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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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qu’elle en brûlait d’envie. Elle me demanda comment j’allais et si je pensais que l’équipe des garçons serait bonne cette année. Elle ajouta que je devais travailler très dur, ces derniers temps, parce qu’elle ne me voyait pratiquement jamais. Je ne lui posai pas la question, mais elle m’informa que Gwen semblait tenir le coup. Ma contribution à cette conversation fut minime. Si j’avais pu m’en tirer par des grognements, je l’aurais fait.
    Elle n’était ni cruelle ni ignorante, mais elle insista. Sans doute était-elle simplement curieuse. Je devais avoir l’air d’un phénomène de foire, dans cette réception. J’étais très tendu et mes vêtements dévoilaient des tatouages frais. En plus, j’étais le seul homme à porter un bouc natté de quinze centimètres.
    Je n’avais qu’une idée en tête : sans cette soirée j’aurais pu être avec les gars. Pas seulement Timmy, Pops et JJ, mais aussi Smitty, Dennis, Bob, Joby… tous. Je ne les appréciais pas davantage, mais en leur compagnie je me sentais à ma place.
    J’eus envie de dire à cette mère convenable : « Écoutez, madame, ce que vous racontez, ce n’est pas que j’en ai rien à foutre, mais j’en ai rien à foutre. À plus. »
    Cependant je ne bougeai pas, fixai ses boucles d’oreilles et avalai ma potion.
    Elle était amère.

30
 
LE MEURTRE DE HOOVER
    Fin mars 2003
    Le 29 mars, il nous fallut assister à un enterrement. Daniel « Hoover » Seybert, avait été tué d’une balle en plein front le 22.
    Il avait été abattu sur le parking du Bridgette’s Last Laugh, un bar de Phoenix, parmi ses frères qui ne s’aperçurent de rien, ce qui était à la fois bien pratique et ridicule. D’après les témoins – tous des Hells Angels –, Hoover, qui venait de lancer le moteur de sa moto, s’était soudain effondré sur le guidon. La balle n’était pas ressortie. Ils n’avaient pas entendu le coup de feu. Plusieurs affirmèrent avoir cru à une crise cardiaque jusqu’au moment où ils avaient vu la plaie de son front. D’autres déclarèrent qu’il avait été touché par un tireur embusqué armé d’un fusil de gros calibre… et étaient convaincus qu’il s’agissait d’un Mongol.
    Nous avions des doutes. Le médecin légiste conclut qu’il avait été tué par une arme de petit calibre utilisée à faible distance. On apprit plus tard que Sonny avait prétendu qu’il aurait mieux valu, pour son club bien-aimé, que ce soit lui qui se retrouve dans le cercueil. Amis et adversaires vénéraient et respectaient Hoover aux États-Unis comme à l’étranger… C’était le successeur désigné de Sonny et il était parfaitement préparé à cette tâche. Sa mort plongea le club dans la stupeur et hissa sa paranoïa vers de nouveaux sommets.
    Le meurtre de Hoover n’est toujours pas éclairci. La nature de la plaie, les réactions des Angels ainsi que l’absence de douille sur le parking, tout laisse supposer que le coupable est l’un d’entre eux. À cette époque, les tensions étaient intenses au sein des Hells Angels, notamment à propos de la direction que prenait le club et de ce qu’il symboliserait dans la suite de son équipée sauvage dans l’histoire culturelle de l’Amérique. Le conflit entre Bad Bob et Cal Schaefer sur la drogue et la fréquence des fêtes autorisées par le club était une bonne image de ce à quoi les Hells Angels dans leur ensemble étaient confrontés. En général, les jeunes estimaient qu’ils avaient rejoint les Hells Angels pour foutre le bordel, faire ce qu’ils avaient envie de faire quand ils le souhaitaient, et non pour qu’on le leur interdise. Les anciens quant à eux, qui avaient vécu cette existence libre et sauvage pendant des décennies, préféraient s’endormir sur leurs lauriers et faire leur possible pour éviter d’attirer l’attention des forces de l’ordre. Ils se satisfaisaient de leur statut de roitelets vieillissants et de vendre des T-shirts lors des rassemblements de motards. Ironiquement, Sonny Barger, autrefois un des Angels les plus durs et les plus intransigeants, incarnait la position de la vieille école.
    D’après nous, l’assassinat de Hoover était un message destiné à ceux qui voulaient entraîner le club sur la voie de la facilité. Hoover, après tout, était un grand ami de Sonny. Les deux hommes étaient copropriétaires de Sonny Barger’s Motorcycle Shop et se respectaient beaucoup.

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