Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
Vom Netzwerk:
passe avant le patriotisme ! L’Empereur ne s’en trouve pas moins « seul en face de l’Europe », ainsi qu’il le reconnaît au cours d’une conversation avec Davout. Telle est, en effet, sa « situation » – une situation tragique. Il le sait, les Alliés ne s’inclineront pas devant l’éblouissant vol de l’Aigle – même si Napoléon acceptait les frontières imposées à la France l’année précédente. Sans se faire beaucoup d’illusions, il essaye d’abord d’apitoyer l’empereur François en faisant vibrer la fibre grand-paternelle. Tout ce qu’il va tenter pour consolider et affermir son trône, tous ses efforts tendent à pouvoir remettre un jour son héritage, écrit-il à François, « à l’enfant que Votre Majesté a entouré de ses bontés paternelles ». Pour atteindre ce « but sacré », il lui faut la paix. Puis il poursuit en affirmant connaître trop bien les « principes » de son « cher frère et cher beau-père » pour ne pas douter qu’il sera « empressé de concourir à accélérer l’instant de la réunion d’une femme avec son mari et d’un fils avec son père ». Et Napoléon terminait ^a lettre en parlant à François « de cette réunion désirée qui ne tardait pas moins à l’impatience de cette vertueuse princesse. »
    Mais la « vertueuse princesse » s’était précipitée toute apeurée dans les bras de son amant Neipperg en reniant officiellement l’homme qu’elle prétendait adorer quelques mois plus tôt. Marie-Louise proclamait qu’elle était « fâchée contre la personne », qui, en quittant l’île d’Elbe, avait exposé le sort de son fils. Elle déclarait à l’empereur François qu’elle ne connaîtrait désormais d’autre volonté que la sienne. Après avoir trahi le père, elle acceptait de livrer l’enfant à la police autrichienne. Le « prince François-Charles » devait être transféré d’urgence à Schoenbrunn où la surveillance serait infiniment plus aisée qu’à la Hofburg dont une partie des bâtiments étaient presque mitoyens avec tout un quartier de la ville. Le baron Hager, président de la police, n’en tremblait pas moins que l’Aiglon ne s’échappât de sa cage et faisait adresser à tous les postes de douane et à tous les bureaux de la vaste mosaïque autrichienne le signalement du « petit de Mme l’Archiduchesse ». Nous savons ainsi que l’enfant était grand pour son âge, que son visage était très doux, ses joues pleines, ses yeux bleus, son petit nez « retroussé avec des narines bien ouvertes », la bouche petite, les lèvres légèrement avancées « coupées par une fossette » et de longs cheveux blonds dorés tombant en grosses boucles sur les épaules...
    Napoléon, lui, ne pouvait que rêver devant les portraits de son cher petit roi, tandis que l’on chantonnait cruellement à Paris :
    Ah ! dis donc, Napoléon,
A n’revient pas ta Marie-Louise !
    Malgré tout, il espérait-
    Un jour Napoléon apprit la tragique vérité en obligeant La Valette à lire devant lui une lettre dont ce dernier ignorait le contenu et qui lui avait été envoyée de Vienne par Méneval. Le secrétaire de l’Empereur écrivait au maître des Postes « qu’il ne fallait pas compter sur l’impératrice ; qu’elle ne cachait pas sa haine pour l’Empereur et qu’elle était disposée à approuver toutes les mesures qu’on allait prendre contre lui... » Méneval précisait, en outre, qu’il ne pouvait retenir son indignation : « L’impératrice, livrée à Neipperg, ne prenait même plus le soin de cacher son goût bizarre pour cet homme qui était autant maître de son esprit que de sa personne... »
    C’était fini. Plus jamais il ne la reverrait...

    L’Empereur avait également envoyé une circulaire aux souverains de Russie, de Prusse et d’Angleterre en tentant de leur expliquer que la Restauration, cette « dynastie que la force avait rendue au peuple » n’était plus faite pour la nation française. Il le soutenait : « Les Bourbons n’ont voulu s’associer ni à ses sentiments ni à ses moeurs ; la France a dû se séparer d’eux. Sa voix appelait un libérateur. » Ce « Libérateur » ne pouvait être que Napoléon : « Assez de gloire a illustré tour à tour les drapeaux des diverses nations, poursuivait-il ; les vicissitudes du sort ont assez fait succéder de grands revers aux grands succès, une plus belle arène est aujourd’hui

Weitere Kostenlose Bücher