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No Angel

Titel: No Angel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jay Dobyns
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ne retire rien aux Solos, tu le sais. C’était une idée formidable et elle a marché. Merde, ton idée était trop bonne. On ne croyait ni l’un ni l’autre que les Angels nous mettraient sous pression de cette façon. Personne n’aurait pu prédire ce à quoi nous sommes confrontés.
    J’empochai trois billes et manquai un tir facile dans un coin. Slats avait encore deux billes, puis la huit. Il garda le silence. Satisfait d’avoir accompli sa tâche, Dan buvait tranquillement une bière en faisant les mots croisés d ’USA Today. Slats fit passer sa bille entre la bande et l’une des miennes. La blanche s’aligna en prévision du coup suivant, facile, dans une poche latérale. La huit était contre la bande, entre deux poches de coin. Slats donna beaucoup d’effet à la blanche qui projeta sa dernière bille dans la poche latérale. Après le contact, la bille de choc traversa la moitié de la table selon une trajectoire courbe puis s’arrêta à quinze centimètre de la verte, qu’il serait ensuite facile d’empocher.
    — Poche de coin.
    Il montra la cible de l’extrémité de sa queue. Il se pencha, fit quelques essais puis tira. Il frappa trop fort. La huit heurta les bandes à plusieurs reprises et s’immobilisa au bord de la poche.
    — Merde.
    Tandis que j’empochais le reste de mes billes, Slats dit :
    — D’accord. On va essayer. Tu sais que je n’ignore rien des avantages qu’on peut tirer, sur le plan de l’accusation, de la poursuite de l’opération.
    Bien entendu, je le savais. Il avait passé l’examen d’admission en faculté de droit, à une période où sa carrière piétinait, pour le plaisir – sans réviser, sans professeur –, et il s’était classé parmi les meilleurs. C’était Rain Man avec un flingue. Il pouvait citer les incidents, les adresses, les suspects et les procédures de mémoire… et ne se trompait jamais. Je l’avais vu jouer simultanément cinq mains de craps, gagner, puis faire remarquer au croupier que le calcul des gains était faux. Même quand nous n’étions pas d’accord, je faisais confiance à son savoir et à son intelligence.
    Il poursuivit :
    — Mais si j’ai l’impression que ça commence à sentir mauvais, c’est fini. Si tu fais un truc dingue, c’est fini. S’ils veulent que tu fasses un truc dingue, c’est fini. Si j’ai mal au dos, un matin, en me réveillant, si mes pieds me font souffrir et si le Pepto marche pas, c’est fini. Pigé ?
    — Pigé.
    Slats contrôlait toujours la situation. J’empochai la huit avec autorité, juste pour l’énerver.
    — Bien.
    Il cria à Dan d’aller chercher un autre pichet, le cinquième. Penché sur son journal, Dan leva la tête, acquiesça puis se dirigea vers le bar.
    Slats se tourna vers moi.
    — Jouons encore un peu. Pour voir si tu peux gagner une partie de plus.
    On joua le temps de boire deux pichets supplémentaires. Gagner ? On était plutôt saouls, mais je ne me souviens pas avoir empoché une seule autre huit avant la fin de la soirée.

31
 
ADIEU SOLOS
    Avril 2003
     
    Le chapitre se réunit le 3 avril au motel Super 8 de Prescott. Skull Valley avait un clubhouse mais, pour une raison que j’ignorais, nous ne pouvions l’utiliser. On retrouva Joby, puis on alla au motel.
    On rejoignit la chambre, qui était à l’étage. L’ Arizona Republic se trouvait sur le seuil, dans un emballage en plastique.
    Joby frappa trois fois, laissa passer quelques secondes, puis frappa une fois. La chaîne fut détachée et les verrous tournèrent. La porte s’ouvrit. Rudy Jaime, le camé de petite taille aux nombreux piercings, se tenait dans la pénombre de l’entrée, un vague sourire aux lèvres. Il hocha la tête et dit à Joby d’entrer.
    Joby se tourna vers nous et nous adressa un signe de la tête. Il entra. La porte fut fermée, les verrous tournèrent et la chaîne fut remise en place.
    Immobiles, en cercle, on se regarda, Timmy, Pops et moi. Pops plissa le front puis haussa les épaules. Comme Timmy, je restai impassible. Rudy nous surveillait sûrement par le judas.
    Vingt minutes dans un couloir de motel : une éternité. On ne pouvait aller nulle part, on ne pouvait pas fumer, on ne pouvait pas parler. Le plafond était bas et le couloir sentait le Febreze. On s’adossa au mur quand trois femmes de chambre passèrent. Elles venaient du sud de la frontière. Pops dit hola. Elles rirent et marmonnèrent hola.
    Nous l’ignorions, mais

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