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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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également par sa femme, le sot et faible Frédéric-Guillaume prit aussitôt une attitude de matamore. À coups de fouet, on battrait Napoléon ! Inutile de dépenser de la poudre ! Le général von Blücher se montrait plein d’illusions :
    — Je ne crains pas de rencontrer les Français... Je préparerai le tombeau de tous ceux qui se trouvent le long du Rhin.
    Il s’exclamait même :
    — Avec ma seule cavalerie, je me charge d’aller à Paris !
    En rompant avec son « alliée la France », Berlin va anéantir les espoirs de paix générale que Napoléon peut alors encore conserver, tant avec l’Angleterre qu’avec la Russie. L’attitude de la Prusse étonnait d’autant plus l’Empereur qu’il semblait jusqu’à présent avoir singulièrement ménagé les Hohenzollern. Ceux-ci, pourtant, n’avaient pas cessé d’accumuler vis-à-vis de la France des actes de tromperie, de duplicité et même de fourberie. Napoléon admirait, on le sait, le Grand Frédéric, mais son petit-neveu prenait l’émerveillement de l’Empereur pour la peur que Buonaparte devait ressentir à la seule pensée de devoir se battre pour la première fois contre les imbattables soldats de Frédéric II. Cependant, à la demande de Napoléon, Talleyrand, puisque la création de la Confédération du Rhin avait inquiété les diplomates prussiens et exaspéré le roi et la reine, conseillait à Berlin de « réunir sous une nouvelle loi fédérale des États qui appartenaient encore à l’Empire germanique et de faire entrer la couronne impériale dans la maison de Brandebourg ». Mais la Prusse, sourde à toute proposition, même aussi séduisante que celle-ci, se refusait à prendre en considération toute dépêche venue de Paris – les « commandements des Tuileries », disait-on. Certaine de vaincre, elle ne voulait rien entendre.
    Un peu plus d’un mois plus tard – le 6 septembre 1806 – Frédéric-Guillaume, toujours persuadé que l’Empereur appréhendait la guerre, annonçait au tsar : « C’est donc moi, à ce qu’il paraît, qui devrai prendre l’initiative des ouvertures décisives. Mes troupes marchent de tous les côtés pour en hâter le moment. » On pouvait voir – image célèbre – les officiers prussiens aiguiser leurs sabres sur le perron de l’ambassade de France, tandis que leur colonel leur affirmait :
    — Il n’y a pas besoin de sabres, des gourdins suffiront pour ces chiens de Français !
    Cependant Napoléon, espérant encore l’impossible, écrivait le 12 septembre au roi de Prusse : « Si je suis contraint à prendre les armes pour me défendre, ce sera avec le plus grand regret que je les emploierai contre les troupes de Votre Majesté. Je considérerai cette guerre comme une guerre civile, tant les intérêts de nos deux États sont liés. Je ne veux rien d’elle ; je ne lui ai rien demandé. »
    Ces lignes n’empêchent nullement Frédéric-Guillaume d’envoyer à son ambassadeur Lucchesini ses lettres de rappel et, le 20 septembre, Napoléon annonce à Brune :
    — La Prusse a levé le masque.
    La revue de la Garde avec armes et bagages fait comprendre au public que la guerre est maintenant inévitable. « L’inquiétude a été générale », écrit Fouché dans son rapport secret. À la Bourse, « tous les cours éprouvent une baisse rapide ». L’Angleterre se frotte les mains. On répète à Londres la déclaration de lord Lauderdale, chargé de signer le traité de paix préparé – sans succès – par lord Yarmouth :
    — Dans la circonstance d’un conflit avec la Prusse, la guerre poussée vigoureusement pourrait amenerdes résultats inespérés, les forces de la France étaient disséminées depuis Emden jusqu’au fond de la botte de Naples.
    Des résultats inespérés...
    Le 24 septembre, à Saint-Cloud, Napoléon reçoit une lettre de Berthier lui annonçant que « les Prussiens ne dissimulent plus leurs intentions ». Déjà leurs forces approchent des avant-postes de la Grande Armée – et la nuit suivante, l’Empereur décide de partir pour Mayence, préfecture avancée de l’Empire. Aussitôt – comme à la veille d’Ulm – l’affolement redouble et l’on échange à perte les billets contre de l’or.
    Napoléon part pour la guerre. Il lui faut lutter contre la quatrième coalition qu’il espère bien cette fois être la dernière. Mais la guerre se prolongera durant dix mois, une guerre qui, avant de lui permettre

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