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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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surtout la détermination et l’ambition rageuse d’Agrippine qui me frappaient et m’effrayaient.
    Quand je la voyais s’approcher de Britannicus, cet enfant de huit ans à peine, le fils de chair et de sang de l’empereur Claude, je craignais qu’emportée par sa furieuse envie d’écarter tout obstacle sur le chemin de Néron elle ne le poignardât elle-même sous nos yeux.
    Mais elle se contentait de l’humilier, de le rabaisser, de l’isoler de tous ceux qui croyaient en lui pour s’opposer un jour à Néron et à sa mère. Mais comment auraient-ils pu l’emporter alors qu’Agrippine offrait chaque nuit son corps nerveux à l’empereur, ce vieil oncle boiteux et bégayant qui croyait encore continuer de régner alors qu’elle s’emparait peu à peu de tous les pouvoirs, préparant ainsi l’accession de son fils à la dignité suprême ?
     
    Elle avait convaincu Claude et le Sénat qu’il fallait accorder à Néron, bien avant l’âge requis, la toge virile.
    J’étais au premier rang de la foule qui assista à cette cérémonie. Je regardais Britannicus, qui, de ses grands yeux vagues, fixait Néron. Ce frère aîné par la grâce de l’adoption abandonnait la toge prétexte, bordée de pourpre, pour revêtir sur sa tunique brodée d’or la toge blanche marquant son entrée dans l’âge viril. Tandis que lui, Britannicus, restait un enfant de plus en plus seul.
    Agrippine chuchotait à Claude qu’il fallait chasser les précepteurs de Britannicus, qui compromettaient l’entente entre les deux frères et représentaient ainsi un danger pour l’État.
    Un jour, j’entendis Britannicus, de sa voix grêle, saluer Néron de son ancien patronyme, Lucius Domitius Ahenobarbus. Les visages de Néron et de sa mère s’étaient l’un et l’autre crispés et la ressemblance entre eux deux m’avait alors aveuglé.
    — Néron est fils aîné de l’empereur ! s’était écriée Agrippine. Celui qui l’oublie est sacrilège !
    Après avoir lancé ce défi et affirmé ainsi qu’il refusait l’adoption de Lucius Domitius par son père, Britannicus s’était éloigné à grands pas comme s’il fuyait, escorté de ses précepteurs.
    Ceux-ci allaient connaître le bannissement et la mort. Et c’est l’empereur Claude en personne qui les condamnerait comme un acteur qui répète la pièce qu’on lui a apprise.
     
    Je l’observai au Sénat, écoutant Néron le remercier de l’avoir choisi pour fils. L’empereur paraissait ravi, n’accordant pas un regard à Britannicus, enfant enfermé dans sa toge prétexte, alors que Néron, orateur éloquent, digne élève de Sénèque, tressait ses louanges à celui qui était désormais devenu son père.
    Agrippine rayonnait, assise près de Claude. Elle était Augusta, obligeant chacun à baisser les yeux devant elle, sûre d’obtenir ce qu’elle voulait.
    Elle fit chasser du commandement des cohortes prétoriennes les chefs qui avaient été fidèles à Messaline et risquaient de l’être au fils de celle-ci, Britannicus. Elle fit désigner pour les remplacer Burrus Afrianus, né en Gaule narbonnaise, à Vaison ; il avait perdu une main dans les combats contre les Thraces et savait qu’il devait sa nomination glorieuse à Agrippine.
    Elle triomphait.
    Le Sénat fit de Néron un consul désigné, puis le nomma prince de la Jeunesse. C’est lui qui, à quatorze ans, pouvait ainsi rendre la justice et administrer Rome.
    Chaque jour Agrippine organisait pour lui un événement afin qu’aux yeux de tous, des patriciens comme de la plèbe, des sénateurs comme des tribuns, il apparût comme le futur maître de l’Empire.
    Et à moi aussi il en semblait digne : obstiné, intelligent, beau, aussi brillant cavalier et conducteur de chars que rhéteur, chanteur et joueur de cithare. À ses côtés, Britannicus, le pâle frère cadet, paraissait né pour être vaincu. Et il l’était dans tous les jeux où Agrippine le forçait à rivaliser avec Néron parce qu’elle savait que l’aîné l’emporterait sous les acclamations de tous.
    Aux citoyens, il offrait des jeux et une distribution de vivres et de vin ; aux prétoriens, une gratification. Agrippine puisait l’argent nécessaire dans les coffres légués par son précédent époux, Crispus Passienus, qu’elle avait fait empoisonner.
     
    On murmurait déjà, parmi les écrivains et les rhéteurs que Sénèque rassemblait autour de lui dans sa maison et auxquels il offrait le vin

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