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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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depuis quelques semaines. Je n’avais pas pris la peine de réagir. Les gars de l’équipe commençaient aussi à nous montrer du doigt, JJ et moi, me donnaient des coups de coude quand elle n’était pas là. Je m’en tenais à la vérité, à savoir que j’étais à la limite. Je disais :
    — Mec, même si je pouvais la mettre au garde-à-vous, et je ne peux pas (probablement à cause de mon problème d’Hydroxycut), je n’aurais pas l’énergie de m’en servir.
    Cependant, c’était la première fois que Gwen abordait le sujet de front. Je m’efforçai de ne pas relever. Quand elle ressortit de la salle de bains, je dis :
    — Écoute, si tu préfères, je mettrai une chemise à manches longues, OK ?
    — Comme tu veux, Jay.
    Ouais, comme tu veux.
    J’allai dans la salle de bains et trouvai quatre Hydroxycut dans un jean suspendu au porte-serviette. Je les avalai avec le Red Bull.
    Le barbecue se déroulait non loin de chez nous. La famille qui nous recevait avait un fils du même âge que Jack, qui jouait dans la même équipe de baseball que lui. Le père possédait une entreprise de bâtiment et la mère était représentante en produits pharmaceutiques. Ils avaient un autre fils de deux ans plus âgé que Jack. Lorsqu’on allait à l’église, on les y retrouvait. C’était une famille bien.
    On monta en voiture. Gwen conduisit. On demeura silencieux. Je n’avais pas envie d’aller à une fête sans motards. Je n’avais pas envie de bavarder de sport, de crédit immobilier, d’agrandissement de maison ou des projets de vacances des enfants, parce que je n’avais aucun projet de ce côté-là. Je n’avais pas envie de me calmer ni de me détendre. J’avais envie de laisser les fers au feu. Tandis que nous roulions dans le crépuscule magnifique de Tucson, sous un ciel rayé de roses, de violets, de bleus et de verts, ma tension augmenta. Mes jambes tremblaient, j’avais envie d’une cigarette mais je ne pouvais pas fumer en présence de Gwen. J’étais privé de ma détente… une soirée entre petits-bourgeois de banlieue n’avait rien à voir avec une fête de Hells Angels. Mon esprit revint sur ce que je m’étais efforcé de chasser de mes pensées.
    L’opération m’habitait complètement. Je pensai à ce que je dirais à Slats, à la façon dont je lui présenterais les choses, me souvins que quelques-uns des membres de l’équipe m’avaient pris à part et dit que, selon eux, tenter de devenir membre des Hells Angels était une bonne idée. Lorsqu’ils agissaient ainsi, je me mettais en colère.
    — Ouais, c’est formidable, mais j’ai pas besoin que tu me le dises en confidence. Je sais que c’est une bonne idée. J’ai besoin que tu le répètes à Slats.
    Une question innocente de Gwen interrompit le cours de mes pensées :
    — Ils te demanderont ce que tu penses de l’équipe des garçons cette saison.
    — Quoi ? Quelle équipe ?
    — L’équipe de baseball.
    — Ah, oui. Bon.
    — Fais le mieux possible, OK ?
    — Oui. D’accord.
    On arriva et on entra. La réception aurait aussi bien pu se dérouler sur la lune. Un type m’offrit un verre que je vidai rapidement. J’eus l’impression que c’était un Margarita sans sel, enfin peut-être. Nous étions partis chacun de notre côté, Gwen et moi, et je trouvai une bière. Je décidai de m’en tenir à ça. Avant l’opération, je ne savais pas boire, mais depuis j’étais devenu très performant, capable de tenir tête aux meilleurs et, même si j’avais envie de picoler jusqu’au moment où je m’endormirais, je savais qu’il ne fallait pas. J’y allai mollo.
    Je déconnai avec les enfants. C’était facile. Ils jouaient dans la piscine et me demandaient sans cesse de les jeter dans l’eau. Je ne tardai pas à accepter. Je posai ma bière, remontai partiellement mes manches et les lançai dans l’eau. Ils adoraient. Moi aussi.
    La femme qui recevait me rejoignit avec deux verres, un plein et l’autre à moitié vide. Elle me tendit celui qui était plein. Elle portait un pantalon rose coupé aux genoux, un ample pull vert clair et de longues boucles d’oreilles en turquoise. Son sourire hurlait : hôtesse. Je pris le verre qu’elle me proposa et en bus la moitié. Elle regarda mes bras et, gêné, je tirai les manches de ma chemise sur mes poignets. Il y avait des mois que je ne m’étais pas senti aussi vulnérable.
    Elle ne parla pas des tatouages, mais je vis bien

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