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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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temps de l’empêcher, après avoir perdu l’armée, de perdre la France.
    Dans quelques jours, à Cologne, le roi Jérôme qui s’imagine, lui aussi, pouvoir conserver son royaume, déclarera avec inconscience :
    — Je vois des traîtres comme ce roi de Suède (sic) affermis sur leur trône... Je pourrais repasser le Rhin aujourd’hui, je pourrais retourner dans mes États, j’y serais bien reçu !
    Napoléon refuse d’écouter les criailleries de ces pygmées. Il ne pense qu’à la prochaine campagne. « Je compte, a-t-il écrit à Clarke, que vous porterez la fabrication à vingt-six mille fusils par mois et que vous aurez réparé les quatre-vingt-dix mille fusils qui sont à réparer. » En janvier 1814, il n’y aura cependant, pour les nouveaux conscrits – les « Marie-Louise » – qu’un fusil pour deux...
    Le 7 novembre, Napoléon quitte Mayence et tourne le dos au Rhin pour la dernière fois.
    Il va chercher des hommes...
    — Il me faudrait cent hommes comme cela ! a-t-il dit, en frappant la poitrine de Drouot.
    — Non, Sire, avait répondu gravement le sage de la Grande Armée, vous vous trompez. Il vous en faudrait cent mille...

    Ces dix semaines qui vont suivre – du mardi 9 novembre au mardi 25 janvier – seront les dernières au cours desquelles Napoléon reprend sa vie de souverain se partageant entre Saint-Cloud et les Tuileries. Réceptions, visites, inspections, audiences, séances du Conseil des ministres, du Conseil d’État, du Conseil des Finances, se succèdent. Il continue à s’occuper des moindres détails de l’Empire blessé et active, par cent ordres divers, les grands travaux commencés.
    — Nous avons fait de grandes pertes, cette année, déclare-t-il à Rémusat.
    — Oui, Sire, mais le génie de Votre Majesté réparera tout.
    — Il est bien question de cela ! C’est de la perte de Mme Barelli, la fameuse cantatrice de l’Opéra, dont je vous parle.
    Napoléon paraît fou aux yeux de certains – fou d’inconscience. Il est étonnamment calme alors qu’il a toute l’Europe déchaînée et acharnée contre lui. Il est bien loin de penser que dans quatre mois il sera contraint d’abdiquer.
    — Il faut, ordonne-t-il au Conseil d’État, dissoudre le triumvirat qui partagea autrefois la Pologne et qui vient de se reformer avec l’audacieux projet de nous faire éprouver le même sort. Vous parlez trop de paix, messieurs. Je le vois bien, nous ne sommes pas des Romains ! Voulez-vous donc descendre du rang où j’ai placé la France, voulez-vous donc redevenir une simple monarchie et n’être plus un empire ?
    Ils veulent surtout la paix.
    Il n’a même pas tressailli en apprenant que les Hollandais se sont révoltés aux cris de : Vive les Alliés ! Vive Orange ! Déjà les forces françaises – fortes seulement de deux mille hommes – ont évacué le pays à l’arrivée du corps de Bülow. Guillaume d’Orange – le fils du dernier stathouder – suit dans les bagages prussiens.
    Quelques jours plus tard, Napoléon rend l’Espagne à Ferdinand – à la condition que les Cortés veuillent bien donner leur accord. Elles le donneront !... Et c’est au tour de Joseph de jouer au roi indépendant. Il écrit à son frère pour lui demander de négocier avec lui un traité « au sujet des compensations » qu’il demande pour son trône qui lui a été « retiré ». « Je désire, ajoute-t-il avec une extravagance totale, que Votre Majesté trouve bon de charger un de ses ministres de s’entendre sur cet objet, avec M. le duc de Santa-Fé, mon ministre des Relations extérieures. »
    Joseph se considère comme l’aîné et a des prétentions en cette qualité. Napoléon hausse les épaules :
    — Aîné, lui ? Pour la vigne de notre père, sans doute ?
    Quant à Murat, à la suite d’un ultimatum de Metternich apporté par Neipperg – le futur époux de Marie-Louise – et après quatre jours de temporisations, il met un terme à une année de négociations secrètes avec l’Autriche.
    Le traité est bientôt signé : le roi de Naples acceptait de mettre à la disposition des Alliés un contingent de cinquante mille hommes et s’engageait à ne conclure la paix que d’accord avec l’Autriche ; il renonçait en outre à son royaume – l’Angleterre l’exigeait – à condition que lui soit accordé, en compensation, un territoire de quatre cent mille âmes en Italie. Et Le Moniteur napolitain publie – sans

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