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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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jardins de Taurus, les siens désormais. Elle marche au long des allées, respire le parfum des massifs de fleurs.
    Qui sera sa prochaine victime ?
    Agrippine tient à nouveau la mort en laisse. Qui va-t-elle désigner ? À quel moment se penchera-t-elle sur la Tueuse et lui murmurera-t-elle : « Va, égorge, empoisonne celui-là, maintenant » ?
    Il me semble que Rome, comme moi, retient son souffle et attend.
     
    Je marche derrière le cortège nuptial de Néron et d’Octavie.
    Ils viennent d’être unis par les prêtres au temple de Cybèle, sur le Palatin.
    Ils se sont inclinés devant la pierre sacrée, l’autel de la grande déesse de la Fertilité que les légions romaines ont arraché au temple de Pessinonte, en Phrygie, quand ils ont conquis, il y a plusieurs dizaines d’années, ce pays au-delà de la province d’Asie qui borde la mer Égée. Les prêtres de Cybèle, les Galles, officient désormais à Rome.
    C’est Agrippine qui a voulu que Néron, à l’occasion de son mariage avec Octavie, reçoive la protection de Cybèle et soit initié à son mystère. Elle veut que Néron, fils d’Apollon, soit aussi choisi par toutes les divinités ; plus elles seront nombreuses à le reconnaître, plus son destin sera glorieux. Dieux d’Égypte, dieux de Grèce et dieux d’Orient, il faut que tous les cultes soient célébrés, ceux de l’Olympe et ceux de Phrygie, d’Apollon et de Cybèle, de Jupiter et de Vénus.
     
    Autour de Néron et d’Octavie, les Galles dansent, gesticulent, se lacèrent le corps, les épaules et les bras, les cuisses à coups de tesson ou de lame. Leur sang les inonde. Certains, le torse rejeté en arrière, tranchent dans la chair, s’émasculent, car les prêtres de Cybèle doivent être des eunuques.
    J’observe Néron. Son visage exprime le ravissement. C’est comme si ces gestes cruels, ce sang répandu, ces cris des Galles le comblaient comme le plus divin des spectacles.
    Près de lui, sa sœur et désormais épouse, Octavie, fille de l’empereur Claude, toute frêle, son corps de treize ans enveloppé de voiles, semble terrorisée, et ce sont les prêtres qui l’entraînent et la poussent dans les bras de Néron.
    Il la regarde avec dédain, puis le cortège quitte le temple de Cybèle, descend la colline du Palatin, s’enfonce dans les rues de la ville basse, accompagné par les Galles qui continuent de se fustiger et de se mutiler, de hurler, de tituber de douleur et d’exaltation, le grand-prêtre, l’Archigalle, marchant en tête devant Néron et Octavie.
     
    Les rues sont étroites, si resserrées qu’on a l’impression qu’il suffirait de tendre la main pour que de la fenêtre d’une insula on puisse atteindre celle de l’immeuble qui lui fait face. Il n’y a que trois ou quatre pas d’une façade à l’autre.
    Je me faufile dans la cohue, laisse s’éloigner Néron et Octavie, les Galles qui les accompagnent, les courtisans d’Agrippine et de Claude qui leur font escorte.
     
    Je sais que Néron, hier soir, a quitté la villa d’Agrippine où il demeure, et que, comme chaque nuit depuis plusieurs mois, il est venu rôder dans ce quartier du Velabre, jeune homme de seize ans avide de plaisirs, enveloppé d’un manteau de laine à poil long.
    Des esclaves armés le suivent à quelques pas.
    Agrippine les a choisis pour qu’ils veillent sur son fils. Ils savent que si Néron rentre au matin ne serait-ce qu’avec une simple estafilade ils seront livrés au bourreau.
    Alors ils ont l’œil aux aguets. Ils entourent, précèdent Néron. Ils rabattent vers lui le gibier. Car Néron ne se contente plus des pueri et des puellae que sa mère lui procure. Il a pris goût à la chasse nocturne. Il aime la surprise de l’embuscade, quand il bondit avec ses gardes sur un couple qui passe et qu’il renifle l’homme et la femme, rejetant l’un ou l’autre, mais parfois s’appropriant les deux. Il s’offre et il prend, tour à tour femelle ou mâle, présentant son cul ou enfonçant sa verge.
    Il hante ainsi, la nuit, ces rues que son cortège nuptial à présent parcourt. Il chasse sans hâte, avançant d’un pas lent, et le manteau s’écarte, laissant voir ses jambes grêles, sa peau tachetée, son ventre qui commence à s’arrondir comme celui de tous les bâfreurs.
     
    J’ai été assis en bout de table à l’un de ses dîners où il reçoit ses maîtres Burrus et Sénèque, Chaeremon et parfois Pallas, des avocats, des

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