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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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échappe à la mort.
     
    Plusieurs heures se sont ainsi écoulées.
    Agrippine allait d’un bout à l’autre de la pièce, invitant chacun à prier les dieux pour qu’ils protègent ce glorieux et juste empereur d’un sort funeste.
    Tout à coup, le corps de Claude se cabra et il se mit à vomir, puis l’autre orifice laissa s’écouler une diarrhée fétide. Ainsi semblait-il capable d’évacuer le poison et ses effets.
    Je vis les rides du désarroi et de la peur griffer le visage d’Agrippine. Si Claude survivait, elle périrait, et, avec elle, Néron.
    Britannicus était là, tenant la main de son père, enfant au visage triste et sévère qu’encadraient Narcisse et Nelus.
    Sénèque se tenait à l’écart, impassible. Je me suis approché de lui. Il a murmuré, comme pour lui-même :
    — Les plus grands crimes, lorsqu’on les entreprend, comportent des risques, mais on est récompensé si l’on va jusqu’au bout.
    Il a tourné la tête comme s’il voulait me laisser entendre que l’homme qui venait d’entrer dans la salle et se dirigeait vers Agrippine serait l’exécuteur.
    Agrippine alla vers lui, lui saisit les mains, clamant, afin que chacun l’entendît, que Xénophon, le guérisseur, le médecin grec, allait extirper la maladie du corps de l’empereur.
    Alors qu’il le tuerait, je le savais.
    Il s’est penché sur l’empereur, lui a ouvert la bouche, a glissé une longue plume noire entre ses lèvres pour – c’est ainsi qu’on procédait souvent avec Claude – susciter, en irritant le gosier, de nouveaux vomissements.
    Le corps de l’empereur a été agité de spasmes, puis il s’est raidi.
    Xénophon avait dû enduire la plume d’un poison violent.
    Le guérisseur s’est redressé, a regardé Agrippine, peut-être lui a-t-il dit : « C’est fait. »
    Il a recommandé qu’on enveloppe Claude de couvertures chaudes, et demandé qu’on quittât la salle : l’empereur devait pouvoir respirer un air que personne n’aurait vicié.
    J’ai été tenté de crier : « Mais il est mort ! »
    Tous ceux qui quittaient la pièce – les premiers avaient été Narcisse et Nelus – l’avaient compris tout comme moi. Tous avaient deviné qu’Agrippine, avant d’annoncer la mort de l’empereur, voulait s’assurer que les cohortes prétoriennes étaient prêtes à jurer fidélité à Néron. Peut-être aussi souhaitait-elle attendre le moment que les astrologues avaient jugé le plus propice à son fils.
    Ce fut à midi, ce 14 octobre, dans la soixante-quatorzième année de Claude et la quatorzième année de son principat.
     
    J’ai vu alors Agrippine se lacérer le visage, pousser des cris de douleur, serrer contre elle Britannicus, disant qu’il était la véritable image de son père, qu’elle serait sa mère protectrice. Ce faisant, elle le retenait d’agir. Des gardes avaient pris position devant toutes les issues, empêchant, Narcisse, Nelus, et les sœurs de Britannicus, Antonia et Octavie, l’épouse de Néron, de quitter le palais.
    Puis Burrus est arrivé à grands pas, levant son bras mutilé, criant que les prétoriens avaient prêté serment à Néron, le proclamant empereur. Certains soldats, racontait-il, avaient hésité, demandant où était passé Britannicus. Mais Néron, comme l’avait fait Claude au moment de son avènement, avait offert quinze mille sesterces à chacun d’eux, soit l’équivalent de cinq années de solde. Alors tous avaient levé leur glaive et crié : « Vive Néron, notre empereur ! »
    Ils l’avaient porté jusqu’à leur camp.
    Qui pouvait désormais s’opposer à lui ?
    Qui aurait résisté à Agrippine ?
    Elle demanda à Sénèque de se rendre au Sénat afin de faire voter les décrets attribuant la dignité impériale au fils aîné de Claude, Néron.
     
    J’ai vu Sénèque dans la journée du lendemain.
    J’avais appris qu’il avait lui-même rédigé le discours que Néron avait prononcé devant les prétoriens.
    J’ai voulu l’interroger, entendre ses raisons, mais, d’un geste, il me l’a interdit.
    — Le Sénat a décidé, à ma demande, de décerner à Claude la divinisation, assortie de funérailles solennelles à l’égal de celles du dieu Auguste, a-t-il précisé.
    — Le testament de Claude ? ai-je demandé.
    — On ne le lira pas. Claude est mort. Crois-tu qu’un mort puisse décider de l’avenir de Rome ? C’est vivant qu’il eût dû le préparer. Il a été empereur

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