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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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de revenir aux Tuileries le conduira d’Iéna à Berlin, de Varsovie à Eylau, de Friedland à Tilsit – et, à chaque étape il aura le droit de lancer à nouveau ces mots :
    — Mes armées n’ont cessé de vaincre que quand je leur ai ordonné de ne plus combattre...

 
    V
 
LA GUERRE IMPOSEE
    Celui qui ne voit pas d’un oeil sec un champ de bataille fait tuer bien des hommes inutilement.
    N APOLÉON
    IL s’est fait confectionner une nouvelle redingotegrise, celle qu’il portait jusqu’à présent a fait toutela campagne de 1805 et les soldats disaient alors plaisamment « que le major général lui retenait sonprêt pour lui en acheter une neuve à Vienne ». Lapremière fois qu’on le vit avec sa nouvelle acquisition il faisait un temps affreux. Un grenadier levoyant passer, s’exclama :
    — Tiens, le camarade s’est f... une bonne capotesur le dos !
    — C’est que le camarade en avait grand besoin,répondit l’Empereur en riant.
    Le 3 octobre 1806, à Wurtzbourg, il arrive à l’armée, forte de cent vingt-huit mille fantassins, vingt-huit mille cavaliers et dix mille canonniers servantdeux cent cinquante-six pièces. En face, la Prusse a rassemblé cent cinquante-deux mille hommes.
    L’Empereur multiplie revues et inspections. Il s’agit de ranimer l’enthousiasme qui faiblit un peu au cours de cette seconde guerre du règne, et a besoin d’être quelque peu exalté. On le sait, Napoléon possède des notes sur toutes les unités et en tire très habilement parti. Passant devant le 7 e Léger, un régiment presque entièrement composé d’hommes du Bas-Languedoc et des Pyrénées, il s’exclame :
    — Voilà les meilleurs marcheurs de l’armée, on n’en voit jamais un seul en arrière, surtout quand il faut joindre l’ennemi !
    Puis il ajoute en riant :
    — Mais pour vous rendre justice entière, je dois vous dire que vous êtes les plus criards et les plus maraudeurs de l’armée !
    — C’est vrai, c’est vrai ! répondent les soldats dont chacun porte une volaille ficelée sur le sac.
    Le 6 octobre, avant de quitter Wurtzbourg pour Bamberg, il s’adresse à l’Armée :
    — Soldats ! Il n’est aucun de vous qui veuille retourner en France par un autre chemin que celui de l’honneur, nous ne devons y rentrer que sous des arcs de triomphe. Eh, quoi ! aurions-nous donc bravé les saisons, les mers, les déserts, vaincu l’Europe plusieurs fois coalisée contre nous, porté notre gloire de l’Orient à l’Occident, pour retourner aujourd’hui dans notre patrie, comme des transfuges, après avoir abandonné nos alliés et pour entendre dire que l’Aigle française a fui épouvantée devant les armées prussiennes ?...
    Pas un chef n’avait su jusqu’alors s’adresser ainsi à ses hommes !
    C’est à Bamberg que l’Empereur reçoit l’ultimatum prussien daté du 26 septembre et qui court après lui depuis Paris. L’ultimatum expire le lendemain, 8 octobre. Le texte – « un comble de déraison et de folie », déclare-t-il – exige le retrait de l’armée française jusque derrière le Rhin !
    — Le roi de Prusse se croit-il en Champagne ? s’écrie-t-il.
    Et il ajoute :
    — Vraiment, j’ai pitié de la Prusse, je plains Guillaume. Il ne sait pas quelles rapsodies on lui fait écrire. C’est par trop ridicule. Il ne le sait pas.
    Puis se tournant vers son chef d’état-major :
    — Berthier, on nous donne pour le 8 un rendez-vous d’honneur ; une belle reine veut être spectatrice du combat : allons, marchons, soyons courtois, n’arrêtons pas que nous ne soyons en Saxe.
    Et dans le premier Bulletin de la campagne, Napoléon reproduit cette dernière phrase en ajoutant : « L’Empereur avait raison de parler ainsi car la reine de Prusse est à l’armée, habillée en amazone, portant l’uniforme de son régiment de dragons, écrivant vingt lettres par jour pour exciter de toutes parts l’incendie. Il lui semble voir Armide dans son égarement mettant le feu à son propre palais. Après elle, le prince Louis de Prusse, plein de bravoure et de courage, excité par le parti, croit trouver une grande renommée dans les vicissitudes de la guerre. À l’exemple de ces deux grands personnages, toute la cour crie à la guerre. »
    Louis de Prusse n’a d’ailleurs plus que deux jours à vivre. Le surlendemain se déroule, dans la vallée marécageuse du Saalfeld, le premier combat qui tourne vite au désavantage de

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