Napoléon
désordre et le découragement sont à leur comble ; les troupes marchent sans ordre et sans aucune espèce d’organisation ; cette armée est terrorisée ; la vue d’un de nos hussards fait trembler tous les fuyards... »
19 octobre : Soult, après avoir pris seize cents hommes et trente pièces de canon, écrit à Napoléon : « Tout est désordre, confusion et déroute dans l’armée prussienne. Les soldats jettent leurs armes et les officiers se sauvent, il faut tous les jours faire des marches de dix lieues pour les atteindre et leur enlever quelque chose. »
19 octobre : la Saxe, la Westphalie, et toute la rive gauche de l’Elbe sont conquises.
Bulletin du 20 octobre : « Rien ne ressemble, en effet, davantage, à l’état actuel de l’armée prussienne que les débris d’un naufrage... »
— En sept jours, déclare l’Empereur s’adressant à l’ennemi, vos projets ont été confondus. Vous vouliez attaquer, la France sans courir aucun danger, et déjà vous avez cessé d’exister !
Et la « poursuite rayonnante » continue :
28octobre : Le prince de Hohenlohe capitule à Prenzlau avec vingt mille hommes.
29 octobre, Lannes à l’Empereur : « L’armée prussienne est dans une telle terreur qu’il suffit qu’un Français se présente pour faire mettre bas les armes. »
29 octobre : Avec six cents cavaliers, le général Lasalle s’empare de six mille hommes et de deux mille chevaux.
30octobre : Nouvel exploit de Lasalle qui, avec sept cents hussards, prend Stettin, place forte occupée par cinq mille cinq cents défenseurs et tenue par cinq cents bouches à feu.
31 octobre : Une poignée de dragons du général Milhaud fait trois mille prisonniers.
31 octobre, Murat : Quinze cents hommes, deux cents dragons, avec trente pièces d’artillerie se rendent, dans une rue de Passewalk, à un officier français. Ils en cherchaient un depuis vingt-quatre heures.
31 octobre, Napoléon : « Tout a été tué, ou erre entre l’Elbe et l’Oder, et sera pris avant quatre jours. »
1 er novembre : Küstrin est occupé. Quatre mille Prussiens remettent la ville à un régiment français.
Bulletin du 3 novembre : « Les résultats sont tels qu’il n’y en a aucun exemple dans l’histoire. Des cent cinquante mille hommes qui se sont présentés à la bataille d’Ièna, pas un ne s’est échappé pour en porter la nouvelle au-delà de l’Oder. »
Blücher, à la tête de vingt-sept bataillons et de cinquante-deux escadrons, est venu se réfugier dans la ville libre de Lübeck, en dépit de la protestation des magistrats. Les Français viennent assiéger la vieille cité et le général prussien doit se rendre le 6 novembre. La ville après avoir été livrée au pillage est occupée. Elle deviendra, en 1810, le chef-lieu du département français des Bouches de l’Elbe.
9 novembre : Le dernier corps prussien, encore en campagne – seize mille hommes – capitule près de Schwartau, et défile devant Murat.
11 novembre : La garnison de Magdebourg – vingt-deux mille hommes, sept cents canons – se rend et, tambours battant, passe devant Ney avant de mettre bas les armes et d’être envoyée en France.
En trente-six jours de campagne, l’armée impériale a capturé cent dix mille prisonniers et deux cent cinquante drapeaux. Ainsi que l’avait écrit, avec superbe, Murat à son impérial beau-frère :
« Sire, le combat finit faute de combattants. »
Le 18 octobre 1806, Napoléon quitte Weimar pour Naumbourg – ce même Weimar où, trois jours auparavant, la reine faisait souffler « le feu de la guerre ». Il traverse le champ de bataille de Rossbach où Frédéric II avait battu, le 5 novembre 1757, les troupes du piètre Charles de Rohan, maréchal de Soubise.
— Galopez dans cette direction, ordonne l’Empereur à Savary, vous devez trouver à une demi-lieued’ici la colonne que les Prussiens ont élevée en mémoire de cet événement.
Si la moisson n’avait pas été faite, Savary n’eût certes pas découvert la colonne, placée au milieu d’une plaine immense et guère plus haute qu’une double borne. Lorsqu’il l’aperçoit, il agite son mouchoir pour indiquer la direction à l’Empereur. Napoléon, après avoir déchiffré avec peine les inscriptions déjà en partie effacées, ordonne aux sapeurs de la division Suchet d’enlever la colonne pour la transporter à Paris.
Le 15 octobre, le roi de Prusse demande à
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