succéder.
Cependant, en dépit de ses pronostics, il espère encore l’impossible. Tout est-il vraiment perdu pour la dynastie ? Si Napoléon doit disparaître de la scène, le roi de Rome, avec l’appui de l’Autriche, ne pour-rait-il demeurer son successeur ?
Les ponts ne sont pas coupés entre Marie-Louise et son père.
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