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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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que vous
choisissez d’être comme tout le monde, avec plus d’intelligence sans aucun
doute.
    — Voyez-vous, Karenberg, vous devriez comprendre que je
hais, que je hais cette société plus que vous ne le pourriez jamais, mais quoi ?
Moi, tout seul ?
    Il regardait Helena. Elle tournait des pages, la tête
obstinément baissée. Il voulait…
    — Je m’emporte, excusez-moi, disait-il seulement en
changeant de ton.
    — Vous êtes un passionné, mon cher Gustav.
    Frédéric lui prenait l’épaule.
    — Et votre concurrent, ce Negresco ? demandait-il.
    — J’inaugurerais avant lui, s’il n’avait pas ce Revelli
qui connaît son métier.
    — Revelli, drôle de personnage, disait simplement
Karenberg. Depuis que son beau-père est mort, c’est une puissance en ville.
    — Je le rencontre partout, dit Hollenstein.
    Au delà du Var, Gustav Hollenstein avait découvert des
terrains sableux, des pinèdes qui s’étendaient jusqu’en bordure de la mer. Il
avait arrêté l’automobile sur l’un des sentiers qui, partant du cap d’Antibes,
se dirigeait vers l’ouest, vers Cannes. Les îles de Lérins, au loin, des
rochers affleurant au bord du rivage, une légèreté de l’air, et la plage sur
laquelle il avait marché, du sable presque blanc. Il avait décidé d’acheter, vu
Maître Guidicelli à Antibes, rencontré des paysans qui abandonnaient facilement
des terrains improductifs parfois marécageux quand les traversait une rivière,
le Loup, la Brague. Seulement les zones les plus plates, celles du bord de mer,
où Hollenstein imaginait construire un autre Monte-Carlo, étaient déjà vendues.
    — Il y a peu de temps, disait Guidicelli. Revelli,
l’entrepreneur. Il achète. N’importe où. Dès qu’il a de l’argent, il achète de
la terre. C’est un Piémontais. Ils ne croient qu’à ce qu’ils peuvent toucher de
leurs mains ou de leurs pieds. Ne leur parlez pas d’emprunt russe, ou d’action
de chemin de fer, même s’ils sont millionnaires, le sol, la terre, c’est tout
ce qu’ils connaissent. Et têtu, je ne vous en dis rien.
    Hollenstein avait rencontré Carlo Revelli, chez le notaire. « Ce
sera inutile », avait dit Guidicelli. « Mais si vous y tenez ! »
    Carlo les avait fait attendre, ne s’excusant pas, refusant
le fauteuil que le notaire lui désignait.
    — Ce n’est pas la coutume, disait Guidicelli, mais
Monsieur Hollenstein…
    Hollenstein avait interrompu le notaire :
    — Vos travaux pour Negresco, j’ai toujours regretté que
nous n’ayons pu, vous et moi… Tout le monde me dit tant de bien de votre
entreprise, et maintenant ces terrains que j’espérais pouvoir acheter, car je
voudrais…
    — J’ai acheté, ce n’est pas pour revendre, monsieur.
    — Même à un très bon prix, disait Guidicelli, Monsieur
Hollenstein…
    — Je ne vends pas ce que j’achète. Ce n’est pas une
question de prix.
    — C’est davantage du sable que de la terre.
    — Mais je l’achète pour le sable, il en faut.
    Revelli s’était animé, s’asseyant sur le bras d’un fauteuil,
expliquant que la côte manquait de sablières, que le concassage coûtait cher,
faire venir le sable du Nord, même par chemin de fer, cela augmentait les
coûts. « C’est Forzanengo qui m’avait parlé de ces terrains, il avait
pensé à ça. Sur toute la côte, avant l’Estérel, c’est la seule zone, je fais
charger, c’est moins cher que les carrières. Je ne sais pas ce que vous voulez
en faire, mais moi, ce sable, c’est du pain pour mon entreprise, je ne peux pas
vous le vendre, même vous me donneriez de l’or. Avec de l’or je peux pas faire
du ciment ou du mortier. Le sable pour moi, c’est tout, c’est mon travail. »
     
    — Intelligent ce Revelli, disait Karenberg. Autrefois
un anarchiste, un petit voleur, tu te souviens Helena ?
    Elle fermait le livre, hochait la tête.
    — Il a toujours terrorisé ma petite sœur, je vous ai
déjà raconté cela, je crois ?
    — Mais oui, mais oui, disait Helena.
    Elle entrait dans la bibliothèque.
    — Nous partons, disait-elle.
    — Vous ne dînez pas ? demandait Peggy.
    — Nous partons.
    Gustav Hollenstein la suivait, souriait, faisait un signe de
la main, disait parfois :
    — Toute l’autocratie russe dans une baronne balte,
épouse d’un juif viennois, au revoir, Frédéric, faites rapidement la
révolution, qu’on nous libère.
    Peggy riait, embrassait Gustav, disait :
    — Je vous adore,

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