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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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l’avant-garde du prince de Hohenlohe, commandée par le prince Louis. Celui-ci est obligé de fuir, poursuivi par les hussards rouges français sous les ordres du maréchal des logis Guindey :
    — Rendez-vous, Colonel !
    Le prince refuse, lève son sabre, se défend. Le combat est bref, Guindey pointe... et Louis de Prusse tombe mortellement frappé.
    — S’il me l’avait amené vivant, déclare Napoléon, je l’aurais fait officier.
    — L’Empereur en a de bonnes, s’écrie Guindey, voyez dans quel état m’a mis cet enragé quand je lui ai crié de se rendre !
    Le premier sang a coulé, mais Napoléon répond, le dimanche 12, à l’ultimatum prussien :
    « Monsieur mon Frère, je n’ai reçu que le 7 la lettre de Votre Majesté... Elle m’a donné rendez-vous le 8. En bon chevalier, je lui ai tenu parole : je suis au milieu de la Saxe. Qu’Elle m’en croie, j’ai des forces telles que toutes ses forces ne peuvent balancer longtemps la victoire. Mais pourquoi répandre tant de sang ? À quel but ?... Je ne prise point une victoire qui sera achetée par la vie d’un bon nombre de mes enfants. Si j’étais à mon début dans la carrière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des combats, ce langage serait tout à fait déplacé. Sire, Votre Majesté sera vaincue... Elle est aujourd’hui intacte et peut traiter avec moi d’une manière conforme à son rang ; elle traitera, avant un mois, dans une situation différente... » Le roi ne répondra pas tout de suite. « Je suis aujourd’hui à Géra, ma bonne amie, écrit le lendemain Napoléon à Joséphine. Mes affaires vont fort bien et tout comme je pouvais l’espérer. Avec l’aide de Dieu, en peu de jours cela aura pris un caractère bien terrible, je crois, pour le pauvre roi de Prusse, que je plains personnellement parce qu’il est bon. La reine est à Erfurt avec le roi. Si elle veut voir une bataille, elle aura ce cruel plaisir. Je me porte à merveille. J’ai déjà engraissé depuis mon départ. Cependant, je fais de ma personne vingt et vingt-cinq lieues par jour, à cheval, en voiture, de toutes les manières. Je me couche à 8 heures et suis levé à minuit... je songe quelquefois que tu n’es pas encore couchée... »
    Ce même jour, il atteint Iéna, au bord de la Saale. Sitôt arrivé, il monte à travers les vignes par un sentier raide « comme le toit d’une maison », jusqu’au Landgrafenberg, une énorme butte qui existe toujours, surplombant la ville, dominant d’un côté la profonde vallée de la Saale, et de l’autre la plaine de Weimar. De là l’Empereur croit avoir devant lui toute l’armée prussienne – en réalité, il n’y a, l’attendant de pied ferme, que les cinquante mille soldats d’Hohenlohe. Il ordonne au tiers de ses forces, soit àvingt-sept mille hommes, de prendre position sur la hauteur. Ceux-ci s’y trouveront tassés, les dos du premier rang contre les poitrines du second. Napoléon revient ensuite vers la ville et, n’ayant pas entendu le Qui vive ? qu’une sentinelle française lui a lancé, ne répond pas et manque d’être tué...
    — Comment, coquin, s’exclame-t-il, tu m’as donc pris pour un Prussien ! Ce drôle-là ne jette pas sa poudre aux moineaux, il ne tire qu’aux empereurs.
    — Pardon, mais c’était la consigne, si vous ne répondez pas, c’est pas ma faute. Fallait mettre dans la consigne que vous ne vouliez pas répondre.
    — Mon brave, je ne te fais pas de reproche. C’était assez bien visé pour un coup tiré à tâtons, mais tout à l’heure il fera jour, tire plus juste et j’aurai soin de toi.
    Puis il remonte de nouveau sur le plateau et se chauffe au cantonnement de la Garde. Afin de tromper l’ennemi dont les feux s’étendent en contre-bas dans la plaine et sur au moins six lieues, Napoléon a ordonné de n’allumer que deux ou trois bûches par compagnie. Un vélite, tremblant de froid, vient se chauffer au bivouac de l’Empereur :
    — Jeune homme, lui dit-il, connaissez-vous la musique ?
    — Non, Sire.
    — Demain, vous l’entendrez à grand orchestre.
    Il autorise la Garde à aller chercher des vivres. « Le voyage ne fut pas long, nous dit Coignet. Toutes les maisons étaient désertes ; ces pauvres habitants avaient tout abandonné. Nous trouvâmes tout ce dont nous avions besoin... Dans trois quarts d’heure nous étions en route pour remonter chargés de vin, sucre, chaudières, et des vivres de

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