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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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j’ai découvert ce qu’une jeune femme qui combine en elle la beauté, l’intelligence, l’habileté et la rouerie, l’ambition, la volonté et la séduction peut obtenir d’un homme, fut-il l’empereur du genre humain.
    Mais Poppée avait quelque chose de plus encore : elle haïssait Agrippine. Pour briser cette femme, elle était prête à toutes les intrigues, à toutes les stratégies.
     
    Je l’entendis flatter Sénèque, louer le talent de Lucain et celui de Pétrone, deux écrivains – le premier, neveu du philosophe – qui faisaient partie de cette cour de poètes, d’acteurs, de citharèdes, mais aussi de gladiateurs au sein de laquelle se plaisait Néron.
    À demi couchée auprès de celui-ci, Poppée était la maîtresse officielle, celle dont on recherchait le regard et l’appui. Elle participait aux festins et aux orgies. Elle tenait à ce que Néron lui racontât ses nuits de débauche quand il se rendait au pont Mulvius, le lieu de Rome où l’on pratiquait les « amusements nocturnes », comme disait Pétrone, l’un des familiers du lieu.
    Poppée écoutait le récit de ces rencontres inattendues, de l’embuscade qu’on avait tendue à Néron et qu’il avait évitée, devinant que ces ombres rassemblées à l’entrée du pont lui étaient hostiles. Ses gladiateurs les avaient dispersées.
     
    Poppée s’était moquée ; elle pouvait se permettre ce qu’aucune femme, même Agrippine, n’avait osé.
    Elle se tournait vers Néron : se rendait-il compte, demandait-elle, que les dangers qu’il courait étaient aussi les siens ? Car les ennemis de l’empereur la haïssaient. Et lui, que lui accordait-il ? Il reculait devant Agrippine. Il ne répudiait pas Octavie. Que craignait-il ? N’était-il donc qu’une « pupille » – c’est ainsi qu’elle l’appelait !  –, esclave des volontés d’autrui ? Et il se prétendait empereur du genre humain alors qu’il ne disposait même pas de la liberté d’épouser la femme qu’il disait aimer ! Mais peut-être n’était-il pas sensible à sa beauté, à la gloire de sa famille, ou mettait-il en doute sa fécondité ?
    Elle se levait. Il fallait la rendre à son mari, Otho, que l’empereur avait nommé gouverneur de Lusitanie afin de l’éloigner de Rome. Elle était sa femme légitime. Elle voulait quitter la ville pour le rejoindre. Elle serait informée du sort de l’empereur, elle serait indignée par les outrages qu’on lui infligeait, mais au moins ne serait-elle pas témoin de ces sacrilèges ni associée aux périls qu’il encourait.
     
    Elle marchait parmi les invités de Néron, le buste droit, les bras légèrement entrouverts, le bas du visage enveloppé par un voile comme pour dissimuler le sourire de défi qu’on y devinait.
    Néron la suivait des yeux, le regard illuminé par le désir, prêt, on l’imaginait, à se soumettre à ses volontés.
    On disait que c’était elle qui lui avait fait couper pour la première fois la barbe. Il l’avait placée dans un coffret d’or enrichi de pierreries et l’avait fait déposer au Capitole.
    N’était-il par l’imperator, auréolé par les victoires que le général Corbulon remportait contre les Parthes, les chassant d’Arménie et contraignant leur roi, Tiridate, à s’enfuir ?
    Néron était bien le protégé des dieux, et Poppée s’arrogeait cette bienveillance des divinités.
     
    Elle avait rassemblé les proches de Néron autour du figuier – l’arbre Ruminai – qui, il y avait huit cent trente ans, avait protégé Remus et Romulus. Une foule de citoyens se pressaient, constatant que cet arbre aux branches mortes, au tronc desséché, qui avait perdu toute vigueur, avait repris vie et donnait de nouveaux rejets.
    Elle était celle qui apportait un surcroît de vigueur à Néron, la sève de l’arbre fécond.
    La foule avait acclamé l’empereur et cette femme si belle et si mystérieuse. On murmurait qu’elle était une adepte des religions orientales, de l’égyptienne ou plutôt de la juive, puisqu’elle recevait des rabbins, envoyés de Jérusalem.
    Elle conquérait ainsi peu à peu le pouvoir alors qu’elle n’était encore qu’une maîtresse. Mais déjà elle avait changé Néron, ou plutôt avait accompagné son épanouissement, et peut-être l’avait permis.
     
    Je découvrais chez Néron une gaieté, une audace, une extravagance et même une exubérance qu’il avait jusqu’alors réfrénées.
    Dans

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