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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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autrefois.
    Un lourd silence règne. On n’entend, dans la cour, que les hennissements et les pas des chevaux de l’escorte.
    La porte s’ouvre.
    Un huissier paraît, portant deux flambeaux..., puis, le roi, soutenu par Blacas et le duc de Duras, premier gentilhomme de la Chambre. « Comme par un mouvement spontané, a écrit un témoin, nous tombâmes tous à genoux en pleurant, les uns saisissent ses mains, les autres, ses habits ; nous nous traînions sur les marches de l’escalier pour le considérer, le toucher de plus près. Ce ne sont que gémissements et sanglots »... et, au loin, les cris de Vive le roi, poussés par ceux qui ne peuvent approcher.
    — Mes enfants, murmure le vieux souverain, en grâce, épargnez-moi, j’ai besoin de force. Je vous reverrai bientôt...
    Les pleurs redoublent, Louis XVIII commence à perdre son calme.
    — Je l’avais prévu, murmure-t-il à Blacas, je ne voulais pas les voir. On aurait dû m’épargner cette émotion !
    Non sans peine, traversant toute une foule de fidèles, le roi, toujours soutenu par ses deux compagnons, arrive près de sa voiture et s’assied dans le fond de sa berline. Il fait un dernier geste d’adieu. Entouré de gardes du corps, la voiture prend le chemin de la barrière Saint-Martin – la route de Varennes... Quelques voitures de service suivent. Tout le personnel royal quitte le palais... et pour quelques heures un silence impressionnant tombe sur le château désert. Dans la précipitation du départ on a oublié d’emporter les pantoufles de Louis XVIII.
    — Ce sont mes pantoufles que je regrette davantage, confiera le roi à Macdonald avant de se diriger vers Gand ; vous saurez un jour, mon cher maréchal, ce que c’est que la perte de pantoufles qui ont pris la forme du pied.

    Le lendemain matin – le fameux lundi 20 mars 1815 – les Parisiens viennent regarder la longue façade grise du château. Le drapeau blanc a été enlevé. Alors que Napoléon arrive à Fontainebleau, « la foule erre de côté et d’autre, a raconté un témoin, on s’aborde avec défiance, on ose à peine se parler à voix basse ». Soudain, venant du quai, apparaît un cavalier portant un drapeau tricolore.
    Avant-coureur de l’arrivée de l’Empereur, prévue pour le soir même, c’est le général Exelmans qui accourt de Fontainebleau. Une minute plus tard, on voit à travers la brume, les trois couleurs flotter au balcon de la Salle des Maréchaux. Les gardes nationaux de faction autour du château, qui, dès le matin, avaient déjà enlevé leurs cocardes blanches, sortent maintenant de leur sac leurs cocardes tricolores. Peu à peu les officiers et les anciens domestiques de Napoléon réintègrent le château, comme si leur maître revenait de l’une de ses résidences. Uniformes impériaux et livrées vertes apparaissent. Les huissiers reprennent leur service aux portes et font observer l’étiquette impériale. On se félicite, on s’embrasse et les dames, en robes de cour, se jettent sur le tapis, décousent fébrilement les fleurs de lys dont ils sont ornés, pour qu’apparaissent les chères abeilles napoléoniennes. De même, sur les boulevards, les marchands décrochent, pour les repeindre, leurs enseignes : les violettes et les aigles succèdent aux couronnes royales. Certains boutiquiers précautionneux s’étaient contentés, en 1814, d’exposer aux regards l’envers de leurs panonceaux où figuraient les nouveaux emblèmes tout en gardant, du côté de l’avers, la faune impériale. Cette fois, ils n’ont plus qu’à retourner leurs enseignes !
    Dans la cour du Carrousel, les Parisiens crient : Viue l’Empereur ! En dépit du temps couvert et brumeux, on organise des rondes dans le jardin et, au fur et à mesure que les courriers annoncent l’approche de l’Empereur, l’enthousiasme se transforme en délire.
    La Vallette a envoyé un courrier à Napoléon pour l’avertir que la voie se trouve libre. L’Empereur a aussitôt quitté Fontainebleau en chaise de poste. À neuf heures du soir il entre dans la cour des Tuileries. Ce sont non seulement des cris de Vive l’Empereur, mais de véritables rugissements de joie qui accueillent Napoléon, littéralement arraché de sa voiture. Des phrases entrecoupées de sanglots parcourent la foule électrisée. C’est au milieu d’un torrent humain déchaîné que l’Empereur est porté de bras en bras jusqu’au premier étage.
    « L’explosion fut

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