Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
s’introduire dans le palais, distraire l’empereur par les pitreries de leurs mimes.
    Les chrétiens étaient gens de secte. Pourquoi n’auraient-ils pas voulu détruire Rome par un feu purificateur ?
     
    Je n’aimais pas, chez Sénèque, cette manière de retourner les faits, les preuves, les rumeurs comme on examine l’envers d’une tunique pour s’assurer qu’elle est propre.
     
    Nous parlions ainsi, Sénèque et moi, assis dans la partie la plus haute de son jardin. Nous pouvions apercevoir la presque totalité de la ville.
    Ce n’étaient partout que chantiers.
    Des foules d’esclaves achevaient de déblayer les décombres de l’incendie, d’autres commençaient déjà à décharger les blocs venus de la région du lac d’Albe. On assurait que cette pierre poreuse résistait au feu, puisqu’elle avait surgi des entrailles de la Terre lors des éruptions volcaniques. Et Néron avait exigé qu’on l’utilisât à la place du bois pour le soubassement des maisons.
    Il voulait aussi que les rues fussent plus larges, les immeubles moins hauts, séparés par des cours intérieures, interdisant les murs mitoyens. Il avait créé un corps de surveillants afin qu’ils veillassent sur les fontaines de la ville pour que l’eau n’en fut pas détournée par les particuliers, qu’elle coulât pour tous et pût être utilisée en cas d’incendie. Il imposait des portiques au rez-de-chaussée des immeubles afin qu’on pût combattre les flammes plus facilement et qu’elles se heurtassent à la pierre.
    — Tout cela, disait Sénèque en montrant de son bras tendu les constructions qui commençaient à s’élever – celle d’un grand marché, d’un grand cirque –, est-ce d’un homme qui a mis le feu à la ville ?
    Il m’interdisait d’un geste et d’un regard de réfuter sa remarque qui commençait d’être partagée par tous ceux qui voulaient plaire à Néron ou à son entourage.
    — Je sais, je sais, reprenait-il, tu me rétorqueras que Néron veut la gloire d’avoir fondé une nouvelle ville sur le chaos de l’ancienne. Il veut, je crois, une ville qui porte son nom, comme en Orient il y a Alexandrie. Il y aura donc Néropolis. Il veut être le nouveau Romulus et le nouveau César, le nouvel Alexandre. Pourquoi pas ? Cela ne prouve pas qu’il ait décidé de mettre le feu à Rome, mais simplement qu’il utilise cet incendie pour atteindre son objectif. Est-il pour cela la Bête, le Mal, l’Antéchrist, comme disent ces chrétiens que tu écoutes ?
     
    Je me levais, montrais autour de la villa de Sénèque, sur la colline du Palatin, ces murs, ces portiques que les esclaves construisaient et qui esquissaient le nouveau palais de Néron, cette Domus aurea, cette Maison dorée qui s’étendrait au cœur de la ville ; l’empereur s’était déjà emparé du site des villas et jardins que les flammes avaient saccagés.
    Nous avions plusieurs fois aperçu le cortège de Néron qui parcourait cet espace au nord du Palatin, au sommet de la colline de la Velia. Il avait suffi de quelques semaines pour que se dresse la triple colonnade de l’entrée, décorée d’or et de pierres précieuses.
    On devinait que les bâtiments seraient immenses, que des mécanismes permettraient aux plafonds de certaines pièces de tourner pour rappeler la succession des saisons et le mouvement du monde. Certains plafonds seraient recouverts de tablettes en ivoire mobiles et percées de trous afin de permettre de répandre sur les convives des parfums et des fleurs.
    Et entre les constructions, entre les temples de Jupiter et de la Fortune qu’on commençait à rebâtir, s’étendraient des bois, des lacs, des pâturages, toute une nature qui rappellerait, en plein cœur de la ville, la quiétude des champs et des forêts.
    — Je vais enfin être logé comme un homme, avait déclaré à plusieurs reprises Néron en minaudant, et on n’avait pas su s’il se moquait ou s’il exprimait réellement son sentiment.
    Mais il voulait un portique de plus de mille pas à l’entrée duquel se dresserait sa statue colossale dont la hauteur serait celle de vingt hommes juchés sur les épaules les uns des autres. Et j’avais vu cette pyramide de corps quand, en effet, on avait porté, soulevé, installé, poli cette statue de bronze qui n’était pas de celles qui représentent et honorent un empereur, mais un dieu.
    — Le dieu du Mal, la statue de la Bête, de l’Antéchrist ! ai-je

Weitere Kostenlose Bücher