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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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interroger Merani sur la
situation à Nice.
    — Je vous disais, répondait Merani, Nice est un
marécage. Ils ne voient que la mairie, les clientèles, c’est local, toujours
local. Il y a eu quelques protestations quand on a fait l’inventaire du Petit
Séminaire, mais finalement les catholiques d’ici acceptent très bien la
séparation d’avec l’État. L’État ? Qu’est-ce que c’est ? Il y a le
maire, c’est tout. Et puis nous sommes la ville de Garibaldi, anticlérical,
s’il en fut. Quant au reste, quelques grèves, toujours les ouvriers des
tramways, c’est là qu’est le ferment. Demandez à vos indicateurs…
    Merani se servit un verre d’alcool qu’il chauffa en le faisant
tourner dans sa paume.
    — Vous connaissiez le dernier Revelli, Luigi ?
    Ritzen avait consulté son dossier, mais il attendit,
feignant l’incertitude.
    — Je crois, dit-il.
    Merani se pencha à nouveau vers Ritzen, chuchota.
    — Ma belle-mère, enfin ce n’était pas encore ma
belle-mère sinon, croyez-moi, en avait fait l’un de ses protégés, il chantait,
une voix d’ange, nous l’avons retrouvé sur le testament, malin ce petit monsieur,
il est propriétaire du Casteù.
    — Je sais, dit Ritzen, j’ai vu ça.
    Revelli, dit Gobi. Soupçonné de. Gérant d’un hôtel place
Pellegrini. Agent électoral du député Merani. Trois enquêtes ouvertes et
refermées sans conclusion.
    — Ah, vous savez, dit Merani.
    Il s’étira, raccompagna Ritzen. Ils commentèrent quelques instants
la violence de la tempête. Des galets et du sable avaient recouvert, par
places, la chaussée de la rue Saint-François-de-Paule, mais le vent était
tombé.
    — Les policiers savent tout, dit Merani après un
silence.
    — Ils oublient, répondit Ritzen, ils oublient.
21
    Vincente reculait sa chaise, bourrait sa pipe, l’allumait,
puis paraissait s’assoupir, attentif en fait, mais il sentait bien qu’il
fallait qu’il soit ainsi, présent et lointain pour que Dante commence à parler,
s’adressant seulement à sa mère, à ses sœurs ou à son frère, sans même le
regarder lui, qui les yeux mi-clos, se taisait. Et pourtant, Vincente était sûr
que Dante ne parlait que pour lui, mais s’il avait posé une question, s’il
avait rapproché sa chaise de la table, Dante se serait tu, baissant la tête,
les sourcils rapprochés, le front plissé.
    Jamais Dante n’avait été familier avec son père, mais depuis
qu’il travaillait, apprenti à la Grande Maison de l’Électricité, ils ne se parlaient
qu’à peine et ils ne s’embrassaient plus. Il n’y avait eu aucun éclat, aucune
décision de l’un ou de l’autre, leurs rapports s’étaient transformés sans
qu’ils sachent comment et pourquoi.
    Lisa, le soir, chuchotait pour que, Antoine et Violette qui
dormaient dans leur chambre n’entendent pas, elle disait à Vincente : « Il
ne veut rien pour lui, il me donne tout, mais je lui mets de côté pour quand il
partira soldat, je prends si j’ai besoin, je veux pas de crédit chez Millo,
mais je remets. » Elle avait gardé l’habitude, avant de s’endormir, de
venir contre Vincente, il lui ouvrait son bras pour qu’elle y pose la tête et
il lui semblait qu’ils étaient toujours les mêmes jeunes gens, guettant les
bruits. Maintenant c’était la toux de Violette. Lisa disait : « attends »,
elle se levait. Vincente distinguait sa silhouette, ses formes devenues lourdes
qu’enveloppait la longue et large chemise de nuit, elle se penchait sur le lit
de Violette, placé contre le mur de la chambre, à l’opposé de leur lit, elle
revenait, poussait un soupir de fatigue et d’inquiétude en se couchant, se rapprochait
à nouveau de Vincente, murmurait comme pour elle-même : « Elle s’est
encore découverte. » Parfois c’était Antoine, qu’un cauchemar réveillait,
qui se dressait sur son lit, qui criait : « Maman. » Vincente se
tournait sur le côté, le sommeil entourant son corps d’une chaleur cotonneuse,
mais Lisa se levait encore et souvent elle revenait avec Antoine dans ses bras,
le couchant entre eux, Antoine riant, soulevant de coups de pied les
couvertures, Lisa le sermonnant, répétant : « que tu es nerveux ».
Vincente sans bouger disait : « Qu’est-ce que tu fais là, tu veux… »
Antoine s’immobilisait, sans doute se blottissait-il contre sa mère dont
Vincente entendait les murmures, les « chut » qu’elle soufflait à son
fils.
    Le matin, les

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