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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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du lundi 25 janvier. Il gèle et la neige recouvre le sol. Aux relais, les femmes et les enfants se groupent autour de la voiture, tandis que les hommes transformés à la hâte en gardes nationaux, veillent sur les routes, croyant à chaque instant voir surgir les cosaques.
    Le soir, l’Empereur couche à la préfecture de Châlons. Les nouvelles sont catastrophiques : Schwarzenberg se dirige vers Troyes, poussant devant lui la Vieille Garde ; Blücher, qui vient d’occuper Saint-Dizier, s’avance en crabe vers l’Aube ; les avant-postes français sont à Vitry et, déjà, des fuyards s’infiltrent dans la grande rue de Châlons.
    Mais il est là ! Sans tarder, Napoléon dicte : « On annoncera à l’armée que l’intention de l’Empereur est d’attaquer demain. »
    Napoléon n’est parvenu à rassembler que trente-trois mille hommes à Châlons, trente-trois mille hommes aussi épuisés moralement que physiquement ! En face de l’Empereur : les deux cent vingt mille combattants ennemis sont réunis. Leurs chefs s’entendent peut-être mal, mais tous se croient déjà à Paris et sont à cent lieues d’imaginer que Napoléon va foncer sur eux.
    Ayant bousculé et battu une division russe, laissée par Blücher à Saint-Dizier, l’Empereur apprend que le général prussien se dirige vers Brienne à la tête de trente mille hommes. Napoléon décide d’engager l’action avec seulement dix-huit mille combattants ! Le reste de ses forces rejoindra plus tard.
    Brienne ! Les souvenirs lui remontent au coeur en foulant cette terre que l’ancien cadet a si souvent parcourue ! Près de Mézières, le curé du village s’avance vers lui. C’est le Père Henriot, ancien professeur minime de l’École militaire.
    — Mon Père, s’écrie Napoléon, vous allez me servir de guide !
    Et le prêtre enfourche le cheval de Roustam.
    Blücher a violemment réagi. Sans un heureux coup de pistolet tiré par Gourgaud, un cosaque aurait transpercé, ce jour-là, Napoléon de sa lance. Mais, grâce à une violente contre-offensive impériale, l’ennemi est obligé d’abandonner précipitamment la place et se retire vers Bar-sur-Aube où les Prussiens espèrent retrouver Schwarzenberg.
    Lui, entre dans le château des Loménie, cette belle demeure où il a été reçu étant enfant, où il a passé une nuit alors qu’il partait pour l’Italie se faire couronner. La table est encore mise – préparée pour Blücher et son état-major. « Dans la bibliothèque, raconte le général Grabowski, tout était sens dessus dessous. Le parquet et les tables étaient jonchés d’animaux empaillés, grenouilles, serpents, aigles, et de monstres extraordinaires parmi lesquels un enfant à deux têtes ; le cabinet d’histoire naturelle était dans un état pitoyable. Cette scène de destruction me surprit ; en même temps j’étais saisi par une violente odeur d’alcool et de camphre. Les bocaux étaient vides ou brisés... » Cet alcool, les occupants l’avaient bu...
    — Oh ! les cochons, les cochons ! s’exclame Napoléon en voyant le spectacle.
    De la terrasse, il regarde la vue qu’il connaît si bien. Le champ de bataille du lendemain est là, sous ses yeux :
    — Qui m’aurait dit autrefois que je devrais me battre ici, contre les Russes et les Prussiens !
    Napoléon a appelé à lui Marmont et Gérard. Il a maintenant ses trente-trois mille hommes sous la main, mais Blücher a reçu, lui aussi, des renforts. Les Prussiens sont cent cinquante mille et attaquent ! La bataille de la Rothière se déroule le 1 er février sous des rafales de neige. La disproportion des forces est telle que les Français doivent bientôt battre en retraite ! Quatre mille soldats de l’Empereur ont été tués et l’ennemi a fait deux mille prisonniers.
    La nuit tombe. De sa chambre, l’ancienne chambre du Roi, au premier étage du château, Napoléon voit les feux des alliés entourer, en un vaste croissant, les bivouacs de la petite armée française. On laisse ceux-ci allumés, on attise même les tisons et, sur la pointe des pieds, l’armée plie bagages... Au réveil, Blücher – déjà surnommé « le héros de la Rothière » – s’aperçoit que les vingt-sept mille Français ont disparu.
    Méconnaissable, couvert de boue, Napoléon entre dans Troyes et va loger rue du Temple, chez le maire Duchâtel-Berthelin. Pas d’acclamations ! Pas de cris... Mais, avant de repartir sur les grands

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