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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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irrésistible. Je crus assister à la résurrection du Christ », nous raconte le baron Thiébault. « Il y avait à peine trois heures que, soldat des Bourbons, poursuit-il, j’avais encore mes canons braqués contre lui ; mais maintenant, il me semblait que j’étais redevenu français... »
    On l’accompagne, dans cette cohue inouïe, vers ses appartements.
    — Au nom de Dieu ! crie Caulaincourt à La Valette, placez-vous devant lui !
    La Valette monte à reculons, précédant l’Empereur, et répétant sans cesse :
    — C’est vous ! C’est vous ! C’est vous !
    Lui se laisse porter, les yeux mi-clos, ivre de bonheur...





XXVII
 
CENT JOURS
    Je sentais la Fortune m’abandonner. Je n’avais plus en moi le sentiment du succès définitif... Ne pas oser, c’est ne rien faire au bon moment, et on n’ose jamais sans être convaincu de la bonne fortune.
    N APOLÉON .
    L E lendemain matin, en regardant par les fenêtres de sa chambre, l’Empereur voit à l’entrée de la grande allée, au coeur du jardin encore hivernal, un seul marronnier tout en fleur. Paris semble ainsi avoir préparé un gigantesque bouquet destiné au héros.
    Dans le jardin où flotte un léger brouillard, la foule acclame l’Empereur.
    — Bah ! soupire Napoléon, déjà dégrisé, le temps des compliments et des flatteries est passé ! Ils m’ont laissé arriver comme ils ont laissé partir les autres !
    Il recevait alors la reine Hortense et lui reprochait, non sans raison, d’avoir sollicité Louis XVIII pour obtenir le titre de duchesse de Saint-Leu, que le roi d’ailleurs s’était empressé de lui accorder.
    — Vous auriez dû savoir, s’exclame Napoléon, que quand on a partagé les prospérités d’une famille, il faut savoir en subir les adversités.
    — Ne devais-je pas songer à l’avenir de mes enfants ?
    — Vos enfants ! Ils sont aussi mes neveux, l’avez-vous oublié ? De quel droit les avez-vous fait déchoir du rang où je les avais placés ? Fils de roi, aujourd’hui ducs de Saint-Leu, quelle misère ! Vous n’avez donc pas lu le code ? Vous ignorez que la loi défend de changer l’état des mineurs et de faire en leur nom aucune renonciation ?
    — Ah ! Sire, je me suis bien méprise. Je croyais remplir un devoir en les sauvant de la terre étrangère.
    — Vous avez eu tort !
    Hortense pleure. À cet instant, la foule qui continuait à s’amasser devant les Tuileries pousse des cris d’enthousiasme en voyant l’ombre de Napoléon qui se profile derrière une fenêtre. Une immense clameur monte :
    — Vive l’Empereur !
    Napoléon saisit aussitôt Hortense par un bras, ouvre la fenêtre et, la soutenant, l’entraîne sur le balcon. Elle sanglote toujours... Les acclamations redoublent.
    Et le lendemain on pouvait lire dans le Moniteur : « Hier, S.M. l’Empereur était dans son cabinet avec la reine Hortense et les princes ses neveux. Les acclamations du peuple dont la foule était immense au-dessous des fenêtres de Sa Majesté l’ayant appelée sur le balcon, la reine Hortense fut tellement émue des preuves d’attachement du peuple de Paris qu’elle fondit en larmes et offrit ainsi à la foule attendrie le spectacle touchant de son visage baigné de pleurs que faisait couler l’amour du peuple pour son auguste père. »
    C’est ainsi que l’on écrit l’Histoire.
    Quelques instants plus tard, l’Empereur passe sa première revue. Un Anglais – Hobhouse – le trouve pâle et « pas bien gras. Mais, ajoute-t-il, son ventre est si saillant que l’on voit son linge passer au-dessous du gilet. Il tient généralement ses mains jointes devant ou par-derrière, mais quelquefois il les sépare pour se frotter le nez, prendre quelques prises de tabac et regarder sa montre. Poussant souvent des soupirs et avalant sa salive, il paraît souffrir quelques douleurs dans la poitrine... »
    Les musiques jouent des airs souvent interdits, à Paris, au temps de la dictature napoléonienne :
    Veillons au salut de l’Empire
Veillons au maintien de nos droits.
Si le despotisme conspire,
Conjurons la perte des rois.
    L’Empereur prend maintenant la parole :
    — Soldats je suis venu avec six cents hommes en France, parce que je comptais sur l’amour du peuple et sur les souvenirs des vieux soldats. Je n’ai pas été trompé dans mon attente.
    Le soir, la foule, saoûle de cris et d’acclamations, rentra chez elle – et il se mit à pleuvoir...

    Les

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