Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
reprend :
    — Néron est jeune. Il a des désirs. Il veut les satisfaire. Il sera empereur.
    — Combien de morts entre lui et l’Empire ? ai-je demandé.
    Sénèque hausse les épaules.
    — Quelques-uns… quelques-uns, répète-t-il.

 
     
     
     
     
QUATRIÈME PARTIE

 
     
13.
    Je ne suis pas le seul à prévoir une saison de meurtres, une prochaine moisson funèbre.
    Aux thermes où je me rends chaque jour, je surprends, dans la vapeur grise, les confidences de Nelus, proche de Narcisse, un affranchi comme lui.
    C’est un homme jeune aux grosses lèvres, au corps déjà alourdi par le lard de la richesse et du pouvoir.
    Il a d’abord chuchoté, regardant autour de lui, craignant les délateurs. Mais je ne suis qu’une silhouette assoupie et, peu à peu, sa voix a enflé, comme si les approbations des hommes assis ou couchés près de lui l’incitaient à pérorer. Il retrouve l’assurance de qui fait partie de l’entourage de l’empereur Claude et connaît toutes les rumeurs. Il éprouve à les colporter un sentiment de puissance et cette sensation d’invulnérabilité que confère l’ivresse.
    Lorsqu’il parle de la tueuse et de la débauchée, je sais qu’il désigne Agrippine. Il dit :
    — Il faut qu’elle agisse, qu’elle tombe le masque. Son histrion de fils a dix-sept ans. Pour elle, c’est maintenant ou jamais. Elle l’estime assez âgé pour pouvoir jouer le rôle, et encore assez jeune pour réciter le texte qu’elle aura écrit. Il ne sera qu’une marionnette entre ses mains.
    Nelus se redresse, s’appuie sur les coudes, et la serviette qui enveloppe son torse et son bas-ventre glisse. J’aperçois les replis de sa peau huileuse, et cette coquille de métal qui cache son sexe, semblable à celle que portent les Juifs qui ne veulent pas laisser voir qu’ils sont circoncis.
    — Mais même les sourds et les aveugles savent ce qu’elle est, poursuit-il. Incestueuse, adultère !
    Il ne nomme pas Pallas l’affranchi, complice d’Agrippine, son compère de débauche, son amant-chien. Elle l’a dressé à la servir. On murmure qu’elle le contraint à trottiner, nu, à quatre pattes, bouche ouverte, haletant, la langue pendante.
    — Cette femme-là, maîtresse de Rome ? Qui l’accepterait ?
    Nelus s’allonge, les mains croisées sous la nuque. Les hommes qui l’entourent s’approchent et se penchent. Il baisse la voix. Je n’entends plus, mais je sais ce qu’on rapporte à Agrippine des intentions de l’empereur.
    Claude peu à peu semble vouloir s’opposer aux ambitions d’Agrippine.
    Narcisse, Nelus, bien d’autres qui craignent pour leur vie si Néron vient à lui succéder l’excitent, entretiennent sa colère. L’empereur ne dissimule plus qu’il veut reprendre ce qu’il a donné.
    On l’a vu serrer longuement contre lui Britannicus, l’appelant « fils de mon sang », puis il s’est écarté tout en tenant l’enfant par les épaules et en murmurant :
    — Sache que celui qui t’a blessé te guérira aussi.
    Il l’a à nouveau embrassé, jurant qu’il allait lui remettre la toge virile.
    — Jamais plus tu ne seras l’enfant qu’on bafoue et qu’on humilie, lui a-t-il dit.
    D’une voix forte, sans qu’aucun bégaiement ne vienne émietter sa phrase, il a ajouté :
    — Ainsi, le peuple romain aura enfin un véritable César, un empereur issu de mon sang !
     
    J’ai vu Agrippine, alors que Pallas lui rapportait ces propos, se mordre les doigts, pâlir, puis s’écrier, comme on aboie :
    — Il ne fera pas cela ! Je ne le laisserai pas se renier, désigner cet enfant stupide et écarter mon fils, son fils aîné, le descendant d’Auguste et de César, le seul, le seul, Pallas !
    Son corps tremble. La colère déforme son visage. Je regarde ses poings serrés. Elle s’enfonce les ongles dans les paumes.
    Il me semble aussi qu’elle a peur.
    On assure que l’empereur Claude a refusé de la recevoir dans sa chambre, lui préférant une jeune esclave.
    Il a fait condamner durement une épouse adultère, décrétant la confiscation de ses biens, et les prétoriens ont reçu l’ordre de la tuer sur le chemin de l’Espagne où il l’avait exilée.
    En apprenant cela, ses affranchis, Narcisse, Nelus et d’autres de sa cour l’ont applaudi.
    L’empereur a maugréé :
    — Mon destin a aussi voulu que toutes mes femmes soient impudiques.
    Narcisse, Nelus et ses proches ont baissé la tête avec des mimiques pleines de

Weitere Kostenlose Bücher